Les conséquences des événements à Hong Kong sur la vie culturelle

Alors que les manifestations ont cessé pour laisser les élections des conseillers de district du 24 novembre se dérouler normalement, les répercussions de la situation politique sur la vie culturelle sont nombreuses et contrastées. Ainsi les universités telles que la CUHK (l’Université chinoise) sont fermées jusqu’au prochain semestre, tandis que l’université Poly U (Polytechnique) est toujours assiégée par la police. Des conservateurs et restaurateurs de l’université de Hong Kong ont commencé des recherches sur les dommages possibles des gaz lacrymogènes sur les collections de la bibliothèque de Poly U, qui a été le théâtre d’affrontements pendant une semaine entière. Certains dégâts ont été le fait des manifestants eux-mêmes, l’œuvre de l’artiste Leung Chi Wo dans le Legislative Council avait été taguée lors de l’invasion du Parlement. Suite à cette dégradation, les manifestants ont appelé au respect des œuvres d’art dans toute la ville.

Il faut sans doute mettre sur le compte des événements le report de la réouverture du Hong Kong Museum of Art. Le musée, fermé pour travaux depuis 2015, devait rouvrir en novembre, on connaîtra cependant la semaine prochaine la nouvelle date. Étonnamment, sa programmation reste encore un mystère et l’on imagine que les prêts des grands musées internationaux font débat.

Si le Museum Summit 2019, organisé par le musée est censé avoir lieu comme prévu les 28 et 29 novembre au Convention Center, nombre de programmes importants du calendrier culturel ont été annulés, à l’instar du festival d’art et de musique Clockenflap, qui devait se tenir du 22 au 24 novembre. Il en est de même pour le festival Detour (du 29 novembre au 8 décembre) prévu à PMQ, un nouveau lieu du design, de la Business of Design Week (BODW), un événement phare du Hong Kong Design Centre. Le Hong Kong International Photo Festival a annulé une partie de ses activités et le Microwave International New Media Arts Festival a fermé le 14 novembre, soit trois jours plus tôt que prévu. La Fête des lumières de Hong Kong a officiellement été annulée en raison de la situation, mais souffre en réalité depuis deux ans de difficultés budgétaires.

À l’inverse, certaines galeries telles que Blue Lotus dont les expositions sont le reflet de la vie locale ont bénéficié d’une sympathie certaine et d’un afflux de visiteurs et de ventes. Les artistes et professeurs eux-mêmes se mobilisent, comme Leung Chi Wo, qui appelle ses étudiants à se poser la question du rôle de l’œuvre d’art dans son contexte, évoquant notamment le caractère éphémère de la production graphique foisonnante qui relaie les messages des manifestants, servant d’outil de communication et de propagande. D’autres ont commencé à s’emparer des manifestations à l’instar d’Ai Weiwei qui a embauché des techniciens pour filmer les événements en vue d’une prochaine œuvre.

Le marché, lui, ne semble pas concerné. Alors qu’en octobre, la foire Fine Art Asia se tenant à Wan Chai, alors au cœur des affrontements, a vu sa première collaboration avec la foire londonienne Masterpiece réduite à un pavillon et ses transactions diminuer, les ventes d’automne de Sotheby’s ont été un succès. De même, les vacations de Christie’s ont enregistré plusieurs records, les Cinq Nus de Sanyu ont ainsi été adjugés 35 millions d’euros.

La victoire sans précédent des pro-démocratie aux élections risque de rebattre les cartes politiques avec des conséquences pour l’instant difficiles à prévoir pour le secteur culturel.