PARIS
PARIS [31.08.17] - Christie’s change une nouvelle fois – à la hausse - le barème de ses frais acheteurs, marchant dans les pas de Sotheby’s. L’augmentation est particulièrement sensible à Paris.
Les années se suivent et se ressemblent. Chez Christie’s, il flotte comme un furieux air de déjà vu : dans un communiqué calqué mot pour mot sur celui de l’an dernier, la maison de ventes a annoncé un nouveau barème pour le calcul de ses frais acheteurs. La modification, 4e du genre depuis 2013, sera en vigueur dès le 11 septembre. Cette hausse « modeste » – un terme soigneusement sélectionné à chaque annonce – consiste à relever largement le seuil de sa première tranche, celle des lots frappés des frais les plus élevés, et à légèrement augmenter les frais des lots les plus chers.
L’augmentation est loin d’être modeste. A New York, l’acquéreur payera ainsi 25% en sus du prix marteau jusqu’à 250 000 dollars (210 000 euros), contre 150 000 dollars (126 000 euros) auparavant, puis 20 % jusqu’à 4 millions de dollars (3,4 millions d’euros) contre 3 millions auparavant, et enfin 12,5 % au-delà, une hausse de 0,5 %. A Londres, ces mêmes pourcentages sont appliqués sur les trois tranches suivantes : jusqu’à 175 000 livres sterling (190 000 euros), puis jusqu’à 3 millions de livres (3,3 millions d’euros), puis au-delà.
Mais c’est à celui qui souhaite faire ses emplettes dans un catalogue parisien que sera imposée la plus forte hausse. Le taux de 25% est en effet relevé de 50 000 à 150 000 euros, celui de 20 % de 1,6 à 2 millions d’euros, et la dernière tranche passera comme à New York et Londres à 12,5 %. Ainsi, l’acheteur de la Plage de galets déserte de Dubuffet, issue de la collection Claude Berri, remporté pour 104 500 euros en 2016, aurait dû débourser plus de 4 000 euros supplémentaires si la vente avait eu lieu cet automne ( 4 % environ).
Avec ce nouveau barème, Christie’s emboîte le pas à Sotheby’s qui avait pris la même décision la semaine dernière. Du côté de la maison américaine, le schéma est relativement similaire : les frais s’élèvent désormais à 25% jusqu’à 300 000 dollars (252,7 millions d’euros) puis 20% jusqu’à 3 millions de dollars (3,4 millions d’euros), et enfin 12,9 % au-delà. Astucieusement, cette hausse a été largement occultée par l’annonce simultanée, à rebours des politiques actuelles, de la suppression des frais acheteurs pour les ventes online only, qui se révèlent être un formidable moyen de recruter de nouveaux acheteurs.
Avec ce nouveau barème, les deux auctioneers entendent multiplier le nombre des lots les plus rentables, et – chez Sotheby’s plus encore que Christie’s – gonfler les revenus liés aux œuvres jusque-là les moins rentables en raison d’un côté de frais réduits et de l’autre d’opérations marketing onéreuses et de coûteux cadeaux faits aux vendeurs.
Dans un contexte où les deux maisons bouclent leurs plans de licenciement, poursuivent leurs politiques de diversification de services, et annoncent des résultats en demi-teinte, cette nouvelle hausse des frais acheteurs montre que ces sociétés n’ont pas encore trouvé un modèle économique satisfaisant. « Engagé dans une folle course à la part de marché, et coincé par les concessions faites aux vendeurs, le duopole n’a pas réussi à rendre le système compétitif et est aujourd’hui deve-nu destructeur » confiait un observateur du marché cet été.
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Christie’s et Sotheby’s relèvent à nouveau leur frais acheteurs
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Abonnez-vous dès 1 €Siège de la maison de ventes aux enchères Christie's France au 9 avenue Matignon à Paris © Photo Erwmat - 28 août 2013 - Licence CC BY-SA 3.0