Restauration

À Vézelay, l’ermitage de La Cordelle prend de l’envergure

Par Marion Krauze · Le Journal des Arts

Le 15 novembre 2024 - 696 mots

Face à l’affluence de visiteurs, les frères franciscains ont décidé d’entreprendre des travaux de rénovation des lieux.

Ermitage de La Cordelle à Vézelay. © Christophe Fouquin / Inrap
Ermitage de La Cordelle à Vézelay.
© Christophe Fouquin / Inrap

Vézelay (Yonne). Non loin de l’imposante basilique de Vézelay, perché sur les hauteurs de la « colline éternelle », le discret ermitage de La Cordelle (voir ill.) se prépare au changement. Le nouveau chapitre d’une bien longue histoire, vieille de plus de 800 ans. Édifiée au XIIe siècle et habitée par les frères dès 1217, La Cordelle est le premier ermitage franciscain fondé en France, mais aussi le seul restant aujourd’hui. Trois frères vivent encore dans ce lieu paisible, qui cherche son équilibre entre quête de solitude et ouverture à la visite.

« Cela fait maintenant plus de neuf ans que nous souhaitions entreprendre des travaux à l’ermitage, explique frère Éric, gardien de La Cordelle depuis 2019. Mais ce projet, qui se concentrait au départ sur nos espaces communautaires et sur une conversion écologique, a peu à peu pris de l’ampleur. On a vite réalisé qu’il était essentiel de prendre en compte notre rapport à l’extérieur, la notion d’ouverture, d’accueil qui fait partie de notre vocation et de l’esprit du lieu. » À l’année, c’est environ 30 000 personnes qui font une halte à La Cordelle. Croyants, pèlerins sur les chemins de Compostelle ou d’Assise mais aussi curieux et férus de patrimoine viennent voir la petite chapelle Sainte-Croix, un des seuls vestiges de l’ermitage du XIIe siècle.

Une affluence croissante qui nécessite aujourd’hui de réorganiser les espaces. « Nous n’avons plus vraiment d’intimité car dans la disposition actuelle des lieux, les visiteurs entrent directement dans l’ermitage », déplore frère Éric. Le projet prévoit donc de rendre plus autonome l’accueil du public en repensant le hall d’entrée de manière plus pédagogique. Et c’est une chapelle restaurée qui, de jour comme de nuit, restera ouverte aux visiteurs. À partir de 2025, débuteront des travaux pour refaire le plafond de l’abside où les pierres s’abîment, revoir les vitraux, unifier la peinture des murs et doter l’édifice d’un chauffage au sol et d’un nouveau système électrique. Le porche d’entrée du XVIIe siècle, accolé à l’entrée de la chapelle, sera lui aussi rénové.

L’ermitage n’a pas connu de restauration depuis les années 1950, lorsque les Franciscains ont réinvesti les lieux alors à l’état d’abandon depuis près de deux siècles. Les bâtiments communautaires, construits durant cette période, souffrent aujourd’hui d’un problème d’humidité. En plus d’une rénovation énergétique donc, il est aussi prévu d’agrandir ces cellules réservées aux frères et retraitants, tandis que la crypte du XIIe siècle sera réaménagée en lieu de prière pour leur usage personnel.

Un nouveau bâtiment de rencontre

Mais le cœur du chantier reste sans conteste la création de la « Porterie », un nouveau bâtiment dédié à la rencontre et aux échanges avec les frères. Un édifice de 200 m² construit ex nihilo, à proximité de la chapelle. En amont des travaux, des fouilles archéologiques avaient été menées à cet emplacement en août et septembre dernier. Et c’est tout un pan de l’histoire du lieu qui a été mis à jour : maçonneries du XIIIe au XVIIe siècles, bustes de statues provenant sans doute de l’ancienne église franciscaine… « Maintenant que les fouilles sont terminées, nous avons le feu vert pour nous atteler à la construction, poursuit frère Éric. Nous réutiliserons sans doute le mur du XIIIe siècle exhumé pour le nouveau bâtiment, qui ne sera pas recouvert de pierres apparentes, mais s’inscrira malgré tout dans l’esprit du lieu. » Après un retard dû à un changement d’architectes – le projet imaginé par ATAU a été confié à Qbis architecture –, le chantier est enfin sur les rails. Les travaux débuteront en janvier 2025 et devraient durer deux ans, en vue d’une inauguration d’ici le 4 octobre 2026, pour les 800 ans de la mort de Saint-François d’Assise.

Un projet ambitieux pour le petit ermitage, qui estime son coût total à 2,6 millions d’euros (avec 300 000 € pour la restauration du bâti classé). « Pour les MH classés, c’est-à-dire la chapelle, le portail et la crypte, la DRAC devrait financer à hauteur de 40 %, précise Thibaud Lépissier, chargé du projet. Pour le reste, nous recherchons des fonds privés. Nous comptons aussi sur une aide de la Région et espérons bénéficier du fonds Feder. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°642 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : À Vézelay, l’ermitage de La Cordelle prend de l’envergure

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