VENISE / ITALIE
Notre envoyée spéciale rapporte que l’Ukraine et le Covid-19 s’invitent, attendus et convenus, dans les expositions de la Biennale.
Trois ans se sont écoulés depuis la dernière Biennale d’art contemporain de Venise. Depuis 2019, une crise sanitaire mondiale s’est immiscée dans nos vies, une guerre a été déclenchée en Europe. Dans la Sérénissime, ici et là, quelques signes traduisent cette situation troublée. Ainsi, dans le pavillon central où se tient une partie de l’exposition internationale, les performeurs d’Encyclopedia of Relations (2022), de l’artiste et chorégraphe Alexandra Pirici, portent sur le nez et la bouche des masques en tissu spécialement désignés.
Dans la première salle de l’Arsenal, est reproduit le cycle La Consegracion (1991) de Belkis Ayón, qui fait partie des collections du Musée national de Saint-Pétersbourg. « Du fait de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, il a été impossible de présenter l’original », précise un cartel. Aux Giardini, à la suite de la démission des artistes Alexandra Sukhareva et Kirill Savchenkov et de leur commissaire Raimundas Malasauskas, le pavillon de la Russie, fermé, est déserté.
Cette 59e édition semble cependant moins la chambre d’échos des désordres extérieurs qu’un espace protégé. Une impression de douceur se dégage ainsi à l’Arsenal de l’exposition internationale, dont la scénographie ménage une grande fluidité. Il faut dire que sa commissaire, Cecilia Alemani, est depuis dix ans la directrice artistique de la High Line à New York. Sa sélection des 213 artistes fait la part belle aux femmes, très majoritaires, mais aussi aux talents inconnus. Tout en jouant la carte rassurante d’un dialogue entre le passé et le présent, mettant en regard des artistes historiques (Alexandra Exter, Louise Nevelson, Sophie Taeuber- Arp, Marie Vaissilieff …) avec d’autres, émergents, que l’on découvre.
La petite foule de ces journées de pré-ouverture, professionnels du monde de l’art et collectionneurs, paraît quant à elle toujours aussi joyeusement cosmopolite et privilégiée. Déjà, des files d’attente se forment devant les pavillons plébiscités par le bouche-à-oreille. Le pavillon français, où se déploie l’installation vidéo de Zineb Sedira, est sur la liste. Sa tonalité nostalgique, largement autobiographique, semble faire l’unanimité, bien qu’elle cantonne son propos à un registre rétrospectif assez sage.
Les galeries qui souhaitent profiter de cette plateforme internationale pour promouvoir leurs artistes contribuent à la richesse d’un off qui n’en est que plus étoffé : au Palazzo Cavanis, Almine Rech présente une série de tableaux de Claire Tabouret ; Tornabuoni Art, en partenariat avec la fondation Giorgio Cini a choisi Bruno Corà pour assurer le commissariat de l’exposition « On Fire » réunissant les œuvres de Klein, Burri, Arman, Kounellis, etc.
Les institutions privées contribuent elles aussi à la profusion de l’offre vénitienne, de la Collection Pinault, avec les expositions consacrées à Marlène Dumas et à Bruce Nauman, à la Fondation Prada, en passant par la Fondation Vuitton, qui présente dans son espace une création chatoyante de Katharina Grosse, Apollo, Apollo. Et qui s’est offert, outre un étage du Palais des Doges pour un somptueux déjeuner, quelques kiosques à journaux ici et là aux couleurs de sa marque. Parmi les évènements collatéraux, la Maison Ruinart présente quant à elle sa carte blanche 2022, confiée à l’artiste Jeppe Hein.
Cette 59e édition semble donc devoir se dérouler à la perfection. Sans que l’on sache encore, faute de pouvoir tout voir en un jour, quel sera le souvenir d’une œuvre forte que l’on pourra en garder.
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La Biennale de Venise filtre les désordres du monde
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