Les candidats sont tout aussi unanimes à condamner l’invasion russe qu’à promouvoir l’Éducation artistique et culturelle (avec des nuances dans les deux cas).
France. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a littéralement anesthésié la campagne électorale dont n’émergent que les communiqués des candidats dénonçant plus ou moins la guerre, selon leur niveau de sympathie à l’égard de Vladimir Poutine. Sans que l’on puisse établir le moindre rapport entre ces deux faits, on observe qu’Éric Zemmour (Reconquête !) et Marine Le Pen (Rassemblement national), jadis peu hostiles à l’égard de l’autocrate, sont les seuls des candidats à ne pas avoir – encore – rendu public leur programme dans le domaine culturel.
Cette absence n’est cependant pas un problème pour le sujet du jour : l’Éducation artistique et culturelle (EAC). Tous les candidats veulent renforcer cet enseignement et favoriser la rencontre avec les artistes dans les écoles, collèges et lycées. On ne prend donc pas trop de risques à supposer que les deux candidats souverainistes y sont aussi favorables, sans doute avec des nuances comme le troisième candidat souverainiste, François Asselineau (Union populaire républicaine), qui souhaite systématiser « les sorties scolaires dans les grands lieux de l’histoire de France ».
Le (quasi-)unanimisme derrière l’EAC montre bien le chemin parcouru depuis le plan Tasca-Lang de 2001 et la prise de conscience des politiques sur le rôle de la culture dans l’épanouissement des élèves. C’est d’ailleurs ce qui ressortait du sondage Viavoice-Communic’Art pour Le Journal des Arts en mai dernier (lire JdA n° 567), dans lequel le développement de l’EAC à l’école était en deuxième position des priorités des Français en matière culturelle avec 41 % de réponses, ex aequo avec la protection du patrimoine, et juste derrière « Rendre la culture plus accessible financièrement » (54 %).
Pour autant les candidats ont du mal à aller au-delà des déclarations d’intention en la matière et à formuler des mesures précises, comme ils s’abstiennent de critiquer la politique actuelle d’EAC par manque de prises sur le sujet. À droite, Valérie Pécresse (Les Républicains) veut « jumeler chaque école avec un établissement culturel du territoire » et « que chaque école ait un projet culturel porté par un artiste ». La rencontre avec les artistes est d’ailleurs une nouveauté de cette campagne par rapport aux précédentes. Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), qui a mis à jour son programme culturel, veut doubler le plafond d’heures prises en compte dans l’assurance chômage (55 actuellement) des artistes qui interviennent en milieu scolaire.
À gauche, c’est Anne Hidalgo (Parti socialiste) qui est la plus concrète en voulant que, dès 2023, 10 000 artistes soient accueillis dans les écoles. Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) ne s’attarde pas trop sur le sujet, de même que Jannick Jadot (Europe écologie-les Verts) alors que ces deux candidats ont en général plutôt bien « travaillé » leur programme culturel. Fabien Roussel (Parti communiste français) qui veut « remettre sur le métier un plan national pour l’Éducation artistique à l’école », ne propose dans la pratique que d’augmenter (sans précision) le nombre d’heures consacrées à ces enseignements. En revanche, il est l’un des rares à se préoccuper de la culture à l’université en y rendant « obligatoire les heures consacrées aux pratiques culturelles ».
Aucun candidat ne s’est risqué à avancer des budgets consacrés à l’EAC alors qu’ils sont plus diserts s’agissant du patrimoine, confirmant que cette ambition est encore difficile à appréhender.
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La culture en campagne (5/7)
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°584 du 4 mars 2022, avec le titre suivant : La culture en campagne (5/7)