BERNE (SUISSE) [04.11.14] – Le président du Congrès juif mondial s’est exprimé face à la presse allemande pour avertir le Musée des beaux arts de Berne de l’« avalanche de procès » que déclencherait l’acceptation de l’héritage de Cornelius Gurlitt.
Alors que le Musée des beaux-arts de Berne s’est donné jusqu’au 26 novembre 2014 pour accepter ou refuser la collection que lui a léguée Cornelius Gurlitt, le président du Congrès juif mondial (CJM) Ronald Lauder a fortement déconseillé au musée d’accepter précipitamment ce lourd héritage. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire allemand Spiegel aux côtés de Monika Grütters, la ministre de la Culture allemande, il prédit une « avalanche de procès » contre l’établissement si celui-ci se risquait à accepter le désormais célèbre trésor de Munich, comparant la décision à ouvrir une « boîte de Pandore ».
Ronald Lauder exige également plus d’engagement de la part des musées allemands dans la recherche d’œuvres spoliées, et cela aussi bien pour les œuvres conservées dans des collections particulières que celles exposées dans des institutions muséales. Il faudrait selon lui « punir » les musées qui « cachent des œuvres ».
Monika Grütters, qui a déjà pris diverses initiatives pour permettre l’identification des œuvres spoliées, telles que la création d’un centre dédié à la recherche de provenance d’œuvres à Magdebourg, donne raison à Lauder : « La lenteur avec laquelle les choses s’opèrent n’est malheureusement pas qu’une impression ». Lauder a par ailleurs suggéré que la législation allemande avait besoin d’être modifiée : « Les textes juridiques sont très importants. Les Américains pensent que les musées allemands se cachent derrière la législation de leur pays qui ne les contraint pas et les laisse se retrancher derrière elle. »
En octobre 2014, alors que le musée bernois venait tout juste d’avancer la date du 26 novembre 2014 pour l’annonce de sa prise de décision, l’hebdomadaire suisse Sonntagszeitung avait indiqué que le musée accepterait uniquement les œuvres dont la provenance aurait été examinée et élucidée par le gouvernement allemand et dont l’origine se montrerait irréprochable. Dans un tel cas de figure, la taskforce gouvernementale devrait s’atteler à la recherche de la provenance de centaines d’œuvres. Le Musée des beaux-arts de Berne n’a pas confirmé les informations rapportées par le Sonntagszeitung, mais a reconnu le 12 octobre 2014 être en cours de négociation avec l’Etat fédéral allemand et le Land de Bavière. « Les pourparlers se poursuivent de manière constructive, mais ne sont pas encore achevés », peut-on lire dans un communiqué.
A la mort du collectionneur Cornelius Gurlitt le 6 mai 2014, son testament indiquait qu’il léguait sa collection, constituée par son père sous le régime national-socialiste et dont les œuvres ont été acquises dans des conditions suspectes, au Musée des beaux-arts de Berne. En juillet, le musée avait annoncé que six mois de réflexion lui seraient nécessaires.
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Affaire Gurlitt : le président du Congrès juif mondial met en garde le musée de Berne
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Abonnez-vous dès 1 €Ronald Lauder, président du Congrès juif mondial - © Photo Michael Thaidigsmann - 2014 - Licence CC BY-SA 4.0