Villes, musées, centres d’art, directeurs d’institutions, artistes et architectes : à eux tous, ils font la renommée de la Belgique Wallonie-Bruxelles des arts visuels…
Harold Hancart, la relève
À la question « Pourquoi êtes-vous parti travailler à New York ? », le plasticien né en 1980 à Bruxelles, qui entremêle dessin, peinture, sculpture et installation, ne laisse aucune place au malentendu : « Quand on veut devenir champion de ski, on ne va pas s’installer aux Bahamas, on va là où il y a de la neige. » Harold Ancart veut exister sur la scène de l’art contemporain, et il s’en donne les moyens. Cela lui réussit d’ailleurs plutôt bien, puisque, depuis sa participation remarquée à la deuxième édition d'Un-Scene (triennale sur la jeune création belge, au Wiels, en 2012), d’aucuns le considèrent comme la relève de l’art belge porté haut pas ses aînés Jan Fabre, Michel François, Wim Delvoye ou encore Ann Veronica Janssen. Ce que ne contredira pas Xavier Hufkens, son éminent galeriste bruxellois. Fabien Simode
www.xavierhufkens.com
La ville de Liège, gourmande d’architecture
Autrefois réputée pour sa gastronomie, ses célèbres gaufres, son sirop ou encore son café, la ville attire de plus en plus d’amateurs d’architecture moderne. Et pour cause, en dépit d’un urbanisme pour le moins décousu, la « Cité ardente » arbore un riche patrimoine du XXe siècle. Il se distingue, entre autres, par ses constructions Art nouveau, qui revendiquent un esprit vernaculaire, ainsi que par ses vestiges de l’Exposition universelle de 1905. De cet événement, Liège a par exemple conservé le pont de Fragnée, une passerelle de béton armé réalisée par Hennebique, et le classique Palais des beaux-arts. Ce dernier fait actuellement l’objet d’une rénovation totale ainsi que d’une extension vitrée dessinée par Rudy Ricciotti. Début 2016, il deviendra le Centre international d’art et de culture (Ciac) et accueillera des expositions temporaires et les collections du Musée des beaux-arts. L’entre-deux-guerres a également laissé quelques beaux édifices à Liège, dont les bains et thermes de la Sauvenière. Cet édifice de type Bauhaus vient de renaître sous le nom de Cité Miroir et abrite désormais un centre culturel programmant notamment des expositions, dont « L’art dégénéré selon Hitler », jusqu’au 29 mars 2015. Mais la ville ne regarde pas que vers son passé, fût-il récent, et plusieurs chantiers ont récemment fleuri. Le plus spectaculaire est sans conteste la création de la nouvelle gare Liège-Guillemins conçue par Santiago Calatrava. Inaugurée en 2009, cette gigantesque structure de verre et de pierre bleue réussit le tour de force de concilier d’immenses espaces à une silhouette aérienne. Isabelle Manca
www.liege.be
Art Brussels tient le cap
Près de 190 galeries réparties en plusieurs sections qui distinguent les galeries établies des galeries promouvant des artistes émergents, de celles prenant le risque de présenter des « solo shows » ! Tel est le cocktail d’Art Brussels, la foire d’art contemporain qui se positionne sur un art jeune et dont la 33e édition se tiendra du 25 au 27 avril prochain à Bruxelles. De l’avis de beaucoup, le cocktail est efficace, puisque, chaque année, collectionneurs et médias saluent la présentation soignée des stands, la sélection véritablement internationale des exposants — près d’un quart des galeries seulement sont belges — et la présence de galeries influentes (citons les galeries Lelong, Templon, Continua, Marlborough, etc.), même si la foire peine toujours à séduire les grands noms du marché, notamment américains. Mais Art Brussels n'est pas Art Basel (Bâle), la Fiac (Paris) ou Frieze (Londres), ses concurrentes européennes directes dans l'ombre desquelles elle demeure toujours, tout en tirant honorablement son épingle du jeu grâce à sa bonhomie qui en fait un événement convivial et de qualité incontournable pour tout collectionneur d'art actuel qui se respecte… Fabien Simode
