Royaume-Uni - Musée

Le British Museum dans la tourmente

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 6 septembre 2023 - 531 mots

Le grand musée londonien est entré en crise depuis l’annonce des vols dans ses collections qui se sont produits il y a deux ans.

Londres, Grande-Bretagne. Le « British » traverse une mauvaise passe après la révélation, en août, de vols dans ses collections. Près de 2 000 objets, principalement des pierres précieuses ou semi-précieuses allant de l’Antiquité au XIXe siècle ont été dérobées par un conservateur du musée qui en a vendu certains sur la plateforme eBay.

L’affaire en soi est grave, mais elle prend une tournure polémique lorsque l’on apprend que la direction du musée n’aurait pas pris l’information au sérieux quand elle a été informée de ces vols en 2021, soit il y a deux ans. Un marchand d’antiquités installé au Danemark avait, en effet, alerté par e-mail la direction du British de la mise en vente sur eBay de plusieurs objets dont il pensait qu’ils pouvaient provenir des collections du musée. Mais selon le New York Times, Jonathan Williams, le directeur délégué du musée a répondu au marchand que rien ne laissait supposer que les objets avaient disparu, tandis qu’en octobre 2022 Hartwig Fischer, le directeur général du musée, indiquait à un membre du conseil d’administration que l’affaire était close.

Depuis, la police a lancé une enquête, le conservateur suspecté d’avoir volé les objets a été licencié, Hartwig Fischer qui avait annoncé son départ en 2024 a dû démissionner avec effet immédiat et Jonathan Williams a été écarté de la direction. Plusieurs objets auraient été récupérés, mais les autorités sont peu disertes sur le sujet, compte tenu des investigations en cours.

Reprise en main par le président du musée

Le président du British Museum, George Osborne qui fut chancelier de l’Échiquier [ministre des Finances] de 2010 à 2016 tente de colmater les fuites, et elles sont nombreuses. Il doit d’abord s’expliquer sur le nombre exact d’objets volés, ce qui est quasi impossible car une grande partie de ces objets ne sont pas inventoriés, comme c’est le cas de 3,5 millions d’objets sur les 8 millions que comptent les collections du musée. Cette absence d’inventaire complet est d’ailleurs un autre sujet de polémique. Il doit aussi s’expliquer sur le comportement de la direction à la suite de l’e-mail du marchand. À sa connaissance, la direction n’a pas tenté d’étouffer l’affaire, mais il reste prudent attendant l’enquête interne qui devrait être lancée.

Enfin, il doit faire face aux nombreux pays qui se sont emparés de l’affaire pour exiger la restitution d’objets selon eux volés et qui ne seraient pas en sécurité dans le musée, à commencer par la Grèce qui redouble de déclarations pour obtenir le retour des marbres du Parthénon. Un officiel du Nigeria lui a emboîté le pas en réitérant la demande de restitution des bronzes du Bénin, suivi par un quotidien chinois – réputé porte-parole officieux du gouvernement – qui appelle le retour des 23 000 objets chinois détenus par le British.

Sir Mark Jones, l’ancien patron du Victoria & Albert Museum a été nommé directeur par intérim durant le week-end du 3 septembre. « Ses priorités sont d’accélérer l’inventaire des collections, d’améliorer la sécurité et de renforcer l’honneur de la mission scientifique du musée », a indiqué George Osborne.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°616 du 8 septembre 2023, avec le titre suivant : Le British Museum dans la tourmente

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