Les travaux initialement prévus à la BPI mais reportés suite à la crise sanitaire, il a fallu concevoir une programmation en peu de temps.
L’urgence dans laquelle s’est faite l’exposition monographique « La vie en dessin » de Catherine Meurisse, première dessinatrice de BD nommée à l’Académie des beaux-arts, ne s’en ressent pas. Il faut dire que l’événement reprend dans ses grandes lignes, avec une scénographie modifiée et une section enrichie de pièces originales toutes récentes, l’exposition consacrée à cette auteure lors du Festival d’Angoulême 2020, imaginée par le duo Jean-Pierre Mercier/Anne-Claire Norot. Élaborée cette fois par un quatuor (les deux d’Angoulême accompagnés par Isabelle Bastian-Dupleix et Caroline Raynaud, commissaires liées à la BPI), cette exposition chrono-thématique, regroupant plus de 200 pièces, dont 185 originaux, met parfaitement à l’honneur Catherine Meurisse, à la fois dessinatrice, caricaturiste, illustratrice, scénariste et reporter. Si son aventure à Charlie Hebdo de 2005 à 2015 est le centre névralgique du parcours, le circuit déroulant quatre axes, de ses débuts à son séjour en 2018 à la Villa Kujoyama via ses influences, montre bien que, à côté de ses dessins satiriques manifestant un œil acéré sur la société, cette artiste attachante, flirtant de plus en plus avec la veine autobiographique, dialogue également avec la nature, la littérature et l’art – sa région natale des Deux-Sèvres, le pont des Arts, Modiano et Delacroix sont particulièrement convoqués ! –, utilisant désormais la BD pour questionner son rapport au monde. Seul bémol, il n’y a pas de catalogue pour prolonger le plaisir pris à visiter cette expo resserrée, bien construite et ouvrant des horizons fort variés.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°738 du 1 novembre 2020, avec le titre suivant : Catherine Meurisse sur le pont… des Arts