PARIS [02.09.15] - La ministre de la Culture a proposé la nomination de l’artiste à la direction de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, dans laquelle il enseigne déjà. L’incertitude pèse sur le sort réservé à Eric de Chassey.
Artiste et professeur à l’école, Jean-Marc Bustamante a été proposée mercredi par Fleur Pellerin pour succéder à Nicolas Bourriaud, congédié en juillet. Cet artiste toulousain (classé 39e dans l’Artindex France du Journal des Arts), chaleureux et fort en gueule, qui a déjà été candidat plusieurs fois à ce poste, est en quelque sorte un « anti-Bourriaud » dont il a toujours réprouvé les méthodes.
Né en 1952 à Toulouse, il a longtemps travaillé la photographie, commençant avec Jean Dieuzaide et Denis Brihat, cofondateurs des Rencontres d’Arles, puis Roger Guillemot, avant de vouloir faire entrer la photographie dans le champ artistique. « Je voulais de grands tirages. Je cherchais une proposition radicale. En 1977, j’ai ainsi réalisé une série de grands formats, uniques. Cela peut paraître un peu ridicule, avec le recul, mais je voulais qu’ils soient regardés comme des objets, pas seulement comme des images. En 1982, j’ai montré à la galerie Baudouin Lebon douze « Tableaux », comme je les ai appelés. », a-t-il confié quand Le Journal des Arts lui a consacré un portrait.
En 1983, il a entamé une collaboration de quatre ans avec le sculpteur Bernard Bazile, créant des sculptures hybrides puisant dans l’imagerie populaire, sous la signature BazileBustamante. Il a poursuivi une oeuvre de découpage en revenant à la peinture, des aplats à l’encre sérigraphique sur Plexiglas. Il a été également directeur artistique du Printemps de Toulouse, avant un divorce qui ne s’est pas déroulé à l’amiable.
Dans une veine anti-conceptualiste, il nous expliquait ainsi son espoir de diriger l’ENSBA : « en Allemagne, les artistes existent par leur œuvre. En France, quand un étudiant me présente son travail, il a toujours besoin de le justifier, le soutenir par une logique, comme si la poésie n’existait pas… La France se méfie, la couleur fait peur, l’ornement fait peur. Chaque peinture est une expérience pour le regard, comme une synthèse de trente ans de travail, j’y retrouve un désir de légèreté, de fraîcheur donnée par la transparence, la réflexion, la profondeur de champ ».
En faisant ce choix, Fleur Pellerin tente de remettre de l’ordre dans le petit jeu des chaises musicales qui a suscité un tollé cet été. La volonté de Manuel Valls d’offrir la Villa Médicis à son amie Muriel Mayette avait ainsi entraîné la brusque éviction de Nicolas Bourriaud en juillet. Si sa gestion était très contestée depuis longtemps, son congédiement était surtout destiné à faire de la place pour l’actuel directeur de la Villa, Eric de Chassey. Après avoir hésité, il s’était finalement porté candidat à l’ENSBA. Mais la ministre a jugé trop dangereux en terme d’image d’annoncer au même moment deux nominations manifestement fabriquées à l’avance. Si, en dépit de la controverse, elle nommait Muriel Mayette à Rome, il lui resterait à trouver une issue honorable pour Eric de Chassey.
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Légende Photo :
Jean-Marc Bustamante © Photo Mark Lyon
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L’artiste Jean-Marc Bustamante dirigera les Beaux-Arts de Paris
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