PARIS
La ministre de la Culture répond point par point aux critiques de la Cour des comptes dans son audit de la Bibliothèque publique d’information.
Paris. Un rapport de la Cour des comptes, c’est un peu le bulletin d’un collégien dans lequel les professeurs n’indiqueraient que les mauvaises notes et jamais les bonnes, même s’il y en a. Aucune des observations transmises le 20 novembre dernier par le président de la Cour, Pierre Moscovici, à la ministre de la Culture, à l’issue de son contrôle de la Bibliothèque publique d’information (BPI), n’est positive.
Les magistrats commencent par pointer la chute du nombre d’entrées qui est passé de 4 millions en 1977 à 1,35 million en 2018, soit, compte tenu des usagers qui viennent plusieurs fois par an, environ 250 000 personnes, dont un noyau dur de 500 à 1 000 personnes. Ils notent que dans la journée les « longues » files d’attente sont dues à un sous-effectif au filtrage à l’entrée (230 agents travaillent à la BPI) alors que la fréquentation est faible le soir. Tout cela pour un coût élevé : 20 euros par entrée, notamment en raison de l’ouverture le dimanche. Ce à quoi Roselyne Bachelot réplique dans son courrier du 27 janvier qu’il est indispensable de continuer à ouvrir la BPI le dimanche aux étudiants d’Île-de-France car seules deux bibliothèques universitaires ouvrent ce jour-là, et seulement de temps en temps.
Les sages de la Rue Cambon ont fait leurs comptes : alors que 80 % des ouvrages ne seraient jamais consultés, la BPI continue à acheter beaucoup, et le plus souvent au format papier. D’ailleurs, la bibliothèque « dont on aurait pu attendre qu’elle soit à la pointe du changement [dans les usages numériques] est, au contraire, restée très en retrait ». Elle n’y consacre qu’un tiers de ses investissements. Sur ce point, la ministre semble d’accord et réfléchit à un plan en faveur du numérique.
Les magistrats affirment péremptoirement que la « BPI assume médiocrement » son rôle d’animation du réseau de lecture publique, mais sans donner de chiffres. De même, ils pointent le manque de synergies concrètes avec le Centre Pompidou, doutant que la création d’une entrée commune aux deux établissements sur la piazza, comme cela est prévu dans les travaux, change la situation. La ministre s’oppose fermement à toute fusion entre les deux administrations, rappelant que les objectifs et les publics des deux établissements sont très différents : « La gestion de la BPI relève d’orientations de la politique publique des bibliothèques, tandis que celle du Cnac-GP [le Centre Pompidou] découle de la politique des musées », écrit-elle. Pas étonnant donc qu’il y ait si peu de synergies. De quoi relancer le débat sur l’intérêt de garder la BPI dans le bâtiment alors que le Centre aurait bien besoin des 10 000 mètres carrés de la BPI.
Au passage, on croit comprendre dans la lettre de la ministre que les travaux de la BPI, qui devaient démarrer en septembre 2021, sont calés sur ceux du Centre Pompidou en 2023 et que la BPI devra s’installer dans des locaux provisoires (sans dire où) car le site sera entièrement fermé au public. Locaux provisoires dont le Centre, lui, est privé.
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La BPI du Centre Pompidou inquiète la Cour des Comptes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°561 du 19 février 2021, avec le titre suivant : BPI : passe d’armes entre Pierre Moscovici et Roselyne Bachelot