Nomination - Politique culturelle

Les prochaines nominations dans la culture

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 11 septembre 2024 - 792 mots

14 mandats de directeurs d’établissements culturels doivent être renouvelés d’ici à la fin de l’année 2025 dont une très grande majorité désignée par le président de la République mais sur proposition du ministre de la Culture. Une situation délicate en période de cohabitation.

Alexia Fabre. © Adrien Thibault | Éric de Chassey © INHA / J. Picon
Alexia Fabre et Éric de Chassey.
© Adrien Thibault
© INHA / J. Picon

France. Le dossier des nominations ne sera pas en haut de la pile sur le bureau du nouvel occupant de la Rue de Valois, la seule nomination à venir est en novembre, et en plus, il s’agit d’un renouvellement, celui de la présidente du Musée national Picasso, Cécile Debray. À moins qu’il soit nécessaire de libérer la place pour y mettre l’un de ses protégés, celle-ci devrait être confirmée comme le sont, en général, les dirigeants des opérateurs nationaux dépendant du ministère de la Culture.

Cécile Debray © Photo Sophie Crepy / Musée d'Orsay, 2017
Cécile Debray.
© Photo Sophie Crepy / Musée d'Orsay, 2017

Pour autant, le « cas » Cécile Debray sera intéressant à observer car son poste relève des postes qui sont décidés par le président de la République (PR) sur proposition du ministre de la Culture. C’est une simple formalité, lorsque le second appartient à la majorité présidentielle, car, c’est le cas avec Emmanuel Macron qui est très interventionniste en la matière, le ministre est très incité à proposer un candidat qui agrée au PR. Mais qu’en sera-t-il dans l’hypothèse d’un gouvernement de cohabitation ou de coalition ? L’expérience des précédentes cohabitations montre que les nominations dans la culture font l’objet de tractations en amont sur le mode « tu me laisses décider pour ce poste et je te laisse choisir pour cette autre nomination », de sorte que les situations de blocage sont très rares.

Le cas des directeurs de l’administration centrale (secrétariat général, direction générale des Patrimoines et de l’Architecture, direction générale de la création artistique...) relève d’une certaine manière de la même situation. Leur nomination (et révocation du titulaire) est laissée à la décision du gouvernement, mais ils sont nommés par le PR en conseil des ministres. À la différence des dirigeants des établissements publics qui disposent d’une certaine autonomie, les directeurs de l’administration sont de très proches collaborateurs du ministre qui doivent partager les mêmes options.

La situation juridique du Musée national Picasso est loin d’être l’exception, c’est même la règle. Sur les 39 nominations étudiées dans le tableau ci-contre et qui relèvent du patrimoine et des arts visuels, 28 sont décidées par le PR sur proposition du ministre. La liste des nominations « PR » est même plus longue dans ce périmètre si l’on ajoutait les présidents non exécutifs des conseils d’administration (CA). Car si les dirigeants des grands établissements nationaux sont aussi présidents de leur conseil d’administration (Le Louvre, Orsay, Versailles…), ce n’est pas le cas pour des opérateurs moins importants dirigés par un directeur général et administrés par un CA et son président. Le premier est nommé par le ministre et le second par le PR. C’est le cas de l’École nationale supérieure des beaux-arts (Paris) où Alexia Fabre a été nommée par Roselyne Bachelot, mais le président du CA, Laurent Dumas, vient d’être nommé par Emmanuel Macron.

Alexia Fabre, justement, fait partie de la liste des 14 nominations ou renouvellement de mandats devant intervenir d’ici à fin 2025. La plupart sont éligibles à leur renouvellement sauf Éric de Chassey (et Bruno Maquart) qui arrive au terme de ses trois mandats à la tête de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA). Se posera alors le sujet de son devenir en juillet prochain, soit un bon cas théorique qui peut servir à illustrer une situation pas si rare que cela. S’il est dans les petits papiers du ministre (c’est une décision ministre), ce dernier essaiera de lui trouver une nouvelle affectation, si possible plus importante ; mais encore faut-il qu’il y ait des postes disponibles. C’est ici que les tractations commencent. Le ministre peut débarquer Cécile Debray du Musée Picasso, ou Claire Bernardi du Musée de l’Orangerie (janvier 2025) ou Alexia Fabre des Beaux-arts (mars 2025, Éric de Chassey avait d’ailleurs candidaté pour le poste en 2015) pour y promouvoir son candidat. Et s’il n’est ni un protégé du ministre ni du PR, il peut aller dans le privé ou retourner à la Sorbonne.

Hervé Lemoine, directeur du Mobilier national © Thibaut Chapotot - 2019
Hervé Lemoine, directeur du Mobilier national.
© Thibaut Chapotot, 2019

On suivra avec attention la fusion qui se met en place entre le Mobilier national et la Cité de la céramique. Hervé Lemoine, dont le deuxième mandat à la présidence des Gobelins se termine en mars 2025, a été chargé d’organiser cette fusion, et a été nommé, en décembre dernier également, président du CA de Sèvres pour un mandat, lui, se terminant théoriquement en décembre 2026. Ainsi que celui de Pierre-Olivier Costa, l’ancien directeur de cabinet de Brigitte Macron, propulsé au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem).

Téléchargement

Télécharger le tableau (PDF - 130 ko) des durées des mandats des dirigeants des opérateurs dans le patrimoine en France.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°638 du 6 septembre 2024, avec le titre suivant : Les prochaines nominations dans la culture

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