Ukraine - Unesco

Bouclier bleu

Signaler, ou pas, le patrimoine ?

Par Sindbad Hammache · lejournaldesarts.fr

Le 31 mars 2022 - 303 mots

UKRAINE

C’est une des actions soutenues par l’Unesco pour protéger le patrimoine ukrainien : marquer les sites et monuments d’un « bouclier bleu » et blanc, symbole prévu par la Convention de La Haye de 1954 pour préserver les biens culturels en temps de conflit.

Le symbole du bouclier bleu déployé à Lviv, le 29 mars 2022 © Tim LeBerre
Le symbole du bouclier bleu déployé à Lviv, le 29 mars 2022.
© Tim LeBerre

Bouclier bleu. En Ukraine, la signalétique a été déployée depuis la mi-mars, notamment sur les éléments remarquables du patrimoine de Lviv. Pour les spécialistes des destructions patrimoniales en temps de guerre, cette démarche peut toutefois se montrer contre-productive, transformant les biens marqués en cible. « Le moins que l’on puisse dire, c’est que signaler l’emplacement de ces sites aux forces russes ne les protégera pas, explique Sam Hardy, chercheur à l’Institut norvégien de Rome. Cette initiative repose sur l’hypothèse que les belligérants vont éviter ces cibles. Mais comme nous l’avons vu en Syrie, lorsque les emplacements d’hôpitaux et services médicaux étaient signalés et partagés par les organisations onusiennes, ils ont été ciblés. »

Le Bouclier bleu. © ICOM
Le Bouclier bleu.
© ICOM

La signalétique du bouclier bleu peut sembler par ailleurs contradictoire avec les efforts du gouvernement ukrainien. Le 17 mars dernier, le ministère de la Culture ukrainien demandait aux journalistes « de ne pas partager d’informations sur les mesures de protection, l’emplacement des biens patrimoniaux, et leurs lieux de relocalisation durant la guerre ». Pourtant, lors du même point presse, l’adjointe au ministre de la Culture évoquait ce partenariat avec l’Unesco visant à signaler d’un bouclier bleu les biens culturels, assurant qu’avec ce symbole, leur destruction pourrait alors être qualifiée de crime de guerre. Une logique qui, pour Sam Hardy, ne s’applique pas à la doctrine de guerre russe et son recours à « l’urbicide » [tactique de destruction du milieu urbain], en Tchétchénie, en Syrie, comme en Ukraine : « Difficile de démontrer qu’un lieu a été visé délibérément, parmi d’autres, quand une campagne de bombardement a pour but la destruction de toutes les infrastructures civiles. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°586 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Signaler, ou pas, le patrimoine ?

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