Marché

L’art moderne chinois explose

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 25 mai 2011 - 532 mots

Avec une adjudication de 46,5 millions d’euros pour une toile de Qi Baishi, le marché chinois s’impose dans tous les domaines.

PÉKIN - Décidément, rien n’arrête plus la progression de la Chine sur le plan du marché de l’art. Le 22 mai, la maison de ventes China Guardian a adjugé à Pékin pour 46,5 millions d’euros une œuvre datée de 1946 de l’artiste moderne Qi Baishi (1864-1957). Il s’agirait du deuxième plus haut montant pour une œuvre vendue en Chine, le record de 47,87 millions d’euros étant détenu par une calligraphie de Huang Tingjian (1045-1105). Dans le classement des artistes mondiaux les plus chers établi par Artprice, Qi Baishi arrive en deuxième position derrière Picasso mais devant Andy Warhol.

La montée en puissance de l’empire du Milieu est tout aussi nette sur le plan de l’art actuel, puisque dans le Top 10 des artistes contemporains les plus chers figurent six Chinois contre trois Américains. Néanmoins, l’écart reste abyssal avec les prix du moderne. Ainsi en avril, lors de la dispersion de la collection Ullens chez Sotheby’s, Zhang Xiaogang (né en 1958) a décroché le record de 7,1 millions d’euros, soit près de sept fois moins que Qi Baishi. Même s’il reste encore du chemin à parcourir, le spécialiste Jean-Marc Decrop estime que les prix des artistes chinois vont bientôt doubler par rapport à ceux de leurs collègues américains. Après une brève période de flottement et une chute des prix, le marché a atteint sa maturité. « Le marché est maintenant polarisé avec, d’un côté, les maîtres et les œuvres antérieures à 2000, qui sont de plus en plus recherchées et dont les prix ont monté d’au moins 25 % par rapport à leur top de fin 2007/début 2008, et, de l’autre côté, un désintérêt pour certains artistes dont les prix ont été divisés par deux », observe Jean-Marc Decrop.

Mauvais payeurs
Ce bond renforce naturellement la puissance de feu des maisons de ventes chinoises. Propulsées dans le palmarès des dix plus grandes maisons de ventes, Poly et Guardian ont généré respectivement 1,3 milliard et 930 millions de dollars en 2010. En mars, le rapport d’Arts Economics commandé par Tefaf, la foire de Maastricht, montrait que la Chine avait désormais atteint la deuxième place du podium avec 23 % de part de marché. D’après Artprice, qui ne comptabilise que les ventes « Fine Art » , le pays aurait même débouté les États-Unis du premier rang. Une telle avancée est liée au nombre croissant de grandes fortunes locales, en progression de 31 % par rapport à 2009. La Chine se place désormais au quatrième rang en termes de population à fort potentiel économique (« High Net Worth Individuals » ). Néanmoins, ces Chinois qui font les beaux jours des maisons de ventes locales se révèlent parfois mauvais payeurs hors de leurs pays. La maison de ventes britannique Bainbridges en a fait la cruelle expérience en novembre 2010 en adjugeant un vase chinois du XVIIIe siècle 50,7 millions d’euros, sans que l’ardoise ne soit jamais réglée. De même, l’adjudicataire des deux têtes impériales de rat et de lapin en bronze de la collection Bergé-Saint Laurent n’a pas payé l’addition, d’un montant de 31,4 millions d’euros… 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°348 du 27 mai 2011, avec le titre suivant : L’art moderne chinois explose

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