Bien que présent dans les collections des musées français, l’art des Indiens d’Amérique du Nord fait l’objet de peu d’expositions. Mais cet hiver, à Bruxelles et Paris, les « premières Nations » sont à l’honneur.
Sous son décor de plumes d’autruche et de rubans de soie, le bonnet pointu de femme Micmac conservé dans la collection d’Eugene et Clare Thaw, et réalisé en Nouvelle-Écosse au milieu du XIXe siècle, rappelle étrangement les coiffes bretonnes traditionnelles. Et pour cause, il n’est devenu partie intégrante du costume des Indiens qu’au début du XVIIIe, près d’un siècle après l’importation du modèle original par des Françaises ! Des contacts de Jacques Cartier avec les Iroquois du Saint-Laurent, au début du XVIe siècle, aux échanges “culturels” favorisés un siècle plus tard par Samuel de Champlain, fondateur du Québec, les liens entre Français et tribus indiennes du Nord sont documentés dès l’arrivée des colons. Au XIXe siècle, des collectionneurs comme Pinart n’hésitent pas à financer des expéditions pour rapatrier de précieux objets, tel le masque Tsimshian du Musée de l’Homme. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les surréalistes exilés à New York autour d’André Breton découvrent un support idéal à leur fascination pour l’occulte et le fétiche. C’est sur le mode du “si loin, si proche” que se sont établies les relations entre Indiens et Français. Si des institutions comme le Musée de l’Homme à Paris, le Musée des beaux-arts de Chartres, le Musée d’Angers, le Musée du Nouveau Monde de La Rochelle ou encore le Musée d’arts africains, océaniens et amérindiens à Marseille conservent de nombreuses œuvres, les expositions d’envergure sur le sujet sont rares. Parallèlement à la manifestation bruxelloise consacrée aux “premières Nations” d’Amérique du Nord (lire le JdA n° 91, 22 octobre 1999), la Fondation Mona Bismarck propose, à travers la collection d’Eugene et Clare Thaw ordinairement exposée à Cooperstown, aux États-Unis, un panorama relativement complet d’un art marqué par la diversité des expressions. Poterie, vannerie ou travail du cuir, la production diffère selon l’origine géographique de leurs auteurs. Comment parler d’unité à l’échelle d’un continent ?
- ART DES INDIENS D’AMÉRIQUE DU NORD DANS LA COLLECTION D’EUGENE ET CLARE THAW, 21 janvier-18 mars, Fondation Mona Bismarck, 34 avenue de New York, 75116 Paris, tél. 01 47 23 38 88, tlj sauf dimanche, lundi et jours fériés 10h-18h30. Catalogue, éditions Somogy, 168 p., 200 F.
- INDIAN SUMMER, LES PREMIÈRES NATIONS D’AMÉRIQUE DU NORD, jusqu’au 26 mars, Musées royaux d’Art et d’Histoire, parc du Cinquantenaire, 1000 Bruxelles, tél. 32 2 741 72 11, tlj sauf lundi 10h-17h, jeudi 10h-20h. Catalogue, 230 p., 890 FB.
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Des connaissances lointaines
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°96 du 7 janvier 2000, avec le titre suivant : Des connaissances lointaines