www.artbrussels.com
Charleroi, la ville alternative
Celle que l’on appelle le Pays noir, en référence à son passé minier, a misé sur la modernité pour réussir sa mutation et changer d’image. Considérée comme la capitale de la bande dessinée wallonne, Charleroi a exploité cet héritage et l’on croise ainsi, au détour des rues et même dans le métro, Spirou, Lucky Luke ou d’autres protagonistes du 9e art. Cette ville hétérogène aux nombreuses friches industrielles et immenses pignons aveugles tente par ailleurs de remodeler sa physionomie. Depuis quelques années, elle se réinvente à travers le street art et des initiatives culturelles alternatives et branchées. Cette tendance s’est concrétisée en 2014 avec la première édition de la Biennale d’art urbain Asphalte. Charleroi est alors devenue un vaste terrain de jeu pour le collectif belge Hell’O Monsters, Sozyone Gonzalez ou encore Invader. La majorité des interventions a été pérennisée, et l’on peut encore, par exemple, découvrir la grande œuvre murale de Sixe Paredes face au palais de justice. Isabelle Manca
www.charleroi.be
Xavier Canonne, l’image en passion
Avec le photographe Jean-Louis Godefroid (1952-2013), fondateur et directeur de l’espace photographique Contretype à Bruxelles, Xavier Canonne (né en 1960) est celui qui a donné une visibilité à la photographie en Belgique. Directeur du Musée de la photographie à Charleroi, ce spécialiste des surréalistes belges, connu pour son franc-parler et sa passion pour le cinéma, a hissé en quinze ans cette institution au rang des références par sa collection, sa programmation et ses partis pris ouverts aux différentes expressions du médium. Christine Coste
www.museephoto.be
Namur, la cité de Félicien Rops
La capitale wallonne cultive une image bourgeoise et élégante. Ville historique par excellence, deux fois millénaire, elle est sillonnée par la Sambre et la Meuse, et dominée par une citadelle ancrée sur un éperon rocheux. Territoire convoité, Namur a fait l’objet de nombreux sièges et a été en partie reconstruite au XVIIIe siècle. De cette époque, elle conserve de beaux édifices, pour certains transformés en musées. L’hôtel de Gaiffier d’Hestroy abrite ainsi le Musée provincial des arts anciens du Namurois, tandis que l’Hôtel Groesbeeck de Croix sert d’écrin à un riche Musée des arts décoratifs. Ce dernier fait actuellement l’objet d’un chantier de restauration et de modernisation muséographique qui devrait s’achever courant 2015. Il formera alors, avec le nouveau Musée archéologique, un pôle muséal attractif. Si depuis cent soixante ans dans l’ancienne halle aux viandes du XVIe, le Musée archéologique va en effet s’installer à côté de celui des arts décoratifs. Ses collections, embrassant l’histoire locale de la préhistoire à l’époque mérovingienne, bénéficieront à cette occasion d’un vaste redéploiement. Ce nouvel ensemble culturel se situe à un jet de pierre du musée le plus emblématique de Namur : l’établissement dédié à Félicien Rops, l’auteur du Pornocratès. Consacré à l’enfant terrible du pays, le Musée Rops présente toutes les facettes de l’artiste symboliste. Des œuvres satiriques de ses débuts à son triomphe parisien, il illustre ses thématiques obsessionnelles que sont la femme fatale, la mort et un érotisme glaçant. Partenaire de Mons 2015, le Musée Rops invite Jan Fabre, l’autre enfant terrible de Belgique, à une rencontre posthume avec Rops à partir du 14 mars prochain. Isabelle Manca
www.ville.namur.be et www.museerops.be
À Paris, un îlot d'irréductibles belges
