PARIS
PARIS [14.11.12] – La fille de la photographe Irina Ionesco, réclame devant le tribunal de grande instance de Paris, l’interdiction d’exploiter et de diffuser les clichés érotiques de son « enfance volée » réalisés par sa mère dans les années 1970.
Eva Ionesco et sa mère photographe Irina Ionesco, ont préféré ainsi s’en remettre à leurs deux avocats respectifs pour porter le fer lundi, devant le tribunal de grande instance de Paris. Au cœur de la bataille judiciaire : une requête renouvelée par Eva Ionesco qui réclame l’interdiction d’exploiter et de diffuser des clichés d’elle, jeune et dénudée, effectués par sa mère photographe dans les années 1970. Si cette première dénonce une atteinte au droit à l’image et à la vie privée, en revanche, la seconde fait valoir le droit d’auteur sur ses clichés qui continuent d’être vendus.
La demande a donc été initiée par l’avocat d’Eva, Jacques-Georges Bitoun : « On a volé toute la jeunesse de cette enfant », a-t-il dénoncé, avant de soulever la problématique tant controversée des limites posées à l’art. « Si l’art c’est de photographier une enfant dans ces positions, alors je n’ai rien compris à l’art… Comment peut-on faire écarter les jambes d’une enfant de quatre ans et en faire un cliché ? », a–t-il ainsi interrogé.
Bien que les clichés aient été réalisés à une époque « plus libérale et permissive » - se prêtant donc à quelques démarches artistiques d’un genre particulier, tel que défendu par l’avocat d’Irina, René-Jean Ullmann - en revanche, les critiques n’ont jamais cessé d’enfler.
Cela est sans compter « les réseaux pédophiles qui (avaient) encore beaucoup d’influence », n’a pas manqué de souligner l’avocat d’Eva, avant d’ajouter que la liberté ne pouvait en aucun cas, « être mêlée à ces horreurs », soulignant le caractère indécent des clichés présentant l’enfant « nue, exhibant son sexe », qu’il a comparés aux « pires photos de Playboy ou de Penthouse ».
Ainsi, à défaut de n’avoir de prise sur son image et pour mieux faire entendre sa voix - le tout sur fond de règlement de comptes avec sa mère - l’actrice s’est attelée à un premier long métrage baptisé « My little princess » sorti l’an dernier, dans lequel elle y livre son passé d’ « enfant-objet », photographiée en minifemme fatale par sa mère dès l’âge de 4 ans dans des poses érotiques frôlant la pornographie parfois, même teintées d’inceste.
Elle confiait à cet effet : « Dans le milieu, j’étais d’abord la fille d’Irina Ionesco, et j’étais très attaquée si je disais simplement que ces photos dénudées, aussi poétiques soient-elles, et pour certaines très crues, m’avaient fait du mal. Très tôt je me suis sentie en friche, le corps attaqué dans son intimité… Mais j’aurais aimé un droit de parole. Ne pas être prisonnière de ces photos qui ont un effet chamanique. »
En réponse aux accusations d’Eva, l’avocat de sa mère – René-Jean Ullmann - a fait valoir la « haine » et la « rancœur » de sa fille, manifestes dans ce même film, ajoutant au passage qu’elle « avait beaucoup vendu elle-même », autorisant même un éditeur californien en 2006 d’exploiter ces clichés. Et ce dernier de renchérir pour appuyer le supposé opportunisme d’Eva : « Quand il s’agit d’argent, elle est d’accord. ».
La décision en délibéré du tribunal est attendue le 17 décembre.
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Eva Ionesco poursuit sa mère en justice
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Abonnez-vous dès 1 €Portrait d'Eva Ionesco - Photo MetropolisCinema - 2012 - Licence CC BY 2.0