La moitié des artistes ont bénéficié d’une aide d’urgence

France. On sait que la crise a lourdement affecté les revenus des artistes, mais on ne sait pas jusqu’à quel point. Une enquête réalisée en début d’année par la Société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques (ADAGP) auprès de ses adhérents révèle que 39 % des artistes ont enregistré une baisse de revenu de plus de 50 % en 2020 par rapport à 2019. La baisse est même supérieure à 70 % pour 18 % des artistes. Des chiffres sans doute assez représentatifs de la profession puisque 2 073 adhérents ont répondu au sondage en ligne. Dans le même temps, comme on l’avait déjà constaté dans l’enquête récente du Comité professionnel des galeries réalisée par Nathalie Moureau, toute la profession n’est pas en crise puisque 14 % des artistes ont augmenté leur revenu, parfois de plus de 26 % (pour 5 % d’entre eux).

Une très grande majorité des répondants (85 %) ont subi au moins deux annulations d’événements car les musées et les centres d’art ont été fermés plus de quatre mois en 2020 et la plupart des foires et salons ont été annulés.

L’enquête apporte également des informations intéressantes sur le recours aux aides. Près de la moitié des artistes (48 %) ont bénéficié des aides d’urgence mises en place par le gouvernement, que ce soit le Fonds de solidarité national (89 % des bénéficiaires) ou les aides du Centre national des arts plastiques (Cnap, pour 13 % des bénéficiaires). On relève que 57 % des répondants ne sont éligibles à aucune aide, sans doute en raison des critères (élevés) de baisse de chiffre d’affaires.

Dans ce contexte tendu pour les artistes, il n’est pas étonnant que ces aides aient représenté la principale source de revenu en 2020 pour 15 % des répondants. Tout aussi significatif, est le faible pourcentage des artistes (34 %) dont la vente d’œuvres et les commandes sont la source principale de revenu. Cela illustre bien la fragilité d’une profession dont l’activité pourtant principale (la vente d‘œuvres d’art) n’est pas la première source de rémunération.

Très lucides, la moitié des répondants considèrent que la meilleure façon de reprendre leur activité artistique est la réouverture des lieux culturels. Ils ne sont pas les seuls à espérer cette réouverture.