Vitrine de la Fédération Wallonie-Bruxelles en France, le Centre Wallonie-Bruxelles, ouvert en 1979, est un peu comme un village d'irréductibles belges installé en plein centre de Paris, à l'ombre du Centre Pompidou. Il y règne une atmosphère amicale qui sied parfaitement à l'esprit de la Belgique. Sa directrice, personnalité sémillante et attachante, experte dans la promotion internationale des opérateurs culturels de Wallonie-Bruxelles, n'y projette d'ailleurs pas un centre comme les autres : « Notre mission n'est pas de nous regarder le nombril, mais d'ouvrir le centre sur les autres, explique Anne Lenoir. Nous avons une mission de décentralisation, de soutien à la création belge en France. » Rien ne la rend donc plus heureuse que de faire se rencontrer les créateurs qu’elle programme (musiciens, comédiens, écrivains, réalisateurs et plasticiens) avec le public parisien et les programmateurs qui leur permettront de se produire ailleurs. Mais, attention, si le Centre Wallonie-Bruxelles de Paris est d'abord un lieu de rencontres, de spectacles – sa salle de théâtre et sa salle de cinéma super équipée permettent d'organiser de beaux festivals – et d'expositions (du 30 janvier au 8 mars, il présente par exemple « Pixels of Paradise », une sélection de photos et de vidéos montrées lors de la dernière Biennale internationale de la photographie et des arts visuels de Liège), le CWB est aussi un partenaire privilégié pour qui veut présenter un artiste belge en France, comme le Musée en herbe à Paris, qui programme à partir du 12 février une exposition sur Hergé, ou l'Espace de l'art concret qui montrera, l'été prochain à Mouans-Sartoux, une exposition sur l'abstraction géométrique belge (du 28 juin au 25 octobre 2015). Fabien Simode
www.cwb.fr
Pierre Hebbelinck, archi incontournable
L’architecte, né en Belgique en 1956, s’est imposé au cours des deux dernières décennies comme une référence pour les projets de rénovation et de réhabilitation de sites patrimoniaux. Lauréat de nombreux prix, il a par ailleurs représenté son pays à la Biennale d’architecture de Venise de 1996. On lui doit notamment la naissance du Mac’s au sein du vaste ensemble minier du Grand-Hornu, la Maison des citoyens à Schaerbeek ou encore la transformation de la Halle aux viandes de Liège. Il a par ailleurs créé plusieurs salles de spectacle dont le Théâtre du manège à Mons et le remarqué théâtre de Liège. Cette année, il sera à l’honneur avec l’inauguration du Mons Memorial Museum, structure implantée au cœur d’un site industriel rénové et agrandi. Isabelle Manca
www.pierrehebbelinck.net
La BD en capitale
Un Musée du chat prochainement à Bruxelles ? C’est ce que souhaite son père, Philippe Geluck, suivi dans sa proposition par la région bruxelloise et la ville de Bruxelles. Sa suggestion n’est pas nouvelle, mais elle résonne différemment aujourd’hui. La bande dessinée fait partie de l’attractivité de la ville, qui n’entend pas réitérer avec le dessinateur du Chat l’erreur commise avec le Musée Hergé, lequel a finalement ouvert, en 2009, à Louvain-la-Neuve dans le Brabant wallon, dans un bâtiment dessiné par Christian de Portzamparc. Non sans succès. La Belgique est le pays de la bande dessinée, et Bruxelles sa capitale. La création en 1989 du Centre belge de la bande dessinée dans l’ancien magasin Art nouveau Waucquez a été la première du genre dans le pays à mettre à l’honneur auteurs et héros du 9e art, à créer aussi sous la direction de Jean Auquier des repères dans son histoire et à organiser des expositions temporaires. Les auteurs de BD en Belgique sont depuis bien plus longtemps qu’en France des créateurs que l’on expose et que l’on vend dans des librairies spécialisées, comme Brüsel, installée au 100, boulevard Anspach, artère par ailleurs connue avec le boulevard Lemonnier et la rue du Midi pour concentrer un grand nombre de librairies d’occasion. Les fresques murales réalisées par les plus grands noms de la BD belge tissent de leur côté un parcours dans les différents quartiers du centre, en particulier celui des Marolles (plan sur visitbrussels.be) où un certain nombre de rues, comme ailleurs dans la ville, tirent leur nom de ses personnages célèbres. Et si les festivals BD rythment à l’année le pays, on ne trouve qu’en ces paysages urbains une rue Gaston-Lagaffe ou une rue Schtroumpf ! Christine Coste
