NEW YORK - PEKIN (ETATS-UNIS / CHINE) [22.09.14] – Artnet et l’association chinoise des opérateurs de ventes aux enchères viennent de livrer un rapport complet sur le marché mondial de l’art chinois aux enchères. Si 2013 marque une année de reprise pour le marché de l’art chinois, les enchères sur ce segment de marché restent guidées par la prudence et la modération.
Le marché de l’art et des antiquités chinois est depuis 10 ans le marché dont la croissance est la plus rapide dans le monde comme le montre un récent rapport d’Artnet qui cependant focalise son analyse sur les seules ventes aux enchères. En Chine, d’après l’analyse de Clare McAndrew (Arts Economics) qui a signé l’étude, les ventes aux enchères constituent 70 % du marché de l’art (contrairement aux marchés nord américain et britannique où les ventes d’antiquaires et galeristes sont majoritaires). Les ventes aux enchères mondiales d’art chinois sont reparties à la hausse au cours de l’année 2013 ( 28,8 % par rapport à 2012) pour atteindre près de 7 milliards d’euros (CN¥ 54,8 milliards). En se concentrant sur la structure du marché mondial de l’art chinois aux enchères, le rapport en détermine les principales tendances.
Un marché de l’art chinois concentré
Le marché de l’art chinois reste concentré en Chine continentale en valeur comme en volume : 72,5 % de la valeur totale de ce marché est réalisé en Chine. Hong Kong représente 20,1 % de la valeur des ventes aux enchères d’art chinois alors que l’Amérique du Nord et l’Europe représente moins de 10 % de ce marché. Ce rapport se traduit également dans la répartition des maisons de ventes aux enchères : sur 662 maisons de ventes aux enchères vendant de l’art chinois en 2013, 57,7 % étaient situées en Chine continentale. Les enchères de ces 382 maisons de ventes ont atteint 4,9 milliards d’euros (CN¥ 39,8 milliards), soit 20 % des enchères mondiales, tout secteur confondu. Réciproquement, le marché hors Chine de l’art chinois représente 27,5 % de la valeur totale du marché. Il contribue seulement à hauteur de 11,4 % du total des lots vendus.
Les ventes aux enchères d’œuvres et antiquités chinoises sont dominées par un nombre restreint d’opérateurs. Les 25 maisons de ventes aux enchères qui mènent la danse à travers le monde réalisent à elles seules 70 % des ventes en valeur. Plus marquant encore : le « top 5 » des maisons de ventes comptabilise quant à lui 43 % des ventes en valeur. Parmi ces cinq privilégiées, trois sont situées à Pékin (Beijing Poly International Auction, China Guardian International Auction et Beijing Council International Auction) ; deux à Hong Kong (Christie’s et Sotheby’s).
Des ventes dominées par la peinture chinoise et la calligraphie
A travers le monde, c’est la peinture chinoise et la calligraphie qui ont dominé le marché des enchères (45 % des lots vendus, représentant 55 % de la valeur totale des ventes, soit environ 5 milliards d’euros). Les ventes restantes sont réparties entre les antiquités et les objets d’art chinois, l’art chinois contemporain et du XXe siècle et, à moindre mesure, par les livres et manuscrits. En Chine continentale, la tendance est plus visible encore. La peinture chinoise et la calligraphie représentent 66,1 % du marché national en valeur, soit 3,1 milliards d’euros. Cette catégorie d’art chinois remporte plus de ventes à elle seule que les quatre autres catégories combinées. L’étude précise d’ailleurs que les résultats des ventes aux enchères en Chine continentale ont renforcé le succès de la peinture chinoise et de la calligraphie dans le monde. De manière générale, toutes les catégories d’art chinois sont proportionnellement mieux vendues au niveau national qu’à l’international, hormis l’art contemporain. Hors Chine, c’est la catégorie des antiquités et objets d’art chinois qui remporte le plus de succès - 46,5 % de la valeur totale des ventes – suivie par la peinture chinoise et la calligraphie chinoise (29,1 %) puis l’art contemporain (23,6 %).
Le prix moyen d’une œuvre d’art chinoise en baisse constante depuis 2011
La croissance du marché de l’art chinois repose sur des volumes importants et des prix bas. En 2013, dans le monde, 95 % des lots ont été vendus en dessous de 63 000 euros (CN¥ 500 000). Seuls 429 lots ont été vendus au-dessus de 1,3 million d’euros (CN¥ 10 millions) et 4 ont dépassé 12,7 millions d’euros (CN¥ 100 millions). Le prix moyen d’une antiquité ou d’un objet d’art chinois au niveau international a chuté de 24 000 euros (CN¥ 191 448) en 2011 à 17 000 euros (CN¥ 134 941) en 2013. La tendance est la même en Chine continentale, avec une baisse de 32,4 % depuis 2011 pour arriver au prix moyen de 14 000 euros (CN¥ 110 454) en 2013. Hors Chine en revanche, le rapport relève une légère hausse du prix moyen en 2013 (41300 euros soit CN¥ 325 194) après une baisse en 2012.
Augmentation des ventes de lots à forte valeur
Au cours de l’année 2013, au niveau international, 429 lots chinois ont réalisé des prix au-dessus de 1,3 million d’euros (CN¥ 10 millions), soit une hausse de 18,5 % par rapport à 2012. En Chine continentale, ce sont 232 lots d’objets d’art et d’antiquité chinois qui ont passé ce seuil, soit une hausse de 10 % comparé à 2012. La vente de ces biens représente au total pas loin de 700 millions d’euros (CN¥ 5,5 milliards), soit 13,8 % du marché national en valeur. 28 maisons de ventes aux enchères se partagent ce marché « haut de gamme », Beijing Poly, China Guardian et Beijing Council détenant à elles trois deux tiers des parts de marché. Parmi ces objets à forte valeur, les peintures et les calligraphies chinoises représentent le plus important segment en Chine continentale : 68,5 % en volume et 66,7 % en valeur.
Hors Chine, la saison 2013 a compté 197 lots vendus aux enchères au-dessus de 1,3 million d’euros (CN¥ 10 millions) pour un montant atteignant 620 millions d’euros (CN¥ 4,9 milliards), soit 33 % du marché hors Chine de l’art et des antiquités chinois. La majorité de ces oeuvres ont été vendus à Hong Kong (163 lots), New York (20 lots), et Londres (7 lots). Ces trois villes emportent 95 % des ventes de lots importants en valeur. Mais le rapport cite également les villes de Paris, Stuttgart et Taipen comme ayant contribué à ce marché. Ces lots appartiennent à l’une des catégories suivantes : objets d’art et antiquités, œuvres d’art contemporain et du XXe ainsi que peintures et calligraphies chinoises.
Taux d’invendus et mauvais payeurs
Le rapport souligne également le problème persistant des paiements tardifs et des non paiements par les enchérisseurs finaux, bien que ce phénomène ne soit pas propre à la Chine. L’étude précise par ailleurs que le taux d’œuvres non vendues en Chine continentale atteignait en 2013 49,4 % alors qu’il ne dépassait pas 32,6 % dans le reste du monde. Cela révèle une certaine maturité de l’offre et la demande en Occident, par opposition à une surestimation de la demande en Chine.
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Nouvelle phase de maturité pour le marché de l’art chinois
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