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Le Musée des beaux-arts de Berne négocie l’héritage Gurlitt avec le gouvernement allemand

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · lejournaldesarts.fr

Le 14 octobre 2014 - 443 mots

BERLIN / ALLEMAGNE

Le Musée des beaux-arts de Berne mène des négociations confidentielles et complexes avec l’état fédéral allemand avant de prendre sa décision concernant le legs Gurlitt.

Le 8 octobre dernier, le Musée des beaux-arts de Berne a fixé au 26 novembre l’annonce de la décision quant à l’acceptation ou non de la succession Gurlitt. La porte-parole du musée avait affirmé qu’aucune décision n’avait été prise à ce jour et qu’il revenait en dernier ressort au conseil de la fondation de faire ce choix.

Toutefois, face à la pression médiatique, le musée a reconnu le 12 octobre être en cours de négociation avec l’état fédéral allemand et le Land de Bavière. « Les pourparlers se poursuivent de manière constructive, mais ne sont pas encore achevés », précise un communiqué.

Ce communiqué est venu en réaction immédiate aux révélations de l’hebdomadaire helvète Sonntagszeitung quelques heures auparavant. Celui-ci affirme que le musée n’accepterait d’accueillir que les œuvres dont la provenance a été établie auparavant par le gouvernement allemand, ce que le directeur du Musée des beaux-arts Matthias Frehner avait préconisé à plusieurs reprises dans des interviews à la presse allemande. Sans compter les œuvres du domicile de Salzbourg, celles retrouvées après le décès de Cornelius Gurlitt ou bien encore le Monet retrouvé dans une valise à l’hôpital, la taskforce gouvernementale devrait donc établir la provenance de 590 œuvres. Seules celles de provenance irréprochable rejoindraient le musée de Berne. Si les informations du Sonntagszeitung sont avérées, cela signifierait également que les ayant-droits devraient négocier les demandes de restitution de biens spoliés avec l’Etat allemand, et plus précisément avec le nouveau centre de recherche sur les biens spoliés qui verra le jour avant la fin de l’année à Magdebourg.

Outre les œuvres spoliées aux personnes privées, la collection Gurlitt comprend également des œuvres « d’art dégénéré », saisies dans les musées allemands en 1937. La collection en compterait environ 380. Légalement, les musées allemands n’ont pratiquement aucune chance de récupérer ces œuvres puisque la loi justifiant la rafle a posteriori en 1938 est toujours en vigueur dans le droit allemand. Mais toujours selon le Sonntagszeitung, le Musée des beaux-arts de Berne pourrait confier ces œuvres en dépôt de longue durée aux musées allemands. Ce compromis pourrait intervenir en réaction aux déclarations du ministère de la Justice de Bavière en mai dernier, qui avait envisagé de placer certaines œuvres sur la liste des trésors nationaux allemands, interdisant de fait leur exportation vers la Suisse.

Le Musée des beaux-arts de Berne n’a toutefois pas souhaité confirmer les révélations de l’hebdomadaire, et rappelé que les négociations étaient confidentielles. Il a enfin réaffirmé que la décision finale ne serait prise que fin novembre.

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Musée des beaux-arts de Berne - © Photo Andreas Praefcke - 2009 - Licence CC BY-SA 3.0

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