En soixante-dix ans, le Festival d’Avignon s’est imposé comme le premier festival de théâtre au monde, mais aussi comme un acteur économique essentiel de la cité des Papes.
Avignon. Depuis la manifestation créée par Jean Vilar en 1947, la cité des Papes se transforme chaque été en capitale européenne du théâtre contemporain [lire « Rencontre avec Olivier Py», p. 39]. La 71e édition du Festival « in » d’Avignon se tient du 6 au 26 juillet, avec une trentaine de spectacles – près de 300 représentations – dispersés dans une vingtaine de lieux. Tandis que la 52e édition du Festival « off » se déroule en parallèle du « in » et joue les prolongations du 7 au 30 juillet, avec 1 480 spectacles, dont 1 092 présentés pour la première fois. Débats, rencontres avec les artistes, lectures de textes inédits, projections de films, expositions réunissent environ 1 000 intermittents et saisonniers, près de 3 500 professionnels du spectacle vivant et 500 journalistes !
Le festival fait vivre l’une des villes les plus pauvres de France (un taux proche de 29 % en 2012, selon l’Insee). Pour 1 euro investi, le Centre Norbert-Elias de l’Université d’Avignon évalue à 6 euros les retombées locales. Lors de la grève des intermittents du spectacle en 2003, qui avait conduit cette année-là à l’annulation de l’édition, les pertes avaient été estimées à plus de 40 millions d’euros par la Chambre de commerce et d’industrie du département. Ces montants s’expliquent facilement. Avignon, c’est 120 000 billets payants vendus, 50 000 spectateurs dans des manifestations gratuites (selon les organisateurs du « in »), et autant de visiteurs qui investissent hôtels et restaurants et font tourner à plein régime les commerces de la ville (plus du tiers de leur chiffre d’affaires annuel est réalisé pendant le Festival). Sans compter les 6 millions de recettes de la SNCF pour le transport des festivaliers (33 % venant de la région d’Avignon, 26 % d’Île-de-France, 27 % des autres régions, 14 % de l’étranger, selon les chiffres du Festival officiel).
Le Festival d’Avignon en tant que tel est géré par une association, subventionnée par de nombreux partenaires publics parmi lesquels le ministère de la Culture. Il bénéficie d’un budget de 12,6 millions d’euros pour 2017, dont 58 % de subventions publiques et 42 % de recettes propres (billetterie, mécénat, partenariat et vente de spectacles).
En parallèle, le « off »
Contrairement au « in », le « off » ne perçoit aucune subvention et tire l’ensemble de ses recettes des frais d’inscription des compagnies indépendantes, de la billetterie ou des plateformes de financement participatif. L’absence de passerelles avec le « in », ou de partenaires privés et publics qui lui permettraient de garantir sa sécurité financière, met les organisateurs sur la brèche tous les ans. Est-ce pour cette raison que le « off » résiste ?
En 2016, 30 318 places ( 41 % par rapport à 2015) ont ainsi été vendues sur la billeterie centralisée (mais 1 million de billets sont vendus directement par les théâtres). 55 815 cartes d’abonnement, proposées au prix de 16 euros, permettent de bénéficier de tarifs préférentiels sur les spectacles du « off », sur l’entrée de musées (200 en France et 7 à l’étranger) et de 208 théâtres partenaires du « off » pendant un an. Pierre Beffeyte, le nouveau président de l’association « Avignon Festival & Compagnies » (AF&C) qui organise le « off » depuis 2006, milite pour sa professionnalisation. Un fonds de soutien de 250 000 euros a été mis en place pour la professionnalisation des acteurs. L’aide accordée par AF&C sera de 1 000 euros par artiste. Une première.
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Le Festival, moteur de l’économie d’Avignon
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Abonnez-vous dès 1 €La scène de la cour d'honneur du palais des Papes, lors de l'édition 2016 du Festival d’Avignon. © Photo : Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°483 du 7 juillet 2017, avec le titre suivant : Le Festival, moteur de l’économie d’Avignon