Disparition

Disparition de l’artiste provocateur Pinoncelli

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · lejournaldesarts.fr

Le 15 octobre 2021 - 344 mots

Il s’était fait connaître en urinant puis endommageant l’urinoir de Duchamp. Pierre Pinoncelli est décédé à l’âge de 92 ans.

Il se réclamait de l’École de Nice et était l’un des pionniers du « happening ». Né le 15 avril 1929 à Saint-Étienne, Pierre-Emile Pinoncély, dit Pinoncelli, était un artiste peu ordinaire. Après avoir exercé des professions aussi diverses que cow-boy, pêcheur d’épaves ou gardien de crocodiles en Amérique dans les années 1950, il commence à s’intéresser à la peinture lorsqu’il est au Mexique. Sa première exposition s’est tenue à Périgneux (France)… dans une boucherie.

A partir de 1969, il délaisse la peinture pour se consacrer aux « happenings » de rues. Dès ses débuts l’artiste frappe fort : il asperge d’encre rouge, couleur de la guerre d’Espagne, le ministre de la Culture de l’époque, André Malraux lors de l’inauguration du Musée Chagall de Nice. Il entreprend ensuite un voyage vers Pékin à bicyclette au départ de Nice, afin de remettre un message de paix à Mao Zedong. En 1975, il organise un mini hold-up à la société générale de Nice pour protester contre l’Apartheid.

Opposé à toute forme d’autorité et d’oppression, l’artiste va plus loin encore lorsqu’il décide de trancher l’une de ses phalanges avec une hache en 2002. Il manifestait alors son soutien à Ingrid Betancourt, enlevée par les Forces armées révolutionnaires de Colombie la même année.  

Ses happenings les plus connus touchent à l’œuvre Fontaine (1917) de Marcel Duchamp. En 1993, il a été condamné pour avoir uriné dans le ready-made – qui est littéralement un urinoir – avant de l’endommager à coups de marteau. Cet artiste post-dada, admirateur de Duchamp, s’était justifié en déclarant que « l’esprit dada, c’est l’irrespect ». En 2006, il ébrèche à nouveau l’un des 8 exemplaires de Fontaine réédités en 1964. Pinoncelli voulait ainsi souligner combien l’œuvre de Duchamp avait perdu sa valeur provocatrice originelle, au profit d’une valeur pécuniaire. Pour cette dégradation, il avait été condamné en 2007 en appel à trois mois de prison avec sursis et à payer 14 352 euros au musée pour rembourser les frais de réparation.

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