Jeux Olympiques

Dominique Hervieu : « Nous avons voulu renouer avec la dimension philosophique des jeux antiques »

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 9 avril 2024 - 607 mots

Moins connue que la compétition sportive, la dimension artistique des JO existe pourtant depuis le début. Sa directrice, Dominique Hervieu, explique la nature de cette autre olympiade.

Dominique Hervieu. © Paris 2024
Dominique Hervieu.
© Paris 2024
Pourquoi une Olympiade culturelle ?

Dominique Hervieu : Le lien entre art et sport fait partie de l’histoire des Jeux olympiques. Pierre de Coubertin a repris cette dimension en lançant des épreuves olympiques en peinture, sculpture, littérature, musique et architecture. Lui-même s’est inscrit à ces concours d’art sous pseudonyme dans la section poésie. Ces épreuves artistiques ont été abandonnées après les JO de Londres en 1948 pour laisser place à des programmes culturels. L’Olympiade culturelle sous sa forme actuelle est née aux Jeux olympiques de Barcelone, en 1992.

Qu’est-ce qui distingue cette Olympiade Paris 2024 de celle de Londres 2012 qui est la référence ?

D.H : Nous avons voulu renouer avec la dimension philosophique des jeux antiques c’est-à-dire avec ce dialogue art, sport, valeurs olympiques que les 2112 projets labélisés Olympiade culturelle développent chacun à sa manière. Ce qui n’était pas du tout la ligne éditoriale à Londres, un grand festival rassemblant Shakespeare, musique pop ou Pina Bausch, avec un volet diplomatie culturelle important.

Qu’est-ce qui vous marque dans les projets qui vous ont été soumis ?

D.H : La dimension jouissive du sport et de l’événement hors norme que sont les Jeux olympiques et paralympiques avec, au niveau des musées, deux expositions socle se référant à l’histoire des Jeux olympiques. Celle du Louvre, « L’Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique », remontant aux sources, et celle du Palais de la Porte dorée « Olympisme. Une histoire du monde », abordant l’histoire mondiale par le prisme des Jeux olympiques.

Les musées s’attendent à une baisse de la fréquentation cet été. Qu’en a-t-il été à Londres ?

D.H : Il y a eu une baisse de 20 %. Trois choses nous distinguent toutefois de Londres. Premièrement, une grande partie des épreuves se passe à Paris et les lieux culturels se situent à proximité des sites de compétition. Notez par ailleurs que 82 % des événements programmés dans le cadre de l’Olympiade culturelle seront gratuits. Deuxièmement, l’attractivité culturelle et artistique de Paris est plus forte que celle de Londres. Paris Musées propose d’ailleurs un « pass collector spécial JO » qui donnera accès aux expositions temporaires. Enfin, pour la première fois, il y aura une application qui permettra de géolocaliser à la sortie d’une épreuve sportive les sites culturels ou patrimoniaux situés à proximité.

Que désirez-vous qu’il reste de cette Olympiade culturelle ?

D.H : Les collaborations inédites qu’elle a suscitées. Le Centre Pompidou et les musées du Louvre, d’Orsay, de l’Orangerie et du Quai Branly ont ainsi imaginé une épreuve culturelle gratuite sous la forme d’un jeu de piste où il s’agit de décoder une phrase mystère à partir d’énigmes à résoudre d’un lieu à un autre. Autre exemple : le programme artistique « Métropolitaine », co-construit par 13 lieux de la métropole du Grand Paris engagés dans la production et diffusion de l’art contemporain (Mac Val, Ateliers Médicis…) à partir d’un récit commun lié par la création d’une œuvre nomade de l’artiste Maxime Rossi.

12,2 M€

C’est le budget alloué à l’Olympiade culturelle par le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJOP).


Olympiade Culturelle

C’est en 1904 que Pierre de Coubertin relance le dialogue entre art et sport. La première Olympiade se déroule lors des Jeux de 1912 à Stockholm. Elle prend de l’ampleur à Paris en 1924 avec 23 nations représentées et 189 œuvres exposées.

 

« Sportifs et artistes partagent secrètement la conscience qu’un exploit ou un chef-d’œuvre sont faits autant de préparation que d’inexpliqué, et que les réitérer ne relève d’aucune méthode sûre. » Éric Ruf, comédien et administrateur général de la Comédie-Française.

Dominique Hervieu
est la directrice artistique de Paris 2024. Danseuse et chorégraphe, elle a dirigé le Centre chorégraphique national de Créteil, le Théâtre national de Chaillot et enfin la Maison de la danse et la Biennale de la danse, à Lyon.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°774 du 1 avril 2024, avec le titre suivant : Dominique Hervieu : « Nous avons voulu renouer avec la dimension philosophique des jeux antiques »

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