Les magistrats demandent qu’il n’y ait pas de nouvelle « grande commande publique » avant un bilan complet de la saison 1.
Dans un rapport général sur les crédits exceptionnels alloués à la culture pendant et après le covid, la Cour des comptes relève plusieurs bizarreries dans le programme Mondes nouveaux. Initialement connu sous le nom de « grande commande publique », annoncé par Emmanuel Macron en 2020 lors d’une visioconférence d’anthologie, ce programme ne s’est avéré être pas une « commande » mais un appel à manifestation d’intérêt (AMI). C’est plus qu’une nuance, puisque dans un AMI, les œuvres appartiennent à leurs auteurs bien qu’en l’espèce, l’État ait financé leur production et diffusion pour la somme totale de 30 millions d’euros.
La répartition des coûts est la première interrogation de la Cour qui note que si 16 % des montants dépensés sont allés aux artistes, une part beaucoup plus importante a servi à financer la production des œuvres. En particulier elle pointe que sur les 50 projets produits par des agences (61 ont été produits par le CMN), deux agences – Eva Albarran et Vivanto – ont capté la quasi-totalité des commandes de production avec des coûts moyens très supérieurs aux coûts lorsque les œuvres sont produites par les artistes eux-mêmes ou le CMN. De sorte que le montant total versé aux agences représente 26,5 % du budget total.
Les magistrats notent que « l’opération a souffert d’un défaut de visibilité et de médiation », - un euphémisme pour une opération passée quasiment inaperçue du grand public et même des professionnels. Malgré un budget conséquent de communication et d’évènementiel de 1,34 million d’euros.
Les magistrats regrettent ensuite que l’opération, pilotée par l’ex-directeur du Musée national d’art moderne, Bernard Blistène (aujourd’hui à la retraite de la fonction publique), ne soit pas entrée dans les cadres habituels qui ont fait leur preuve (achat des Frac, 1 % artistique) et que les Directions régionales des affaires culturelles aient été marginalisées. On a envie d’ajouter le CNAP dans la liste des exclus. Curieusement la Cour ne donne pas de chiffres sur les coûts de fonctionnement du programme, mais par déduction il serait de 7 millions d’euros, ce qui n’est pas rien.
Après avoir pointé ces réserves, la Cour demande que Mondes nouveaux II (doté aussi de 30 M€), inscrit dans la loi de finances 2023 ne soit pas lancé avant que le ministère n’ait fait un bilan du premier acte.
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La Cour des comptes questionne Mondes nouveaux
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