GENÈVE / SUISSE
La justice suisse a annulé cette semaine le classement de la procédure ouverte suite à la plainte du président de l'AS Monaco Dmitri Rybolovlev contre le marchand d'art Yves Bouvier, qu'il accuse d'escroquerie.
La procédure avait été classée l'an dernier par le premier procureur genevois, mais le milliardaire russe avait immédiatement annoncé son intention de faire appel. Dans un communiqué publié jeudi, les avocats des sociétés liées aux trusts familiaux de M. Rybolovlev ont annoncé que la Cour de justice de Genève a demandé au procureur de reprendre l'instruction de l'affaire Bouvier.
« Cet arrêt démontre la vacuité de la défense d'Yves Bouvier et l'inanité de ses déclarations fantaisistes », ont déclaré Me Sandrine Giroud et Me Benoît Mauron. « Nos mandants attendent sereinement la suite de la procédure et sont convaincus que la responsabilité criminelle d'Yves Bouvier et de ses acolytes sera promptement établie. »
Dans un arrêt rendu le 26 juillet et vu jeudi par l'AFP, la Chambre pénale de recours de la Cour de justice de Genève souligne notamment que « l'intérêt public à la poursuite perdure », expliquant que « le prétendu dommage causé » aux sociétés liées aux trusts familiaux de M. Rybolovlev approche « le milliard de francs suisses » (plus d'un milliard d'euros).
Pour sa part, Yves Bouvier a indiqué qu'il « se réjouit de l'ouverture d'une enquête complémentaire à Genève ». « Il me tarde donc que le travail de la justice puisse avoir lieu pour faire éclater la vérité de façon définitive », a-t-il dit jeudi dans un communiqué. « Le Parquet de Genève approfondira son investigation, pour confirmer sans conteste la vacuité des thèses de M. Rybolovlev », a indiqué pour sa part l'un des avocats de M. Bouvier à Genève, Me David Bitton.
En janvier 2015, le milliardaire russe avait accusé M. Bouvier de l'avoir escroqué en lui revendant avec des marges exorbitantes une collection de tableaux digne d'un musée - dont le Salvator Mundi de Léonard de Vinci, depuis cédé pour 450 millions de dollars, mais aussi des Picasso, Matisse, Van Gogh...
Il avait porté plainte à Monaco pour des escroqueries commises selon lui à l'occasion de trois transactions, portant sur un de Vinci, un Gauguin et un Rothko. Ses avocats avaient aussi saisi la justice suisse pour de nombreuses autres transactions, entachées selon eux d'escroquerie, d'abus de confiance et de blanchiment d'argent. Dans ce vaste dossier, des procédures sont également en cours à New York et à Singapour. M. Bouvier s'est défendu de toute escroquerie et a affirmé avoir réalisé des plus-values comme toute personne achetant et revendant un bien en a le droit.
Le 12 décembre 2019, dans un rebondissement rarissime, la procédure intentée en 2015 pour escroquerie contre M. Bouvier par M. Rybolovlev a été entièrement annulée par la Chambre du conseil de la Cour d'appel de Monaco, au motif qu'elle était inéquitable et avait été menée de « manière partiale et déloyale » en raison notamment des relations entre les avocats de M. Rybolovlev, les enquêteurs et le procureur général de l'époque.
La justice monégasque a par ailleurs inculpé le milliardaire pour « corruption active », « trafic d'influence » et « prise illégale d'intérêts ». Dans ce dossier sensible, il est soupçonné d'avoir abusé de ses bonnes relations avec des responsables de la Principauté.
Cet article a été publié par l'AFP le 28 juillet 2022.
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La justice suisse annule le classement de la plainte de Rybolovlev contre le marchand d'art Bouvier
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