Patrimoine

Accessible et esthétique : Les « Fleuves de France » accueillent les PMR à l’Élysée

Par Sara Genin · lejournaldesarts.fr

Le 26 juillet 2024 - 555 mots

PARIS

L’artiste Paolo Reinoso a conçu deux rampes d’accès pour les personnes à mobilité réduite installées sur le perron de l’Élysée.

Inaugurées le 24 juillet par le couple présidentiel, deux immenses rampes d’accès pour les personnes à mobilité réduite (PMR) tiennent désormais compagnie aux célèbres marches du perron de l’Élysée. « Fleuves de France » est à la fois un dispositif d’accessibilité et une œuvre d’art : conçues par l’artiste franco-argentin Pablo Reinoso, les deux rampes mesurant 11 mètres de long, tout en ondoiements métalliques, évoquent les fleuves qui parcourent le territoire français.

« Fleuves de France » est la première œuvre d’art contemporain intégrée à la façade du Palais présidentiel. Les deux arabesques noires réveillent la façade immaculée, et quelque peu hiératique, de l’Élysée. Le geste artistique répond surtout à une problématique d’accessibilité dans la Cour d’honneur, jusqu’ici particulièrement limitée.

L’œuvre de Paolo Reinoso remplace des rampe en bois « de dépannage », jugées peu adaptées et même dangereuses avec un dénivelé de 14 degrés au dessus des normes. Les nouvelles structures ont un dénivelé bien plus doux de 8 degrés qui facilite l’accès et permet aussi une circulation plus fluide pour le personnel de l’Élysée qui emprunte quotidiennement les rampes.

L’accessibilité retrouvée de la cour d’honneur fait également écho à l’actualité des Jeux Paralympiques. « La symbolique de l’œuvre est en lien avec les Jeux Paralympiques. Elle symbolise le confort, l’accès PMR dont on a besoin ici à l’Élysée », explique l’artiste franco-argentin.

Une double dimension écologique et humaniste traverse aussi les volutes métalliques et organiques de « Fleuves de France ». « Le fleuve et ses courants irréguliers sont une métaphore du pluralisme et de la diversité qui font la vitalité de la France. Ce n’est pas un manifeste mais une évidence. Je ne revendique pas le politique, je travaille le vivant » explique l’artiste.

L’œuvre a été réalisée dans deux ateliers différents, par des artisans d’art et huit compagnons du devoir : la Fonderie de Coubertin (Yvelines) et la Tôlerie Générale (Val d’Oise). Le matériau choisi par l’artiste, un acier thermolaqué noir, imite le fer forgé de la façade historique avec une technique contemporaine. Chacun des éléments de la structure a été passé au four après avoir été préalablement sablé et embelli d’une peinture censée être pérenne une dizaine d’années. La conception permet aussi de détacher la structure facilement, dans l’éventualité d’un déplacement.

Le projet « Fleuves de France » est en gestation depuis 2016, à l’initiative de l’artiste, mais la réalisation n’a pu se concrétiser que très récemment sous la présidence d’Emmanuel Macron. La commande publique a été validée par l’Élysée il y a un mois. L’artiste et son équipe n’ont eu que 40 jours pour créer et installer les deux rampes, pour répondre à l’échéance du 26 juillet, date de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques lors de laquelle Emmanuel Macron accueillera les chefs d’État étrangers.

« Fleuves de France » fait écho à « Racines de France », une précédente commande présidentielle, conçue en 2016 par Paolo Reinoso pour François Hollande. Ces bancs qui allient une fonction d’assise à une symbolique d’accueil ont été en prêt pendant 7 ans, avant que l’artiste en fasse don à l’Élysée.

Les rampes ont été financées par l’Élysée, ce qui comprend l’achat des matériaux, la production, la rétribution des artisans et l’acheminement. L’artiste a fait le choix de ne pas être rémunéré. Le montant du budget ne nous a pas été communiqué par l’Élysée.

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