Paris accueillera la future « Maison du dessin de presse »

Paris. C’est finalement la capitale qui a été retenue par Emmanuel Macron pour accueillir la future « Maison du dessin de presse », a-t-il annoncé le 11 janvier. Une ancienne école primaire située rue du Pont-de-Lodi (Paris-6e) hébergera ce projet annoncé par le président de la République lors du 5e anniversaire des attentats contre Charlie Hebdo, en janvier 2020. Le lieu devrait ouvrir « d’ici deux ou trois ans » selon l’Élysée.

Ce choix parisien laisse un goût amer aux deux autres villes candidates, Strasbourg, qui s’appuyait sur le Musée Tomi-Ungerer – Centre international de l’illustration et sa candidature au titre de « Capitale mondiale du livre » (Unesco), et surtout Limoges, qui associait sa proposition au Salon international de la caricature, du dessin de presse et d’humour, organisé depuis 1982 à Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne). Pérennisé à travers un centre permanent depuis 2011, ce salon dispose d’un réseau international, d’une collection de 10 000 dessins donnés au fil des salons et d’un fonds documentaire et de reproductions. Le centre de Saint-Just-le-Martel aurait fait bénéficier de ses ressources la « Maison du dessin de presse » que Limoges souhaitait installer dans l’ancienne usine d’équipement électrique Jidé. Cette proposition avait été raillée par le dessinateur Xavier Gorce : « Qui voudra faire cinq heures de trajet pour visiter l’institut médico-légal du dessin satirique ? », avait-il tweeté. Le bâtiment d’une surface de 4 000 m2 et la proposition de Limoges avaient en revanche séduit Roselyne Bachelot, qui leur avait donné sa préférence devant la commission des affaires culturelles à l’Assemblée nationale en octobre 2021. « Il y a un bâtiment industriel à Limoges […] qui bénéficie, lui, d’un fort engagement de la Région Aquitaine, de l’appui de nombreux dessinateurs de presse et de députés », avait-elle indiqué, alors que l’école du 6e arrondissement parisien ne suscite qu’un « maigre » engagement des collectivités locales.

Le choix de Paris respecte la volonté de Maryse Wolinski, veuve du dessinateur assassiné en janvier 2015, et de la rédaction de Charlie Hebdo, qui plaidaient le 5 septembre dernier dans une lettre ouverte au président de la République pour une création rapide, et parisienne. Dans son rapport sur le dessin de presse, remis au ministère de la Culture en 2007, Wolinski envisageait déjà l’ouverture d’un lieu qui « devrait être situ[é] à Paris, pour bénéficier à la fois du prestige de la capitale et de la proximité des grandes institutions ».

Le contenu de cette « Maison » reste quant à lui vague. Dans une interview publiée en janvier 2020 dans le quotidien Le Populaire du Centre, Maryse Wolinski évoquait un lieu« pour la promotion et le soutien à la création, avec un centre d’accueil et d’hébergement », cumulant des activités de conservation, d’exposition et de médiation. « Ce sera une maison, pas un musée », faisait savoir l’Élysée dans les colonnes du Monde daté 11 janvier. « L’objectif est d’en faire un lieu vivant, de pédagogie, d’éducation aux médias, de refuge pour les dessinateurs menacés. »

Le président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, a déclaré que la décision d’Emmanuel Macron ne remettait pas en cause la réhabilitation de l’usine Jidé. « Le site accueillera bel et bien un pôle culturel axé sur la création et l’image, comme je m’y étais engagé », a-t-il fait savoir dans un communiqué. Le Centre du dessin de presse de Saint-Just-le-Martel se dit, lui, « abasourdi » par ce choix, « alors même que l’infrastructure existe déjà en Limousin ».