ARLES
L’arrivée de Sam Stourdzé à la direction et d’Hubert Védrine à la présidence des Rencontres photographiques d’Arles, annonçait une nouvelle formule. Elle a été présentée le 16 avril. La manifestation qui se veut un observatoire de la photo a réduit le nombre d’expositions qui seront dorénavant toutes dotées d’un commissaire artistique. Les coproductions sont aussi plus nombreuses.
ARLES - Dans son projet de candidature à la direction des Rencontres d’Arles, Sam Stourdzé avait mis en premier objectif le renforcement du contenu de sa programmation. Un an après sa nomination, l’ancien directeur du Musée de l’Élysée à Lausanne tient ses promesses avec une première grille pensée, structurée au cordeau et revue, développée dans plusieurs domaines en particulier dans la partie curatoriale. Pas une exposition qui ne dispose d’un ou deux jeunes commissaires ou commissaires confirmés, familiers ou non d’Arles. Font ainsi leur « entrée » : Simon Baker, conservateur et responsable photo à la Tate Modern, ici auteur d’une promenade dans les œuvres de la photographie japonaise ; Christine Barthe, responsable de la photographie au Musée du Quai Branly, cosignataire avec Xavier Barral de l’exposition autour des photographies en Terre de Feu du missionnaire Martin Gusinde. On peut aussi citer dans le Prix Découverte Claire Jacquet, directrice du Frac Aquitaine et Fannie Escoulen, commissaire indépendante, à la candidature pour la direction des Rencontres remarquée l’an dernier.
Nouvelle identité visuelle
« Pendant des années, les Rencontres d’Arles ont été le festival des photographes, il devient également le festival des approches curatoriales », a précisé Sam Stourdzé Rue de Valois en présence de Fleur Pellerin, Hervé Schiavetti maire d’Arles, Hubert Védrine nouveau président des Rencontres et devant ceux qui œuvrent à sa réalisation chaque année, y compris ceux qui ont officié à sa présidence et direction jusqu’en septembre dernier. Mais si la présence de l’ancien président Jean-Noël Jeanneney et de l’ancien directeur François Hébel a symbolisé l’apaisement retrouvé et la volonté de Sam Stourdzé de ne pas s’inscrire dans une rupture avec ses prédécesseurs, l’édition 2015 rompt avec certaines habitudes. Ainsi la nouvelle identité visuelle du festival conçue par ABM Studio est marquée par la fin du bestiaire de Michel Bouvet et le retour de la photographie pour l’affiche générique. De son côté, l’esprit de la programmation, sa structure, son contenu et l’articulation des expositions entre elles portent l’empreinte des cinq années passées par Sam Stourdzé à la direction du Musée de l’Élysée à Lausanne et celle de son parcours de commissaire indépendant, entamé dès 1996 avec la création de NBC Photographies et NBC Éditions.
Sam Stourdzé se positionne « en chef d’orchestre » officiant à la direction artistique et parfois à quelques expositions, telle celle de François Bouët sur les vendeurs du Bon Coin ou celle consacrée à Abbas Kiarostami, là codirigée avec Marin Karmitz. « Le festival doit être un observatoire de la photographie, une caisse de résonance des pratiques et des interdisciplinarités », dit-il. Pour ce faire, au menu de la 46e édition, une organisation rigoureuse de la programmation par séquences (photographie et architecture, cinéma ou musique cette année) et rubriques (collections ou relecture de l’histoire de la photographie par exemple), mais aussi moins d’expositions : trente-cinq, contre une cinquantaine auparavant de qualité très inégale.
L’autre mouvement de fond concerne les coproductions plus nombreuses, mais surtout organisées en amont. Telles la première rétrospective européenne Stephen Shore coproduite avec la fondation Mapfre et présentée en septembre dernier à Madrid, ou le nouveau regard porté sur le travail imprimé de Walker Evans coproduite avec la Fondation A Stitching à Bruxelles, ou encore l’exposition Toon Michiels montée de concert avec le Fotomuseum de Rotterdam et celle sur les archives photo de Robert Venturi et Denise Scott Brown avec le museum im Bellpark à Kriens (Suisse). Si dans ce mouvement, un élargissement des partenariats est notable, la coproduction avec des institutions parisiennes ou régionales brille par son absence. « Ce sera pour l’année prochaine », répond Sam Stourdzé. « Des contacts ont été pris notamment avec la cinémathèque, la Bibliothèque nationale de France et le Carré d’art de Nîmes ».
Place aux partenariats et aux livres photo
Pour l’heure, les Rencontres ont renoué le dialogue avec les acteurs locaux. Avec l’École nationale supérieure de photographie, le festival met en place un programme de résidence qui chaque année fera venir un artiste ou un commissaire d’exposition. Du côté du Musée Réattu, qui présente cet été cinquante années de collections photo de l’institution entamées avec celles des Rencontres sous l’impulsion de Lucien Clergue et Jean-Maurice Rouquette, un partenariat a été relancé. « Je réactive la collection des Rencontres que viendra alimenter des pièces à venir créées dans le cadre de production », précise Sam Stourdzé. Les relations avec la Fondation Luma, producteur de l’exposition Tony Oursler, sont quant à elle à nouveau au beau fixe. La mise à disposition cette année de la quasi totalité des Ateliers entièrement rénovés l’illustre, et le lancement du Luma Rencontre Dummy Book Award Arles 2015, nouveau prix dédié à maquette de livre doté de 25 000 euros également. Ajoutés au Prix découverte financé entièrement par la fondation depuis 2002 et à l’accroissement de la participation de Luma au budget de 6,4 millions d’euros des Rencontres, ces gestes et ces nouvelles initiatives marquent l’implication accrue de Maja Hoffmann et de sa fondation dans le volet création contemporaine du festival. La partie consacrée aux livres photo prend à cet égard de l’ampleur avec un accent particulier mis sur les nouvelles pratiques éditoriales. Organisé jusqu’à présent dans le off, la plateforme Cosmos-Arles Book gérée par le photographe Olivier Cablat et le libraire du Bal, Sébastien Hau, intègre le in.
L’entrée de nouveaux mécènes (Amanasalto, Parmigiani-Fleurier, Confédération Suisse, YellowKorner) et la montée en puissance d’Olympus montrent enfin la capacité de Sam Stourdzé à rebondir suite après le départ de SFR, contributeur à 300 000 euros du budget soit près de la moitié de la subvention du ministère de la Culture. À la différence de François Hébel lors de son retour à la tête des Rencontres d’Arles en 2001, Sam Stourdzé hérite lui d’un bilan financier 2014 légèrement bénéficiaire et profite de ses relations nouées lors de sa période helvétique.
L’organisation de la Nuit de l’année (soirée de projections ouverte à tous) dans la friche industrielle des anciennes papeteries Étienne révélera pour sa part le nouveau lieu où les Rencontres devraient en 2016 transférer ses expositions organisées au Parc des ateliers. Il reste que les soirées de projections, elles aussi entièrement revues, demeurent encore entièrement concentrées sur la semaine d’ouverture et que la grille tarifaire ne connaît pas de baisse. Au contraire, elle augmente d’un euro. « J’étais arrivé à ce propos avec de grandes ambitions », reconnaît Sam Stourdzé, « mais face à l’incertitude budgétaire, où les pouvoirs publics sont appelés à se désengager, l’indépendance du festival passe par les visiteurs et les billets d’entrée ».
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les Rencontres d’Arles version Sam Stourdzé
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°434 du 24 avril 2015, avec le titre suivant : Les Rencontres d’Arles version Sam Stourdzé