Musée Carnavalet - Quel faste ! Mais n’ont-ils pas vu trop grand ? La question vient forcément à l’esprit quand on songe que l’hôtel de Carnavalet fut construit au XVIe siècle pour loger le président du Parlement de Paris.
Cet édifice Renaissance fut complété le siècle suivant par l’architecte Mansart et occupé par Madame de Sévigné. Dans le giron de la Ville depuis 1866, le plus ancien musée de Paris – qui comprend l’hôtel particulier mitoyen, Le Peletier de Saint-Fargeau – est riche de plus de 625 000 œuvres et objets. Rouverte en 2021 après une importante campagne de travaux, cette institution dédiée à l’histoire de la capitale en constitue l’un des joyaux, très apprécié du public si l’on en croit le million de visiteurs enregistrés en un an.
Depuis sa rénovation et pour la première fois de son existence, le lieu, dans un souci de convivialité, est également doté d’un restaurant. Saisonnier, celui-ci se déploie de mai à octobre dans les jardins intérieurs, au milieu des buis taillés, dans l’écrin somptueux des hautes façades tapissées de vigne vierge. Le soir, deux ballons gonflés à l’hélium y flottent à la façon de lunes artificielles, un DJ officie derrière une platine, un mixologue derrière le bar, un chef étoilé vert Michelin – Thibaut Spiwack – derrière les fourneaux. Le mobilier est design, les serveurs affairés, le gravier de la cour calibré. En entrée, le brocoli rôti à la mayonnaise verte chimichurri surprend par son goût très pimenté, quand l’artichaut et son condiment cassis menthe séduisent immédiatement le palais. La carte, en partie végétale, privilégie les plats froids, pour gagner en efficacité, dans un esprit « snacking » qui prévaut aussi au déjeuner. L’établissement, ouvert jusqu’à deux heures du matin, compte en effet 250 couverts. Ont-ils vu trop grand ? Rencontre d’un patrimoine exceptionnel avec la notoriété médiatique d’un « Top chef » relayée par les réseaux sociaux, la formule détonne dans l’univers des musées historiques. Le quasi de veau, accompagné de sa purée de sarriette cardamome, arrive cuit à point, le cabillaud « issu d’une pêche raisonnée » est servi avec une mousse de petit épeautre torréfié. Signé du bartender Nico de Soto, le mocktail « Paris est une fête », à base de pollen d’abeille, miel à la truffe, jus de citron et vin pétillant sans alcool, signale une légère amertume. Tous les ingrédients sont pourtant réunis pour que l’on croie à la douceur du moment. Après une salade de fraises à la crème de mascarpone, on quitte la table en ayant un peu faim, mais on conserve de ce dîner le souvenir ébloui d’une soirée d’été au cœur du Marais.
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Un fabuleux remix
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°757 du 1 septembre 2022, avec le titre suivant : Un fabuleux remix