www.cbbd.be et www.museeherge.com
Espace ING, partenaire du monde de l'art
Réputée pour sa collection d’art aussi bien ancien, moderne que contemporain, la banque ING est référencée à Bruxelles autant pour ses expositions organisées depuis 1986 au Art Center installé dans deux hôtels XVIIIe de la place Royale que pour ses actions de soutien à la scène de l’art contemporain. Partenaire majeur d’Art Brussels, elle soutient le prestigieux Young Belgian Art Prize, ouvert aux artistes de toutes disciplines artistiques belges ou résidant en Belgique depuis un an au moins et âgés de moins de 35 ans. Chaque année, les candidats nominés font l’objet d’une exposition au Palais des beaux-arts de juin à septembre. Christine Coste
www.ing.be
François Schuiten, le bâtisseur d’univers
Que ce soit dans ses bandes dessinées, au premier rang desquelles Les Cités obscures imaginées avec Benoît Peeters, ou dans l’exposition « Revoir Paris » qu’ils ont conçue tous les deux à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, les visions urbaines futuristes de François Schuiten (né en 1956) portent sa passion pour l’histoire du bâti et ce qu’il dit des hommes et de leur époque. Ses parents architectes et sa ville natale, Bruxelles, cité chaotique qu’il n’a jamais quittée, ne sont pas étrangers à cette appétence. Avec le Musée Train World, aménagé sur le site de l’ancienne gare de Schaerbeek située à deux pas de chez lui, il prolonge à travers l’histoire du train en Belgique son art de conter, de mettre en image et de transporter. Dans ce musée, qui ouvrira en septembre 2015, machines et humains ouvriront à « un opéra ferroviaire » renversant. Christine Coste
www.trainworld.be
Albert Baronian, le patron
C’est un roc ! Voilà 42 ans qu’Albert Baronian, né en 1946, fait battre le cœur de l’art contemporain bruxellois avec une première galerie ouverte en 1973. C’est un cap ! Il fut le premier, en Belgique, à défendre des mouvements artistiques radicaux tels que Supports/Surfaces et l’Arte Povera. Non, c’est une péninsule ! À tout le moins, une référence incontournable, à l’énergie intacte. Le Bruxellois, au verbe gascon, a du cœur et du panache. À vérifier sur place, dans sa splendide galerie du quartier Louise. Bertrand Dumas
www.albertbaronian.com
Tournai, son histoire, ses musées
Si vous pensez que l’intérêt de Tournai se résume à son célèbre beffroi vous faites fausse route. Certes, le plus ancien beffroi du pays vaut le détour, mais la ville natale de Clovis, et berceau de la dynastie des Mérovingiens, compte bien d’autres pépites architecturales et artistiques. À commencer par sa cathédrale Notre-Dame, joyau également inscrit à l’Unesco. Coiffé de cinq tours, l’édifice est un chef-d’œuvre de la chrétienté et l’une des plus vastes églises d’Occident. Édifiée dès le XIIe siècle, elle se compose d’une immense nef et d’un transept romans terminés par un chœur gothique. Sa majestueuse nef se distingue par son élévation à quatre niveaux et sa multitude de colonnes dont les chapiteaux sont parmi les plus anciens et les plus beaux de Belgique. Le prestige de la cathédrale est tel qu’il a valu à la ville le surnom de « Cité des cinq clochers ». On le sait un peu moins, mais Tournai brille aussi par ses musées, dont celui des beaux-arts conçu par Victor Horta. Il a été inauguré en 1928 pour accueillir les collections léguées par le mécène Henri van Cutsem. L’institution offre un panorama de l’art européen et abrite des pièces majeures de Campin, Gossart, mais aussi Watteau et Monet. Par ailleurs, les grandes heures de la tradition licière de Tournai sont racontées au Tamat : le Centre contemporain des arts textiles met à l’honneur la tapisserie tournaisienne de la Renaissance tout en donnant à voir les créations textiles les plus actuelles. Isabelle Manca
