Politique culturelle

PRÉSIDENTIELLE 2022

La culture en campagne (4/7)

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 17 février 2022 - 857 mots

PARIS

Alors que la campagne présidentielle s’anime, c’est dans les partis de gauche que les propositions en faveur de la création sont les plus nourries.

Artiste au travail dans son atelier. © Ottawagraphics/Pixabay License
Artiste au travail dans son atelier.

Paris. La campagne électorale commence enfin à prendre. Ce n’est pas encore l’emballement mais la succession des grands meetings des candidats et la multiplication de leurs passages dans les émissions de radio et de télévision font monter la température. La situation sanitaire desserre son étau dans les hôpitaux et dans les médias tandis que les menaces de guerre de la Russie contre l’Ukraine et la situation au Mali font entrer l’actualité internationale dans les débats.

Dans ce contexte chargé, c’est encore une fois sur Internet que l’on en apprend un peu plus sur les propositions des candidats pour la Culture. Yannick Jadot (Europe Écologie-Les Verts), qui n’avait présenté aucune mesure dans ce domaine dans son grand discours prononcé à Lyon le 29 janvier, a finalement mis en ligne ses 120 propositions dont plusieurs concernent la culture. Sous le judicieux intitulé « La culture, créatrice des imaginaires de demain », le candidat écologiste mêle déclarations d’intention et mesures pratiques avec une attention qui contraste avec le score qu’il obtient dans le sondage Viavoice-Communic’Art. Se démarquant de la gauche radicale, il ne vise pas le chimérique 1 % du PIB pour la Culture mais veut ajouter 1 milliard d’euros par an au budget du ministère de la Culture (qui est de 4 milliards en 2022, médias compris, hors plan de relance). La philosophie de son programme est un peu à l’image de l’action des maires écologistes : une politique locale, participative et multiculturelle, attentive à la diversité des expressions artistiques et parfois originale. Il est ainsi le seul à notre connaissance à vouloir promouvoir les langues régionales. Il doit cependant sacrifier à la rhétorique d’une partie des Verts en revendiquant des « lieux culturels indépendants », sans préciser de quoi : du mécénat privé ? des collectivités ?

Les artistes-auteurs au cœur des politiques de création

Mais ce qui caractérise le plus le programme de Yannick Jadot est l’absence de toute mesure sinon même allusion au patrimoine, au profit d’une politique résolument tournée vers la création dont il veut augmenter la part dans le budget du ministère à 25 % (alors qu’elle est déjà de 26 % hors médias). Sa mesure phare en ce domaine est « un revenu garanti pour les artistes-auteurs qui ont vocation à vivre de leur création et dont les métiers ne relèvent pas du régime de l’intermittence du spectacle ». Mais le candidat écologiste n’explique pas comment il va distinguer les artistes qui ont vocation à vivre de leur création des autres (les amateurs ?), et quel serait le montant de ce revenu garanti.

Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) est plus généreux – quoiqu’ambigu – et veut « étendre le régime des intermittents du spectacle aux professions culturelles et événementielles discontinues comme les guides-conférenciers ». Les artistes relèvent-ils des « professions culturelles discontinues » ? Jean-Luc Mélenchon reprend par ailleurs une des mesures du rapport de Bruno Racine sur les artistes-auteurs, la création d’un « Centre national des artistes-auteurs ». Plus inattendu, il veut aider les communes qui le souhaitent à transformer les panneaux publicitaires « en espaces d’affichage pour les artistes ».

À gauche toujours, les mesures de Fabien Roussel (Parti communiste français) en faveur de la création sont générales et attendues, notamment quand elles veulent se prémunir « de l’industrie numérique nord-américaine ». Inutile de chercher des mesures en faveur de la création chez Christiane Taubira, pourtant plébiscitée dans le sondage du JdA : il n’y a aucun programme culturel. Il est vrai que la campagne de l’ex-ministre de la Justice s’enlise, plombée par un possible ralliement à Yannick Jadot. Anne Hidalgo (Parti socialiste) voudrait de son côté multiplier les artothèques sans préciser la part des œuvres des jeunes créateurs.

À droite et extrême droite ? pas grand-chose dans le domaine de la création. Marine Le Pen (Rassemblement national) a enfin publié son programme intitulé « 22 mesures pour 2022 », mais il n’y a rien sur la Culture tandis qu’Éric Zemmour (Reconquête !) a ajouté trois fiches programmes aux douze déjà publiées, mais là aussi rien sur la Culture. On a cependant une petite idée de son opinion sur la question lorsqu’il écrit dans La France n’a pas dit son dernier mot (2021) : « On a méprisé le culte de la beauté au profit d’une conception de l’art “conceptuel” qui privilégie avant tout le message et l’intention révolutionnaire. » Valérie Pécresse (Les Républicains) entend lancer un programme de commande (sans préciser de montant) auprès de jeunes créateurs, pour des œuvres qui seront déposés dans des musées de province, charge à ces derniers de les faire circuler dans les territoires (cela fait déjà partie des missions des Frac [Fonds régionaux d’art contemporain]…).

Le quasi-candidat Emmanuel Macron (La République en marche) continue à mettre en place son équipe de campagne. On sait déjà que ses propositions seront ancrées dans la vie quotidienne des Français, ce qui invite à aller consulter les 90 propositions du parti majoritaire, publiées en juillet 2020 et que l’on avait un peu oubliées. Dans le domaine culturel, on retient surtout des propositions concernant l’Éducation artistique et culturelle (EAC) et le Pass culture, objets de la prochaine chronique.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°583 du 18 février 2022, avec le titre suivant : La culture en campagne (4/7)

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