VENISE / ITALIE
VENISE (ITALIE) [03.06.13] - Autre envoyé spécial, autre point de vue. Pour Frédéric Bonnet, un vent nouveau souffle sur cette édition, avec une exposition internationale réussie et quelques événements attractifs.
Voilà longtemps qu’était attendue une Biennale de Venise globalement satisfaisante. Après une bien longue série de propositions très moyennes et/ou décevantes – hormis l’édition 2009 organisée par Daniel Birnbaum, conceptuellement exigeante et assez injustement mal comprise –, la 55e édition est de celles-là.
En s’intéressant aux savoirs et à leur inscription dans le monde, à la manière qu’ont les artistes de se les approprier en en archivant les images, en en organisant la lecture, en en enregistrant les évolutions, Massimiliano Gioni est parvenu à délivrer une exposition internationale précise et bien accrochée où sur les deux sites de l’Arsenal et du Pavillon international des Giardini se côtoient des propositions abordant rationalisme et spirituel, naturel et artificiel, réception et transmission, archivage à visée personnelle et déploiement à destination du plus grand nombre… Le tout sans se satisfaire des gimmicks ou fétiches de la mode et du marché, mais en réservant aussi de belles surprises et des découvertes, notamment d’artistes asiatiques ou africains.
Tandis que le Lion d’or du Meilleur artiste de ce « Palais encyclopédique » est allé à Tino Sehgal pour une performance jouée dans une salle du Pavillon international, relative à la transmission du savoir entre des personnes de différentes générations, le Lion d’argent est allé à la Française Camille Henrot ; un choix curieux tant son film Grosse fatigue (2013), concocté pour l’occasion, est apparu comme une œuvre au mieux opportuniste et au pire racoleuse. Sur une bonne musique genre R&B, impeccable pour accrocher le spectateur, se déployaient en se juxtaposant des images remarquablement lisses et calibrées, relatives à l’enregistrement et la diffusion de la connaissance et de l’information, par voie électronique notamment. Le tout reste plat, en cherchant absolument à coller au mieux à la thématique de l’exposition avec un produit parfait.
Avec 88 participations nationales – dont le Lion d’or est revenu au pavillon angolais explorant à travers l’œil photographique d’Edson Chagas les contradictions et tiraillements entre objets et espaces de sa capitale, Luanda –, et plus d’une cinquantaine « d’événements collatéraux » – soit autant d’expositions plus ou moins pertinentes réparties en ville –, Venise a une fois de plus fait le plein.
De plus en plus la Biennale agit comme un aimant et tout le monde veut en être, qui pour voir, qui pour espérer accrocher un peu d’attention, sans forcément beaucoup de succès tant il y a embouteillage. En ville vaut le détour la nouvelle édition du « Future Generation Art Prize » organisé par le Pinchuk Art Centre. Si la sélection n’y apparaît pas franchement prospective, tant elle surfe sur la branchitude et les succès repérés au cours des derniers grands événements internationaux, elle permet néanmoins de confirmer quelques pistes à suivre comme celles d’Ahmet Ogüt, de Rayyane Tabet, de Lynette Yiadom-Boakye ou d’Aurélien Froment.
Surtout, la Fondazione Prada a frappé fort et intelligemment en proposant un véritable « remake » de la mythique exposition « Quand les attitudes deviennent forme », organisée par Harald Szeemann à la Kunsthalle de Berne en 1969… permettant ainsi de diffuser ce « savoir » inconnu du plus grand nombre hors quelques images.
LE PALAIS ENCYCLOPÉDIQUE. 55e EXPOSITION INTERNATIONALE D’ART, Venise, jusqu’au 24 novembre.
Le point de vue d'Alain Quemin
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Une Biennale de Venise rafraîchissante
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Abonnez-vous dès 1 €Massimiliano Gioni - Directeur artistique de la 55e Exposition Internationale - 2013 - Photo Francesco Galli / Courtesy La Biennale de Venise