Élection à l’Académie des beaux-arts au fauteuil occupé précédemment par Arnaud d’Hauterives dans la section peinture, rétrospective au Festival de la bande dessinée d’Angoulême : les deux premiers mois de l’année 2020 montrent combien Catherine Meurisse n’a jamais suivi d’itinéraire préétabli, mais que la dessinatrice a suivi des chemins de traverse.
Si elle n’avait pas été approchée par l’historien de l’art et romancier Adrien Goetz pour candidater à l’Académie des beaux-arts, elle n’y aurait pas pensé. Si elle n’avait pas été repérée par les dessinateurs de Charlie Hebdo lors d’un concours de dessin de presse, elle n’aurait pas davantage intégré l’équipe du journal satirique à peine sortie des Arts décoratifs de Paris. Elle qui, étudiante, rêvait d’illustrer des livres à l’instar de Gustave Doré et de Grandville s’est donc retrouvée à développer sa propre écriture dans le dessin de presse.
Aux côtés de Cabu, Wolinski, Charb, Luz, Honoré, Tignous et Willem, cette grande timide, « débordée au début par leurs vannes et leurs réparties folles », leur renvoie la balle avec ses dessins burlesques mordants et sans complexes. Seule fille au départ, et plus jeune crayon de l’équipe, les questions de sexisme et de parité comptent parmi ses sujets de prédilection. « Je ne suis toutefois pas très à l’aise avec le dessin politique », précise-t-elle rétrospectivement. « Je le faisais car il fallait le faire, mais je préférais inventer des gags absurdes. » Une appétence pour le burlesque que l’on retrouve dans ses ouvrages, par exemple Moderne Olympia réalisé pour le Musée d’Orsay en 2014.
« J’aimerais bien retrouver ce ton de comédie pure et dure », confie Catherine Meurisse cinq ans après la « fracture totale » que causa en elle l’attentat contre Charlie Hebdo et sa décision de ne plus faire de dessin de presse. « Cette audace reviendra, mais je prends mon temps. » Associées au traumatisme du 7 janvier, les deux BD autobiographiques qui ont suivi, La Légèreté et Les Grands Espaces, l’ont vue se dessiner pour la première fois et se raconter au travers d’un dessin d’une grande douceur. Ces deux albums aux tonalités pastel l’ont vue aussi convoquer à nouveau ses attachements à la littérature, à l’art et aux musées, et ont permis de faire émerger un personnage auquel elle s’est, sous ses traits, « attachée ». « C’est une voie que j’ai envie d’explorer mais dissociée de ce qui s’est passé en 2015 et de moi. »
Delacroix raconté par Alexandre Dumas, son dernier ouvrage paru à l’automne 2019, lui a redonné quant à lui le goût de peindre à la gouache et à l’encre sur une table à dessin. Il rappelle que ses fondamentaux artistiques et littéraires puisent depuis l’adolescence dans le XIXe et le début du XXe siècle. Mais pas que, précise-t-elle en citant Cy Twombly, Louise Bourgeois et Rothko. L’ampleur du geste, la sensualité de la couleur vive témoignent quoi qu’il en soit de cette attitude nouvelle, bien résolue aujourd’hui à réveiller l’humour, l’audace des années Charlie. Mais autrement.
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Catherine Meurisse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : Catherine Meurisse