PARIS [16.09.15] - Yves Bouvier, dont Le Journal des Arts avait annoncé lundi l’audition au palais de Justice de Paris, a ouvert une nouvelle étape dans l’enquête sur une soixantaine d’oeuvres pour lesquelles la fille de Jacqueline Picasso a déposé plainte pour vol et recel.
L’instruction depuis a été élargie aux chefs d’escroquerie et blanchiment. Lors de son audition de plus de deux heures et demi, l’entrepreneur suisse a mis en cause l’intermédiaire entre lui et la fille de Jacqueline Picasso, faisant apparaître l’affaire sous un jour nouveau.
Mis en examen lundi pour recel, Bouvier a été laissé en liberté moyennant une caution de 27 millions d’euros, dont le paiement a été échelonné jusqu’à juin 2016. Ce montant très élevé est le signe de la détermination de la juge Isabelle Rich-Flament qui n’avait pas hésité à lancer un mandat international d’arrêt à son encontre. 27 millions c’est le prix qu’il a vendu deux portraits de Jacqueline Picasso, qui font partie de cet ensemble disparu d'un box loué par sa fille, dans un entrepôt d’Art Transit à Gennevilliers.
Ainsi que l’a souligné son porte-parole à Genève, Marc Comina, après avoir refusé de se rendre à une première convocation en juin, Yves Bouvier a finalement choisi de « coopérer avec la Justice ». Assisté de Me Francis Szpiner, il a « réfuté catégoriquement toute illégalité » dans ses transactions. Il s'est dit persuadé d’avoir acheté les œuvres à Catherine Hutin-Blay, la fille de Jacqueline Picasso, avant de les revendre au milliardaire russe Dmitry Rybolovlev (celui-ci, qui s’est porté partie civile, s’est engagé à toute rendre).
Mais Yves Bouvier a été loquace puisqu’il a mis en cause un intermédiaire « avec lequel il travaillait depuis 2002 ». Son porte-parole a cependant démenti vendredi qu'il puisse s'agir d'Olivier Thomas, son associé au Freeport de Luxembourg. Ce transporteur et marchand français s'était vu confier en 2008 la vente du Mas-Notre-Dame-de-Vie à Mougins, puis le déménagement et le stockage d’une partie des meubles à Gennevilliers. Avec un autre associé de Bouvier, Jean-Marc Peretti, Olivier Thomas a a été interrogé en mai par la Brigade de répression du banditisme. (1)
« Le montant de la transaction a été versé sur le compte d’un trust établi au Lichtenstein », a aussi déclaré Yves Bouvier à la juge. Par l’intermédiaire de son avocate, Me Anne-Sophie Nardon, Catherine Hutin a sèchement fait savoir qu’« elle n'avait donné aucun consentement à la vente de ces 60 oeuvres ni reçu aucun argent et qu'elle n’était bénéficiaire d'aucun trust ». Elle nous a confirmé n’avoir jamais connu Yves Bouvier, de près ou de loin.
La suite logique devrait être la convocation d’Olivier Thomas, qui aura à s’expliquer sur les pièces bancaires et documents remis à la juge. Son avocat -qui n’a pas aujourd’hui connaissance du dossier- n’a pas voulu commenter. Yves Bouvier a assuré à la juge qu’il « continuait à penser » que la fille de Jacqueline Picasso avait autorisé la vente de cette soixantaine d’œuvres. Mais il promet, s’il « avait été trompé », de « poursuivre immédiatement ceux qui auraient ainsi abusé de sa confiance ». Ambiance.
(1) Ce paragraphe a été réactualisé vendredi 18 septembre 2015 suite à des précisions apportées par le parquet de Paris et le porte-parole de M. Bouvier.
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Picasso disparus : l’audition d’Yves Bouvier fait rebondir l’enquête
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Abonnez-vous dès 1 €Yves Bouvier, marchand d'art et fondateur de la société immobilière SCI R4 © Vanessa Franklin / R4