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Quand le privé investit le public

À côté des agences de conseil, unre poignée d’entreprises privées gèrent des lieux publics, exclusivement financés par les visiteurs.

Kléber Rossillon est âgé d’une trentaine d’années lorsqu’il reçoit de ses parents en 1985 le château de Castelnaud (Dordogne), en attente de travaux de restauration. Il y crée, avec le Musée de la guerre au Moyen Âge, un repaire de passionnés, mais aussi un lieu touristique pérenne et rentable. Son credo est simple : « Se mettre à la place du visiteur, pas du spécialiste – mais travailler avec [ce dernier]. » Quand son « hobby de week-end finit par faire vivre vingt salariés », il décide de quitter son métier d’ingénieur… de l’aéronautique. Assumant une logique « artisanale », il exploite aujourd’hui huit lieux (parmi lesquels le Musée de Montmartre), où se rendent chaque année plus de 700 000 visiteurs et qui rapportent 5 millions d’euros. Kléber Rossillon exploite ainsi entièrement un lieu patrimonial, de sa programmation scientifique à sa gestion. Se considère-t-il comme un acteur de l’ingénierie culturelle ? « Nous sommes avant tout un opérateur touristique », explique-t-il.
À cette question, Bruno Monnier, président de Culturespaces, répond également « non ». Cette filiale de GDF Suez gère treize lieux qui accueillent plus de 2 millions de visiteurs par an, pour un chiffre d’affaires avoisinant 25 millions d’euros (lire le JdA no 419, 19 septembre 2014). Quand Kléber Rossillon gère au cas par cas et emploie à peine cinq personnes aux fonctions supports (administratives…) mutualisées, Culturespaces fait l’inverse : la comptabilité, la communication et le marketing, le contrôle qualité, mais aussi la programmation sont gérés par la structure mère, à Paris.

Logique de rentabilité
Dans la plupart des délégations de service public, les Villes n’accordent aucune subvention d’exploitation. Le rapport du délégataire à la collectivité n’est plus celui d’une agence de services, qui répond à une finalité de politique culturelle. Il est régi par un contrat, dans une logique de rentabilité. Ce système offre une liberté quasi totale au délégataire. Mais, les visiteurs devenant l’unique source de revenus, la fréquentation devient le seul critère. Des expositions pertinentes peuvent se révéler des échecs par le nombre d’entrées, quand certains succès sont d’un intérêt scientifique limité.
On retrouve cette question au sein des musées privés, dont le sort critique dépend de la légitimité du commissaire invité. C’est le cas du Musée Maillol, à Paris, ou de la Pinacothèque de Paris, dont le fondateur, Marc Restellini, doit ouvrir cette année une nouvelle antenne à Singapour. Les progrès de l’architecture temporaire font aussi naître des projets d’un nouveau genre, à l’exemple du « Panorama » à Rouen. Cette structure de 26 mètres de haut, entièrement produite par l’équipe de l’artiste et architecte germanique Yadegar Asisi, propose des reconstitutions d’époque sous la forme de peintures monumentales et images de synthèse réalisées en 360°. Une activité qui serait à l’équilibre dès qu’elle atteindrait 150 000 visiteurs annuels, quand il en accueille déjà le double en Allemagne.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°429 du 13 février 2015, avec le titre suivant : Quand le privé investit le public

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