La résidence d’artistes Moly-Sabata rejoint la Fondation des artistes

Lyon. Moly-Sabata revient de loin et doit sa survie à la Fondation des Artistes. Au sud de Lyon, la belle bâtisse entourée d’un parc, émanation de la Fondation Albert Gleizes, créée par le couple d’artistes Albert Gleizes et Juliette Roche, a plus d’une fois failli fermer ses portes. Redevenue aussi dynamique qu’hospitalière, soutenue par les collectivités locales, elle voyait cependant son existence menacée, faute de revenus propres de la fondation mère. La Fondation Albert Gleizes disposait cependant de biens immobiliers et de collections, remis en dotation, mais qui ont été progressivement vendus pour remplir ses missions, notamment l’édition du catalogue raisonné des œuvres d’Albert Gleizes.

Le transfert de Moly-Sabata à la Fondation des Artistes était en gestation depuis 2019. La dissolution de la Fondation Gleizes en constitue le préalable nécessaire : elle doit être prononcée par le Conseil d’État, lequel doit constater qu’aucun bien mobilier ni immobilier n’est plus à son actif.

Moly-Sabata reçoit chaque année près de 25 artistes, selon des modalités variées. Certains sont invités par les centres d’art de la région, pour une durée d’un à deux mois, afin de produire des œuvres en vue d’une exposition. Des résidences se sont également développées en partenariat avec différents pays européens. Les artistes invités le sont pour mener des actions pédagogiques sur le territoire, pour des phases de production avec restitution ou pour des projets ponctuels tels que des grandes cuissons de céramique ou des stages de poterie.

Depuis 2019, les œuvres de la collection Albert Gleizes toujours en sa possession ont été offertes à plus d’une vingtaine de musées français. Pour préparer la dévolution de la résidence de Moly-Sabata, son dernier bien immobilier, la Fondation Gleizes s’est résolue à vendre un ensemble d’œuvres de Juliette Roche, « après avoir pris soin de les restaurer et d’organiser une exposition qui a circulé dans plusieurs musées en France et fait l’objet d’un catalogue », précise l’administratrice, Virginie Retornaz.

Une vente orchestrée par Artcurial, en avril 2023, a ainsi remporté un succès inattendu. Mais les tableaux de Juliette Roche ont de la sorte été dispersés, acquis par des collectionneurs internationaux, par quelques musées ainsi que par la galerie Pauline Pavec. « Le bénéfice de cette vente aux enchères a permis, explique l’équipe de Moly-Sabata, d’assurer les ultimes étapes d’activité de la Fondation Gleizes avant sa dissolution. Le capital restant, une fois la dissolution actée, sera transmis à la Fondation des Artistes. »

Cette nouvelle tutelle ne devra pas dispenser les collectivités locales de maintenir les subventions que Moly-Sabata perçoit jusqu’à présent pour son fonctionnement. La Région Auvergne-Rhône-Alpes verse 50 000 euros pour l’accueil d’artistes en résidence, en partenariat avec les centres d’art de la région. La Communauté de communes entre Bièvre et Rhône alloue 57 000 euros, pour une action territoriale en faveur de la diffusion de l’art contemporain. Le Département participe à hauteur de 27 000 euros, dans le cadre du Prix Art contemporain qu’il décerne, et au titre de la valorisation de l’histoire du site labellisé « Patrimoine en Isère ». À ces 134 000 euros s’ajoutent des aides de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) en faveur de l’éducation artistique et culturelle, pour la rémunération des artistes. Moly-Sabata fait aussi appel à du mécénat, dans le cadre de la production de son exposition annuelle, pour un montant d’environ 10 000 euros. « En tout, son budget annuel s’élève à 180 000 euros », indique l’administration.