www.tournai.be
Didier Claes, hyperactif
Tombé très tôt dans la marmite – le spécialiste en arts premiers est né à Kinshasa d’une mère congolaise et d’un père belge collecteur d’objets pour le musée de la ville –, Didier Claes est sur tous les fronts. Un temps fournisseur de certains marchands belges et français, il ouvre sa propre galerie à Bruxelles au Sablon en 2001. Président de Bruneaf et vice-président de Brafa, il participe aux plus grands événements mondiaux d’art et d’antiquités, exposant à la Biennale des antiquaires depuis 2012 et à la Tefaf de Maastricht depuis 2013. Marie Potard
www.didierclaes.com
La Verrière hermès, un soutien actif à la création
Inaugurée en 2000, La Verrière, création de la Fondation d’entreprise Hermès, s’est inscrite de son côté uniquement dans le paysage des espaces dédiés à l’art contemporain. Installée à l’arrière de la boutique Hermès, boulevard de Waterloo, l’espace d’expositions produit chaque année quatre expositions de référence en résonance avec l’univers de la maison. Depuis 2013, Guillaume Désanges en assure la direction artistique avec un cycle d'expositions sur « Les gestes de la pensée ». Christine Coste
www.fondationdentreprisehermes.org
Tourisme de mémoire, à l’Est du nouveau
Située à un emplacement stratégique, la Belgique a été le théâtre de nombreux conflits ayant ensanglanté l’Europe. L’année 2014, qui a commémoré les deux premières guerres mondiales, a ainsi été marquée par la rénovation de sites de premier ordre, massivement repensés par le biais des technologies immersives. La citadelle de Dinant, haut lieu de mémoire de 14-18, a par exemple dévoilé une nouvelle scénographie qui intègre autant la bande dessinée que les technologies de pointe. La bataille des Ardennes, autre événement fondateur de l’histoire moderne, a par ailleurs été commémorée par l’ouverture d’un nouveau musée : le Bastogne War Museum. Son parcours présente les causes, le déroulé et les conséquences de la Seconde Guerre mondiale en s’appuyant sur des collections illustrant le vécu des civils et soldats, et une muséographie originale et interactive. Enfin, l’année 2015 sera évidemment placée sous le signe du bicentenaire de la bataille de Waterloo. Le mythique champ de bataille a entièrement été restructuré et un nouveau mémorial ouvrira en juin, au sein d’une structure souterraine qui se déploie sous la célèbre butte du Lion (photo). Il entend faire revivre la bataille en décryptant ses stratégies et ses conséquences, tout en entraînant physiquement le visiteur dans le feu de l’action, y compris en restituant des sensations du combat. Le circuit proposera des objets, de nombreux dispositifs multimédias ainsi qu’une spectaculaire reconstitution immersive sur écran géant panoramique en 3D, avec des effets spéciaux en 4D. Isabelle Manca
www.bastognewarmuseum.be
Ann Veronica Janssens
Insaisissable, l'artiste belge née en 1956 en Grande-Bretagne, qui vit et travaille à Bruxelles après avoir vécu en République démocratique du Congo auprès de son père architecte, l'est au moins autant que son travail. Réalisées à partir de la lumière, du brouillard ou d'aérogel, matériau le plus léger existant, ses installations consistent à faire l'expérience sensorielle de la réalité. Tout son œuvre tourne autour de la perception, de la perte de repères et des sens, de la sensation de flottement voire de vertige. En France, on a pu faire l'expérience de son travail au Centquatre à Paris (expo « In-Perception »), au Grand Palais avec l'exposition « Dynamo », à la Galerie Kamel Mennour qui la représente en métropole, à Grignan où elle a plongé la chapelle du cimetière dans la couleur… Le 6 février, elle retrouvera son compatriote et ami, lui aussi né en 1956, Michel François pour l'exposition « Philaetchouri » à La Verrière Hermès à Bruxelles. Ensemble, ils avait déjà représenté la Belgique à la Biennale de Venise en 1999. L'histoire continue…Fabien Simode
