Plus de cinq mille objets n’ayant pas été restitués à leurs propriétaires après la dictature de Franco ont été identifiés dans les collections des musées nationaux.
Espagne. Une aquarelle de Joaquín Sorolla, un vase ibérique antique, un châle chinois de la dynastie Qing, une tuile persane du XIIIe siècle : ces biens figurent dans l’inventaire des objets culturels saisis durant la guerre civile (1936-1939) et sous la dictature de Franco (1939-1970), mis en ligne par le ministère de la Culture à partir d’un travail mené par la Direction générale du patrimoine culturel et des beaux-arts (DGPC). Dans cette liste, réalisée à partir de l’analyse des collections des seize musées d’État, se trouve une variété d’objets tels que des vases, châles, tableaux, bijoux, vêtements, éventails, ornements liturgiques et pièces de vaisselle. Sur les seize institutions, neuf sont concernées par cette liste : le Musée du costume-Centre de recherche ethnologique, le Musée archéologique national, le Musée national du romantisme, le Musée national des arts décoratifs, le Musée national d’anthropologie, le Musée d’Amérique, le Musée Sorolla, le Musée national de la céramique et des arts somptuaires González Martí et le Musée national de la sculpture.
Le travail d’inventaire remonte à la création du Conseil du trésor artistique, un organisme créé en 1936 sous le gouvernement de la Seconde République espagnole dédié à la conservation du patrimoine artistique. Pour assurer la protection des biens culturels contre les pillages et les bombardements, ces derniers ont été mis en sécurité dans des entrepôts répartis sur l’ensemble du territoire. Le Service de défense du patrimoine artistique national (SDPAN), créé par Franco, voit le jour dès 1938 avec la mission de restituer les œuvres à leurs propriétaires à la fin de la guerre. Si ce n’était pas fait, les biens étaient déposés dans différentes institutions et musées.
Au Musée national de sculpture, situé à Valladolid, des objets du baroque et de la Renaissance espagnols et italiens prédominent avec notamment des œuvres du sculpteur de Malaga du XVIIIe siècle Fernando Ortiz (1717-1771), du sculpteur baroque Pablo González Velázquez (1664–1727), du Murcien Alfonso Giraldo Bergaz (1744-1812) et une Vierge à l’enfant du Génois Leonardo Mirano (1577-1637). Des miniatures religieuses et des céramiques antiques issues de la collection du marchand d’art Weissberger, conservées au Musée des arts décoratifs, ainsi qu’un ensemble de statuettes issues de la collection de l’industriel Carlos Walter Heiss, conservé au Musée archéologique national, apparaissent également dans l’inventaire.
Publié sur le site du ministère de la Culture, l’inventaire est constitué de la liste des biens accompagnés de fiches documentaires indiquant les travaux en cours de recherche, ainsi que des archives, tels que les livres d’inventaire du Conseil du trésor artistique et du Service de récupération artistique. Les ayants droit de ces biens peuvent désormais solliciter la restitution des objets inventoriés, en fournissant des preuves de leur propriété, répondant ainsi aux exigences de la loi sur la mémoire démocratique entrée en vigueur en 2022, qui ouvre le « droit à la restitution des biens saisis » sous le franquisme.
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L’Espagne publie un inventaire des biens saisis sous le franquisme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°636 du 21 juin 2024, avec le titre suivant : L’Espagne publie un inventaire des biens saisis sous le franquisme