ARLES
À l’image de la programmation foisonnante de la 50e édition, le festival ne cesse de tisser son réseau en France comme dans le monde entier.
Arles. Les Rencontres de la photographie d’Arles célèbrent cette année leurs 50 ans avec pas moins de 51 expositions, ce uniquement dans le programme officiel. En 2020, le festival reviendra à sa configuration habituelle, soit 30 à 35 expositions. « Pas question de faire moins », réplique Sam Stourdzé quand on évoque l’incapacité des visiteurs de tout voir. Depuis son arrivée à la direction de l’événement en 2014, la qualité de certaines expositions allonge en effet le temps de visite. Cette année ne déroge pas avec, au programme, Helen Levitt, la « photo brute » ou Variétés, revue d’avant-garde. « Nous savons que notre public voit en moyenne dix expositions et que le séjour est de trois jours et demi, explique-t-il. Une approche purement comptable pourrait nous inciter à nous limiter à 10 ou 12 expositions. Sauf que nous n’avons pas un public mais des publics. Chacun ne fait pas les mêmes dix expositions. En proposer une trentaine permet de satisfaire autant les spécialistes que les béotiens. » Les Rencontres assument leur identité de festival généraliste. « Elles l’ont toujours été et le demeurent », souligne Françoise Denoyelle, auteure d’Arles, les Rencontres de la photographie, une histoire française (coéd. Art Book Magazine/Les Rencontres de la photographie, 2019).
« Dans les années 1970, ce n’était toutefois pas la dizaine d’expositions qui comptaient mais les projections. Le succès d’Arles, c’était elles. Le basculement s’est opéré avec [l’arrivée de] François Hebél [à la direction] », rappelle l’historienne. Non sans succès. La notoriété du festival ne fait que s’accroître, tant auprès du public que des professionnels qui s’y retrouvent lors de la semaine d’ouverture. Elle s’incarne dans divers indicateurs. Arles est devenu plus que jamais le lieu où il faut être et être vu, que l’on soit conservateur, commissaire d’exposition, galeriste… Les anciennes fonctions de Sam Stourdzé à la direction du musée de l’Élysée (Lausanne) ont permis un partenariat inédit avec Pro Helvetia, fondation suisse pour la culture assurant chaque année une belle vitrine à la création helvétique. Les entreprises de luxe regardent quant à elles de plus en plus attentivement le festival, de Christian Dior Parfums à Kering qui vient de remettre à Susan Meiselas le tout premier prix « Women in Motion pour la photographie ».
C’est toutefois de la billetterie que proviennent ses revenus (40 % des 7,2 millions de budget). « Hébel mais surtout Stourdzé ont compris que la liberté dépendait du fait d’avoir la main sur ses financements », relève Françoise Denoyelle.
L’extension du festival tant sur le plan régional et national qu’international est une autre évolution marquante. Le lancement du Grand Arles Express il y a trois ans a étendu la programmation hors les murs à Marseille, Nîmes, Toulon, Avignon ou Port-de-Bouc. L’Institut pour la photographie, dont la création a été soufflée au président des Hauts-de-France par Sam Stourdzé, exposera cet été à Arles, tandis que les Rencontres ont des projets pour Lille. Par ailleurs, un tiers des expositions du festival circulent à l’international, dans des musées, et l’expertise des Rencontres a été sollicitée pour cofonder en 2015 le festival « Jimei x Arles » à Xiamen, en Chine, et organiser depuis 2018 le « Venezia Photo » axé sur la formation photo au travers des workshops.
Mais les Rencontres ne peuvent se dissocier du contexte local. Aux activités à l’année programmées par l’association du Méjan (créée par Jean-Paul Capitani et Françoise Nyssen) se sont adjointes celles de Luma Arles (Maja Hoffman), mais aussi de la Fondation Vincent Van Gogh et bientôt de la Fondation Lee Ufan. Si chacun préserve son périmètre, Sam Stourdzé a proposé à Maja Hoffman et son équipe d’organiser ensemble la fête de clôture de la semaine d’ouverture des Rencontres au parc des Ateliers. La perte de cet espace d’exposition et les tensions diverses qu’elle a provoquées entre les deux institutions appartiennent au passé. Le flop l’été dernier auprès du public de la rétrospective « Gilbert & George » a rappelé à Luma Arles que son succès et ses finances dépendent aussi de l’attractivité des Rencontres.
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Les Rencontres d’Arles rayonnent
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°527 du 5 juillet 2019, avec le titre suivant : Les Rencontres d’Arles rayonnent