BERNE (SUISSE) [07.07.14] - Le plus vieux musée helvétique s’est entouré d’une représentation juridique afin d’examiner toutes les implications du legs de Cornelius Gurlitt.
Avant son décès le 6 mai dernier, Cornelius Gurlitt avait rédigé deux testaments désignant le Musée des beaux-arts de Berne légataire universel de l’ensemble de ses biens, parmi lesquels figurent plus de 1 600 œuvres d’art. Cette nouvelle avait créé la surprise générale, à commencer par les intéressés eux-mêmes, qui avaient accueilli la nouvelle « comme un coup de tonnerre ».
La loi allemande prévoit que le musée dispose d’un délai de six mois pour accepter ou refuser l’héritage. Alors que le musée avait dans un premier temps envisagé de prendre une décision rapide, le conseil de la fondation du Musée des beaux-arts Berne a déclaré le 4 juillet que « les six mois de délai prévus par la loi seront vraisemblablement nécessaires à l’accomplissement de cette tâche ». La fondation a par ailleurs mandaté les services du cabinet d’avocats CMS von Erlach Poncet de Zurich et de ses cabinets partenaires implantés à Munich, Berlin et Vienne. La fondation souhaite en effet analyser toutes les implications juridiques et matérielles de cette succession avant de prendre sa décision.
Il s’agit d’une mauvaise nouvelle pour les héritiers de familles juives spoliées : les demandes de restitution seront d’autant retardées. Christopher Marinello, avocat représentant Anne Sinclair et les héritiers de Paul Rosenberg, affirme comprendre la complexité du legs de Cornelius Gurlitt. Mais il se déclare préoccupé par les délais engendrés par la décision du musée d’utiliser la période des six mois qui lui est imparti : « Nous demandons au tribunal en charge des successions et au musée d'être sensible aux préoccupations des victimes âgées et des familles dont les demandes ont été confirmées par la taskforce, et qui souhaitent simplement la restitution d’œuvres d'art acquises sous la contrainte il y a plus de soixante-dix ans. » La taskforce gouvernementale a en effet recommandé le 11 juin dernier la restitution d’une œuvre de Matisse aux héritiers de Paul Rosenberg, mais cette restitution ne pourra avoir lieu tant que la succession n’est pas réglée.
A supposer que le musée refuse l’héritage, les parents éloignés de Cornelius Gurlitt, dont certains résident à l’étranger, disposeraient également d’un délai de six mois pour prendre une décision. Le délai pour les résidents allemands est de six semaines.
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Succession Gurlitt : le Musée des beaux-arts de Berne se donne six mois de réflexion
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Abonnez-vous dès 1 €Musée des beaux-arts de Berne, Suisse - © Photo Andreas Praefcke - 2009 - Licence CC BY 3.0