BRUGES / BELGIQUE
La Triennale Bruges 2015 invite artistes et architectes contemporains à réfléchir aux formes que prendrait la ville sous l’effet d’une forte pression démographique.
BRUGES - Forte de son inscription, pour son centre historique, sur la Liste du patrimoine de l’Unesco depuis 2000, Bruges est une ville-musée. Si son essor économique et culturel eut lieu essentiellement entre le XIIIe et le XVe siècle, avant de connaître un certain ralentissement, son architecture ne cessa de se développer au fil des siècles jusqu’à constituer aujourd’hui un témoignage de style gothique exceptionnel. Une ville hantée par son passé, à l’image du roman au titre évocateur de Bruges-la-morte (1892) signé par Georges Rodenbach, ami de Mallarmé, Odilon Redon et Félicien Rops. Il fallait rompre avec cette image, raison qui a présidé à la création d’une grande manifestation artistique. L’idée n’est pas tout à fait nouvelle. De 1964 à 1971, trois triennales se succédèrent, et présentèrent des artistes belges alors peu connus tels Marcel Broodthaers ou Panamarenko. Puis la désignation en 2002 de la ville comme « Capitale européenne de la culture », suivie de quelques manifestations, et la tendance générale des politiques à vouloir dynamiser leur territoire par le biais de l’art contemporain conduisit à l’organisation cette année de la « Triennale Bruges ».
Réflexions urbanistiques
Pour ce nouvel opus, le spectre des invités est résolument international, la globalisation de l’art et de son marché étant passée par là. Au total, dix-huit artistes et architectes européens et asiatiques ont été conviés à répondre à une question relevant de la fiction : que deviendrait Bruges si les 5 millions de touristes qu’elle accueille chaque année décidaient de s’y installer définitivement ? À l’heure où les mégapoles ne cessent de s’accroître, la ville pose ainsi en filigrane la question de l’avenir de son patrimoine. Comment articuler le passé et le futur ?
Les historiens de l’art Till-Holger Borchert, directeur du Musea Brugge, et Michel Dewilde, curateur au Cultuurcentrum Brugge, ont conçu un parcours dans la ville, invitant le visiteur à déambuler sur les berges, les grandes places, dans les édifices religieux. Si certaines œuvres paraissent totalement anecdotiques, d’autres se présentent comme de véritables réflexions urbanistiques. C’est ainsi que l’atelier japonais Bow-Wow propose de construire, sur l’eau, un espace ouvert prolongeant la ville, ou que le bureau d’architecture indien Studio Mumbai, qui associe architectes et artisans locaux, a imaginé, sur les berges, une maison-pont censée se monter aussi facilement qu’un meuble Ikea. L’artiste japonais Tadashi Kawamata nous emmène quant à lui du côté du rêve avec ses fameuses cabanes perchées dans les arbres du jardin du béguinage, tels des havres de paix primitifs. Dans trois expositions en intérieur, se déploient des projets autour de villes réelles ou fictives.
Si le sujet méritait sans doute plus de développement, on ne boudera pas son plaisir, et notamment à l’Hôtel de Ville où l’on pourra admirer les maquettes de villes imaginaires, comme celle de Luc Schuiten qui espère redonner ses droits à la nature.
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Quand Bruges deviendra grande
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Jusqu’au 18 octobre, dans une quinzaine de lieux dans la ville, horaires variables, entrée libre, www.triennalebrugge.be
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°439 du 3 juillet 2015, avec le titre suivant : Quand Bruges deviendra grande