Amr Al-Madani, le directeur de l’agence gouvernementale en charge du développement de ce complexe touristique a été arrêté pour un motif relativement mineur.
Al-Ula (Arabie saoudite). À l’heure où le Journal des Arts part chez l’imprimeur, les raisons réelles de l’arrestation d’Amr Al-Madani, le directeur de l’agence gouvernementale chargée du développement de la zone touristico-culturelle d’Al-Ula sont mystérieuses. Officiellement, il a été arrêté dimanche 28 janvier pour « abus d’autorité et blanchiment d’argent ». Mais quand on lit plus avant le communiqué sur X (anciennement Twitter) de l’agence anti-corruption Nazaha (Oversight and Anti-Corruption Autority) du gouvernement saoudien, on est surpris des charges qui pèsent sur lui. Il lui est reproché d’avoir obtenu illégalement – avant d’avoir pris la direction de l’agence – un contrat pour l’une de ses sociétés auprès d’une société publique saoudienne pour un montant de 50 millions d’euros, soit une paille dans un pays où les affaires se traitent en milliards. Et même d’avoir continué à obtenir des contrats depuis sa prise de fonctions, pour un montant de 300 000 euros. Nazaha indique que des poursuites judiciaires sont ouvertes contre lui.
Cela ressemble fort à une disgrâce ou à la poursuite de la guerre des clans où Mohammed ben Salmane (MBS) règle ses comptes. Tout comme Xi Jinping en Chine, la campagne anti-corruption qu’il mène depuis 2017 est aussi un moyen de mettre au pas ses opposants. En novembre 2017, il n’avait pas hésité à enfermer pendant plusieurs mois près de 400 princes, ministres et hommes d’affaires saoudiens, dans un hôtel de luxe à Ryad au motif qu’ils avaient conclu certaines affaires illégalement. Ils avaient été relâchés moyennant des arrangements financiers et surtout leur silence. Amr bin Saleh Abdulrahman Al-Madani n’est pourtant pas un cacique du régime. Cet ingénieur de 43 ans a fait une bonne partie de ses études aux États-Unis. Cette destitution a un fort retentissement dans la mesure où le projet Al-Ula est l’un des projets les plus ambitieux du régime, en tout cas une vitrine pour l’Occident. MBS veut faire des ruines de la civilisation nabatéenne préislamique en plein désert, une destination touristique majeure avec hôtels, musées et lieux récréatifs. Amr Al-Madani déclarait il y a quelques années qu’il espérait qu’à l’horizon 2030, le site contribue pour une bonne part aux 100 milliards de dollars de revenus touristiques du pays. L’écho médiatique est particulièrement important en France qui est très étroitement associée au projet.
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Que cache l’arrestation du patron d’Al-Ula ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°626 du 2 février 2024, avec le titre suivant : Que cache l’arrestation du patron d’Al-Ula ?