Pensé pour la recherche de provenances, le guide répertorie les archives, les fonds et les bases de données relatifs à l’histoire coloniale.
Paris. Un répertoire réalisé par le Quai Branly et le Musée de l’armée propose une sélection des fonds d’archives et bases de données liés à la colonisation entre 1830 et 1960. Sans le dire, il s’inscrit ainsi dans le mouvement de recherche de provenances depuis 2018, qui oblige à un examen des collections muséales publiques françaises. Des archives diplomatiques du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères au Service historique de la Défense en passant par les archives de congrégations religieuses, les sources sont variées et dispersées sur tout le territoire. Le Centre de documentation de la Légion étrangère se trouve ainsi à Aubagne, non loin des Archives des troupes d’Outre-mer à Fréjus (adossées au Musée des troupes de marine), alors que les Archives nationales sont à Pierrefitte. La numérisation de certains documents et objets permet de pallier cette dispersion, d’autant que de nombreuses bases de données sont mises en ligne régulièrement. Le guide mentionne, par exemple, des projets de bases sur l’histoire des esclavages ou sur les arts d’Océanie menés en Allemagne et aux Pays-Bas. Un long passage est consacré aux ressources hébergées au Musée du quai Branly, en médiathèque, dans ses collections, et en ligne : l’Afrique et l’Océanie y sont omniprésentes – car le musée est l’héritier du Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie. Étant donné le rôle que l’armée a joué dans la colonisation, les ressources militaires sont également nombreuses dans ce guide.
Si le guide distingue utilement pour chaque ensemble de ressources les fonds d’archives publiques et les fonds privés versés par des collectionneurs, des ethnologues ou des militaires, les choix de ses rédacteurs révèlent des partis pris. L’ouverture vers des ressources étrangères est finalement limitée, contrairement à ce que promettent les auteurs en introduction. C’est d’autant plus étonnant que le guide cite des ressources peu connues par ailleurs, comme les rapports de missions scientifiques en Afrique du ministère de l’Instruction publique entre 1828 et 1937. Plus généralement, le Moyen-Orient est peu présent dans le guide malgré les mandats français en Syrie et au Liban, de même que les colonies asiatiques françaises. En revanche, le guide recense les nombreuses ressources disponibles sur l’Algérie coloniale, dont des fonds d’archives privées. La bibliographie en fin d’ouvrage, volontairement sommaire, reste lacunaire : l’ethnomusicologie est surreprésentée, alors que dans la rubrique « Congrégations religieuses », il n’y a aucun ouvrage sur les Pères Blancs, ordre missionnaire français présent en Afrique coloniale depuis le milieu du XIXe siècle. Cette société missionnaire possède d’ailleurs deux centres d’archives (Paris et Rome). Enfin, la question des restitutions est absente de l’ouvrage, sauf dans la mention du rapport « Savoy Sarr » (2018) : c’est pourtant ce rapport qui a lancé les recherches de provenance en vue des restitutions. Si ce guide peut aider les jeunes chercheurs à découvrir des ressources sur les collections muséales d’époque coloniale, il ne constitue qu’un point de départ et attend une mise à jour ultérieure.
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Un guide recense les ressources sur la colonisation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°626 du 2 février 2024, avec le titre suivant : Un guide recense les ressources sur la colonisation