Belgique - Musée

Namur retrouve son Musée archéologique

Par Gilles Bechet, correspondant en Belgique · Le Journal des Arts

Le 26 septembre 2024 - 832 mots

NAMUR / BELGIQUE

À nouveau accessibles, les collections sont déployées dans un nouvel espace muséal. Un ensemble exceptionnel d’objets couvre une période qui s’étend du Néolithique au Moyen Âge.

Les nouvelles salles du Musée archéologique de Namur. © Maxime Rostange / Ville de Namur
Les nouvelles salles du Musée archéologique de Namur.
© Maxime Rostange / Ville de Namur

Namur (Belgique). En changeant de lieu, le Musée archéologique de Namur se débarrasse de la poussière du passé et d’une approche muséale dépassée pour donner, après six années de travaux, un nouvel écrin à ses collections. Le noyau de ces collections a été rassemblé par la Société archéologique de Namur, fondée en 1845. Pendant cent soixante ans, elles ont été exposées dans l’ancienne boucherie, la Halle ‘al Chair. Malgré l’importance patrimoniale de ce bâtiment Renaissance mosane construit au XVIe siècle, il est apparu que l’espace ne convenait plus à une muséographie adaptée aux attentes du public contemporain.

Pour créer un lieu d’appel culturel, la Ville a intégré le nouveau musée dans le pôle muséal Les Bateliers, aux côtés du Musée des arts décoratifs hébergé dans l’ancien hôtel particulier des comtes de Groesbeeck et des marquis de Croix. Dans l’atmosphère d’une demeure aristocratique du XVIIIe siècle, le visiteur peut y voir des peintures et sculptures, des pièces de vaisselle, d’orfèvrerie, du mobilier, réalisés par des artistes et ateliers namurois du Siècle des lumières.

L’entrée dans les deux musées se fait par l’ancienne chapelle des Bateliers du XIXe siècle contiguë à l’ancienne école des Bateliers, qui a fait place au nouveau musée archéologique. L’accès aux salles nécessite de passer sous une galerie conçue par l’architecte Jean Glibert qui a ajouté des touches de lumière en peignant les encadrements de portes dans un orange fluo éclatant.

L'entrée du Musée archéologique de Namur se fait par l’ancienne chapelle (au centre) des Bateliers du XIXe siècle.© Ville de Namur
L'entrée du Musée archéologique de Namur se fait par l’ancienne chapelle (au centre) des Bateliers du XIXe siècle.
© Ville de Namur

Une des spécificités du musée depuis sa création a été de rassembler les pièces présentées en fonction du lieu de provenance et de fouille pour mieux les contextualiser. La même logique est toujours à l’œuvre dans le nouveau musée. La plupart des objets exposés, qui couvrent une période qui va du Néolithique à l’an 1000, proviennent de tombes qui sont situées dans la Province de Namur et la zone du bassin mosan.

Un ensemble de 72 pièces trouvé dans une tombe

Dans la première salle, une large part des collections est axée sur la période du haut Empire romain. On peut citer parmi les découvertes les plus spectaculaires un ensemble de 72 pièces de mobilier funéraire, poteries, verreries et objets en plomb, en bronze ou en argent, pièces trouvées dans une tombe sous tumulus sur le site de la ferme de Penteville, à proximité de l’abbaye de Gembloux. On relève également un askos (petit vase à versoir) en céramique exhumé de la nécropole gallo-romaine de Flavion.

Certains objets ont aussi été exhumés lors de fouilles de lieux d’habitation comme ce lion en pierre trouvé sur le site d’une villa romaine à Anthée et qui ornait probablement le bassin d’une fontaine d’agrément. C’est une des rares sculptures en ronde-bosse d’époque romaine trouvée en Gaule et dans les Germanies.

Au fil des vitrines, le visiteur découvre une fibule émaillée aux têtes de reptile venant de la nécropole de « Villées » à Berzée, ou de curieuses figurines de chiens aux yeux globuleux trouvés dans une tombe à Rognée. La plaquette en or inscrite de Baudecet est une pièce intrigante. Cette fine feuille d’or de petite taille est couverte d’une inscription où se mêlent le latin et une langue germanique. Cette plaquette d’incantation, qui était roulée comme un papier de cigarette et coupée en deux avant d’être jetée dans la tombe pour souhaiter le meilleur aux défunts, a été soigneusement déroulée par les archéologues.

Les objets cultuels de l’époque indiquent dans ces régions une pratique religieuse largement polythéiste où les dieux romains comme Jupiter, Apollon ou Mercure cohabitaient avec des divinités gauloises telles Viradechtis ou Épona.

Les salles qui se succèdent à l’étage couvrent la période du IVe au VIIe siècle. En ces temps plus troublés entre la fin de l’Empire romain et le début du Moyen Âge, le quotidien devait être moins paisible, ce qui se traduit par la présence plus fréquente d’armes dans les tombes.

Une des missions de l’archéologie est de témoigner de la continuité de l’occupation ou de l’habitat sur un territoire pour créer des liens entre nos générations et celles qui les ont précédées par-delà les siècles. C’est ce que l’on peut voir dans la vitrine consacrée aux fouilles sur le village de Haillot, en Condroz namurois, où l’on a exhumé les traces d’une occupation continue depuis la période mérovingienne jusqu’à nos jours.

Pour donner une vision plus concrète du travail de l’archéologue, de courtes séquences vidéo d’archéologie expérimentale disséminées le long du parcours montrent comment on fabriquait des pointes de flèche au Néolithique ou des poteries à l’époque romaine.

La dernière partie s’intéresse au passé archéologique du centre-ville de Namur. Au confluent de la Sambre et de la Meuse, la ville a représenté dès son origine un enjeu stratégique, économique et politique. Des objets trouvés lors de chantiers archéologiques urbains emmènent le visiteur dans une fascinante boucle temporelle depuis la première occupation sédentaire en – 8500 avant notre ère jusqu’à la ville actuelle.

Musée archéologique,
5, rue Joseph-Saintraint, Namur, www.lesbateliers.namur.be

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°639 du 20 septembre 2024, avec le titre suivant : Namur retrouve son Musée archéologique

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