Écrivains, voyageurs, érudits, historiens, ecclésiastiques, on ne compte plus ceux qui ont fait l’hommage d’un ouvrage à la Ville éternelle, des Mirabilia Urbis Romae, au XIIe siècle, aux Promenades dans Rome de Stendhal. Plusieurs publications récentes viennent abonder cette déjà pléthorique bibliographie. La plus importante est sans aucun doute Rome, portrait d’une ville de Richard Krautheimer, enfin traduit (et bien) en français. Publiée en 1980 cette somme, aboutissement d’une vie d’études, entreprend de “retracer un millénaire de l’histoire de Rome à travers ses monuments et les transformations de la topographie urbaine, plutôt que l’histoire de ses monuments”. Du règne de Constantin au départ des papes pour Avignon, l’ouvrage ressuscite la Rome médiévale, souvent occultée par les merveilles de l’Antiquité ou de la Renaissance. Épousant les vicissitudes de cette histoire tourmentée, l’auteur s’attache à mettre en valeur les nombreux retours au modèle constantinien, au Ve, au IXe, puis au XIIe siècle, expression d’un rêve jamais éteint d’un magister universel, à la fois temporel et spirituel. Si elle s’adresse d’abord à un public connaissant bien la cité et ses monuments, cette magistrale synthèse impose un regard personnel et une incroyable érudition. Rome, chez Citadelles-Mazenod, nourrit la même ambition de brosser le portrait d’une ville, mais sur une séquence plus longue, de l’Antiquité à nos jours, et fait ainsi place aux mutations sans précédent intervenues depuis 1870, lorsque Rome devient la capitale de l’Italie unifiée. L’Art de Rome, édité par Mengès, est également servi par une belle iconographie mais passe sous silence, ou presque, la période post-unitaire et se présente plutôt, pour reprendre la distinction de Krautheimer, comme “une histoire des monuments de Rome”. On retrouve la fascination de l’Antique, fil conducteur de toutes ces histoires, dans Fragments de la Rome antique : y sont reproduits les envois des lauréats du Prix de Rome d’architecture (Tony Garnier, Percier, Labrouste…). Quant à L’art de vivre à Rome, qui invite le lecteur à découvrir intérieurs et palais, il voudrait évoquer l’esprit des Promenades dans Rome, mais démontre, si besoin en était, que n’est pas Stendhal qui veut.
- Richard Krautheimer, Rome, portrait d’une ville 312-1308, Le Livre de Poche, coll. "Références Art", 900 p., 90 F. ISBN 2-253-90562-3.
- Sous la direction de Marco Bussagli, L’Art de Rome, Mengès, 2 vol., 680 p., 1 050 F. ISBN 2-8562-0412-0.
- Catherine Brice, Claudia Moatti, Mario et Matteo Sanfilippo, Rome, Citadelles-Mazenod, 496 p., 500 ill., 1 200 F. ISBN 2-85088-151-1.
- Sous la direction de Massimiliano David, Fragments de la Rome antique, Hazan, 220 p., 150 ill., 295 F. ISBN 2-85025-701-X.
- Bruno Racine, photographies d’Alain Fleisher, L’art de vivre à Rome, Flammarion, 216 p., 220 ill. coul., 295 F.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°96 du 7 janvier 2000, avec le titre suivant : Quelques livres...