PARIS [17.09.15] - La commission Culture de l’Assemblée nationale a commencé hier l’examen du projet de loi création et patrimoine. 17 articles ont été votés dont l’article 3 qui conditionne la nomination des directeurs de structures labellisées à l’agrément de l’Etat. Une mesure très jacobine.
Alors que l’article 1 du projet de loi Création et Patrimoine, en cours d’examen par le Parlement affirme fièrement « La création artistique est libre », l’article 3 est en revanche un bel exemple de jacobinisme liberticide. L’Etat veut en effet dorénavant agréer le choix des directeurs des structures labellisées qu’il subventionne. Cela concerne en premier lieu le spectacle vivant avec ses 289 scènes nationales (SN) ou 92 scènes de musiques actuelles (SMAC) mais aussi la quarantaine de centres d’art. Officiellement il s’agit, c’est inscrit dans la loi, de « concourir à une représentation paritaire des femmes et des hommes ». Il s’agit aussi, mais cette intention ne figure que dans l’exposé des motifs, de rajeunir les directeurs.
Cela est louable dans les intentions mais rétrograde et hypocrite dans la démarche. Rétrograde, car la gauche qui est pourtant moteur dans la décentralisation signe ici un texte centralisateur. Fait-elle à ce point si peu confiance aux élus locaux pour choisir les dirigeants de ces structures ? Pourquoi légiférer quand le contrat qui les lie confère à l’Etat des moyens d’action, par exemple en supprimant la subvention ? Et puis dans la pratique, comment va s’organiser la parité et le renouvellement des générations au niveau national ? On risque d’arriver à d’étranges situations. Un directeur de 55 ans d’une scène nationale dans le Nord sera écarté, car les statistiques obligent à nommer une femme de 30 ans dans le Sud ? (ou l’inverse).
Hypocrite car l’Etat ne respecte pas les règles qu’il veut imposer aux autres. Jetons simplement un coup d’œil sur les dernières nominations de son ressort et qui font l’actualité de ce numéro ; Serge Lasvignes au Centre Pompidou est âgé de 61 ans et Jean Marc Bustamante aux Beaux-Arts de Paris de 63 ans. On ne voit pas d’autres raisons que leur compétence unique pour justifier une dérogation à la volonté de parité / renouvellement. A l’inverse, quand l’Etat veut imposer Hilde Teerlinck, une jeune femme de 49 ans à la tête de l’école de Bourges, il doit faire machine arrière devant l’hostilité de son personnel. Voyons ce qu’en pense le Parlement.
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L’Etat veut s’imposer dans la nomination des directeurs de centre d’art
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Abonnez-vous dès 1 €Le palais Bourbon vue du quai Anatole-France © Photo Mbzt - 2011 - Licence CC BY-SA 3.0