Justice

Une nouvelle décision de justice dans l’affaire des faux meubles de Versailles

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 3 mars 2025 - 414 mots

Le tribunal a annulé la vente d’une fausse bergère préemptée en juin 2011 par l’établissement public.

Paris. Le tribunal judiciaire de Paris a rendu, le 13 février dernier, une décision dans l’affaire des faux meubles vendus à Versailles entre 2008 et 2012. La décision concerne en l’espèce une bergère à dossier plat à la reine (voir ill.), d’époque Louis XVI et portant l’estampille de Jean-Baptiste Sené. Cette bergère était supposée avoir été livrée en 1789 pour le salon de compagnie de la sœur de Louis XVI au château de Montreuil, vendue à l’encan en 1793 et entrée dans une collection privée à une date indéterminée. Elle avait été mise aux enchères par la maison de ventes Thierry de Maigret en juin 2011 et préemptée par le château de Versailles à son estimation basse soit 200 000 €.

Une bergère fabriquée très récemment

Mais depuis les révélations de l’expert Bill Pallot qui ont secoué le marché en 2016, on sait que cette bergère avait été fabriquée par un ébéniste reconnu du Faubourg-Saint-Antoine avec qui il était en relation : Bruno Desnoues. L’ébéniste l’avait mis en vente via Thierry de Maigret, assisté pour l’occasion de l’expert Guillaume Dillé.

Sans surprise, le tribunal a fait droit aux demandes du château de Versailles qui voulait obtenir du vendeur le remboursement du prix marteau et à la maison de ventes des frais acheteurs (47 000 €). L’affaire était d’autant plus simple à trancher que Bruno Desnoues avait admis avoir fabriqué un faux et que « l’authenticité du meuble représente une qualité substantielle de la chose » même si le vendeur a vainement tenté de se défendre en arguant que le château de Versailles aurait dû être plus vigilant. Dès lors, le tribunal a prononcé l’annulation de la vente et ordonné les remboursements. Il a également condamné le vendeur à indemniser la maison de ventes à hauteur de 24 000 €.

D’autres décisions de justice devraient suivre, en particulier le volet pénal de l’affaire qui concerne Bill Pallot, l’ébéniste qui a fabriqué cette fausse bergère et d’autres meubles, l’antiquaire Laurent Kraemer par qui ont transité certaines pièces, le doreur des meubles et le transporteur qui a mis l’OCBC sur l’affaire. L’affaire a en effet démarré sur une tout autre piste, les soudaines rentrées d’argent d’un chauffeur qui faisait office d’intermédiaire, rentrées d’argent signalées par Tracfin et qui ont incité la police à le mettre sur écoute et ainsi remonter toute la filière.

L’audience doit avoir lieu fin mars au tribunal de Pontoise.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°650 du 28 février 2025, avec le titre suivant : Une nouvelle décision de justice dans l’affaire des faux meubles de Versailles

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