Politique culturelle

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Sodavi, mode d’emploi

Cet acronyme désigne une démarche promue par le ministère de la Culture pour développer les arts visuels à un niveau territorial. Après un démarrage lent, son accueil se révèle favorable.

Le 25 novembre dernier, à Rennes, de nombreux professionnels se sont réunis pour parler des « réseaux territoriaux et de la structuration de la filière art contemporain ». Le déficit de structuration du secteur des arts visuels est un constat déjà ancien, il est même l’agenda quasi unique de la fédération des professionnels de l’art contemporain (Cipac). Dans le contexte de rigueur budgétaire et de réforme territoriale, les priorités ont changé, et avec elles le rôle attendu d’un ministère régulateur : il faut protéger et développer le maillage culturel existant. Le ministère, toujours très présent à l’échelle de l’économie du secteur, ne peut plus se contenter d’empiler les subventions, s’obligeant à des arbitrages toujours plus douloureux. Dans une France décentralisée, il veut faire émerger des réponses territoriales. C’est l’ambition des Sodavi.

En 2014, sur le modèle des Solima (schémas d’orientation et de développement des lieux de musiques actuelles), outils pensés pour les musiques actuelles, la Direction générale de la création artistique (DGCA) créé les schémas d’orientation et de développement des arts visuels, les Sodavi. Il s’agit d’inciter les professionnels d’un territoire donné (ville, région, etc.) et leur collectivité à travailler à une meilleure connaissance du terrain afin d’établir des préconisations pour développer le secteur. Par exemple, une association de diffuseurs d’art contemporain peut demander au ministère de financer un chargé des études ou un événement commun à toutes les structures de la région. La forme et l’affectation sont libres, mais la subvention n’est allouée que si la collectivité s’associe à l’initiative. La perspective à long terme, a-t-on entendu à Rennes, est que « le Sodavi débouche sur la signature de contrats pluriannuels qui pérennisent et légitiment les liens entre collectivités et structures des arts visuels ».

Une dynamique horizontale et participative
La philosophie n’est pas nouvelle : elle emprunte au rapport Troche (1982), aux « entretiens pour les arts plastiques » de Frédéric Mitterrand, et s’inscrit dans la logique des « pactes culturels » initiés par Fleur Pellerin. Le cahier des charges semble trop large ? Le ministère assume : « Nous ne voulons pas d’injonction verticale. Un schéma est horizontal, participatif. » De fait, petit à petit, le travail de fourmi des Drac (direction régionale des affaires culturelles) et la volonté de certaines régions portent leurs fruits.

Quatre ans avant les Sodavi, en 2010, les Pays de la Loire organisaient une conférence consultative régionale de la culture. La région finance une étude sur l’économie du secteur des arts visuels. S’ensuit la mise en place du « Pôle arts visuels Pays de la Loire », association où sont présentes la région et la Drac. Deux ans plus tard, des collèges se créent par thématiques : production, édition, diffusion, juridique… Sophie Legrandjacques, la présidente, également directrice du Grand Café à Saint-Nazaire, félicite volontiers ses tutelles : « Le conseil régional a été avant-gardiste. Il a compris très tôt l’enjeu d’une structuration à son échelle ». En 2016, le pôle reçoit de la Drac 15 000 euros pour traiter la question de la formation, qui s’ajoutent aux 80 000 euros de la région. Le montant alloué pour le Sodavi est presque symbolique, mais acte la reconnaissance du travail commun. Le ministère change son approche. Les critiques y voient la trop faible contrepartie d’un désengagement chronique de l’État. Les optimistes, une prise de responsabilité des acteurs locaux, une démocratie culturelle plus directe.

En Nouvelle Aquitaine, un autre cas d’école : le 22 novembre dernier, pour le premier « atelier fédérateur » organisé à Périgueux dans le cadre du Sodavi naissant, on comptait pas moins de 200 acteurs présents. Nicolas Blémus, coordinateur du réseau « CINQ,25 » et en charge du Sodavi pour la nouvelle grande région, tente de bâtir une méthodologie à même d’intégrer toutes contributions : « Un semestre de travail sur l’économie de l’artiste, un deuxième sur l’artiste et le territoire, etc. Le diagnostic est la clé du développement. » État et région financent à parité jusqu’en 2018 et ce modèle de collaboration semble créer des émules. Tram, le réseau des lieux franciliens, vient d’être contacté par sa Drac pour conduire une mission similaire sur son territoire, subvention de 25 000 euros par an à la clé.

Hauts-de-France, Occitanie, Auvergne, la mayonnaise pourrait prendre. Dans le projet de budget 2017, les Sodavi sont crédités de 190 000 euros. La ligne est presque anecdotique, à l’échelle du budget du ministère, mais pourrait financer une dizaine de schémas. Courent-ils le risque d’une marginalisation ou pourraient-ils au contraire survivre ainsi à une possible alternance ? C’est en tout cas leur vocation, selon le ministère : « Il faut repenser les logiques d’amoncellement de dispositifs mal articulés avec la vie territoriale. Mais pour cela, il faut prendre le temps, résister à la tentation de l’accélération. »

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La journée d'études organisée à Rennes par le CIPAC. © Photo : CIPAC.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°470 du 6 janvier 2017, avec le titre suivant : Sodavi, mode d’emploi

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