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Moins de visiteurs dans les musées publics britanniques

LONDRES / ROYAUME-UNI

Depuis trois ans, la fréquentation des grandes institutions nationales en Grande-Bretagne baisse. Les attentats et la hausse du tarif des billets des expositions temporaires seraient en cause.

La National Gallery de Londres
La National Gallery de Londres.

Londres. Avec la diffusion le 3 mai prochain des statistiques du mois de mars, considéré comme le dernier mois de l’année comptable au Royaume-Uni, les chiffres de la fréquentation de la saison 2017-2018 dans les musées publics nationaux britanniques seront définitifs. Le verdict est pourtant d’ores et déjà connu : pour la troisième année consécutive, le nombre de visiteurs sera en baisse.

Entre la mise en place le 1er décembre 2011 de l’accès gratuit aux musées nationaux et l’exercice 2014-2015, la quinzaine de musées financés par le ministère au numérique, à la culture, aux médias et au sport avaient enregistré une progression relativement rapide du nombre de leurs visiteurs. La fréquentation était passée de 33,6 millions de visiteurs en 2005-2006 à 43,1 millions en 2010-2011, puis à 50,84 millions en 2014-2015. La courbe a commencé à s’inverser l’année suivante : 800 000 visiteurs en moins se sont rendus dans les musées nationaux (en plus des 1,7 million de visiteurs des musées du Tyne & Wear, qui ne sont plus directement financés par le ministère et ne sont donc plus intégrés aux chiffres). Ce recul s’est donc poursuivi et les visites totales de 2017-2018 se situeront autour de 46,5 millions.

Les chiffres des onze premiers mois de l’année montrent une grande disparité des situations. La plupart des musées non artistiques, par exemple les musées des sciences ou militaires, ont réussi à maintenir leur attractivité par rapport à la même époque de l’année dernière. Ce n’est pas le cas des grands musées d’art londoniens. En dehors de la Tate Britain, (+28 % à 1,4 million) et surtout du Victoria and Albert Museum (+32 % avec un record de 3,6 millions), poussés par des expositions temporaires particulièrement populaires, la fréquentation de tous les musées recule fortement : -18 % pour la National Gallery à 4,6 millions, -11 % pour la Tate Modern à 5,1 millions­ – cette dernière perd le titre de premier musée du pays pris l’an dernier au British Museum, qui a vu le nombre de ses visiteurs reculer de 6 % à 5,3 millions. La fréquentation de la National Portrait Gallery s’est, elle, effondrée de 43 % au cours des onze premiers mois, passant sous la barre du million de visiteurs. Une première depuis au moins quinze ans. Sa direction a d’ailleurs annoncé la semaine dernière la suppression de 7 % de ses postes pour faire face à la chute de ses recettes.

Cette tendance n’est pas liée à une baisse du nombre de touristes étrangers, qui représentent 47 % de leurs visiteurs. Le Royaume-Uni a en effet enregistré un nombre croissant de touristes étrangers cette année. En 2016-2017, cette diminution était surtout liée à la baisse du nombre de visiteurs britanniques et rien ne semble indiquer que la tendance se soit inversée. Les attentats du printemps et de l’été 2017 n’ont pas dû favoriser les visites scolaires, déjà en baisse de 6 % l’an dernier.

La véritable raison pourrait résider dans l’augmentation du prix des expositions temporaires, pour faire face à la baisse des aides publiques directes après les mesures d’austérité prises en 2011 par le gouvernement. Ainsi, un billet pour l’exposition « Léonard de Vinci à la Cour de Milan » organisée en 2011 par la National Gallery coûtait £16 (18 euros) ; un ticket pour l’exposition Monet et l’architecture commencée au début du mois d’avril coûte £20 (23 euros), soit une augmentation de 25 % en sept ans.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°500 du 27 avril 2018, avec le titre suivant : Moins de visiteurs dans les musées publics britanniques

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