À Mariemont, un musée royal éclectique
Au cœur de la province de Hainaut, le Musée royal de Mariemont conserve l’une des principales collections patrimoniales de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le musée a ouvert en 1975 au sein d’un parc à l’anglaise de 45 hectares, où subsistent les ruines du palais de Charles de Lorraine. Cet écrin poétique héberge les collections constituées par l’entrepreneur Raoul Warocqué (1870-1917), résolument placées sous le signe de l’éclectisme. La sculpture moderne y côtoie ainsi l’archéologie locale, mais aussi de riches fonds d’égyptologie, d’Extrême-Orient et d’Antiquité romaine. Entre autres trésors, le musée présente des fresques de la Villa Boscoreale de Pompéi, un authentique pavillon de thé japonais ou encore une statue monumentale de Cléopâtre. Le 28 février, le musée accueillera la formidable exposition « L’ombilic du rêve » présentée en 2014 au Centre-Wallonie Bruxelles en 2014. Isabelle Manca
www.musee-mariemont.be
L’Art nouveau à Bruxelles
Bruxelles est l’épicentre de l’Art nouveau qui ne dura que de 1887 à 1919. Tous les savoir-faire et les talents ont été convoqués dans cet art total que donne à voir et à ressentir le Musée Horta installé à Saint-Gilles dans la maison personnelle et l’atelier du chef de file du mouvement avec Paul Ankar (1859-1901) dont la demeure s’élève dans le même quartier, au 71 de la rue Defacqz. Volumes, décor, mobilier et maquettes (dont celle de la célèbre Maison du peuple rasée du paysage des Sablons) éclairent sur la démarche de Victor Horta (1861-1947), à l’instar de l’hôtel Solvay qu’il réalisa avenue Louise (visite sur réservation) ou de la Maison Autrique, première réalisation importante de l’architecte. Scénographiée par François Schuiten et Benoît Peeters, elle se love dans le quartier de Schaerbeek particulièrement doté comme ceux de Saint-Gilles et Ixelles en patrimoine Art nouveau, notamment le long des avenues Louis-Bertrand ou Maréchal-Foch qui, au 9, dévoile la demeure-atelier d’Henri Jacobs (1864-1935), autre grand nom avec Paul Cauchie dont la maison en bordure du parc du Cinquantenaire compte aussi parmi les plus impressionnantes réalisations. Du côté de la gare Bruxelles-Congrès, rue des Sables, c’est l’ancien magasin de tissus Waucquez, dessiné par Horta en 1906, aujourd’hui cadre du Centre belge de la bande dessinée, qui livre une autre de ses réalisations importantes tandis que les anciens magasins Old England au Mont des Arts, cadre du Musée des instruments de musique, introduisent à l’un des chefs-d’œuvre de l’architecte Paul Saintenoy (1862-1952). Christine Coste
visitbrussels.be
Les Fondations Boghossian et A Stichting
Lorsque Robert Boghossian et ses deux fils, Jean et Albert, joailliers libanais d’origine arménienne, ont acquis en 2006 la Villa Empain pour le baron Empain, ce joyaux de l’architecture bruxelloise Art déco construit par Michel Polak (1885-1948) était à l’abandon. Entièrement restaurée par la Fondation Boghossian qui y a établi son siège, la villa, en bordure du bois de la Cambre, est devenue un centre d’art et de dialogue entre les cultures d’Orient et d’Occident mais aussi le siège de la Fondation dédiée à la formation et à l’éducation de la jeunesse. La question de la mixité culturelle et sociale est au cœur également de la Fondation A Stichting, créée en octobre 2012 par Astrid Ullens de Schooten avec le photographe Jean-Paul Derrider dans le quartier multiculturel et anciennement industriel de Forest (l’une des 19 communes de Bruxelles), à deux pas du centre d’art Wiels. La grande qualité et la rigueur de ses expositions de photographie à partir de la collection d’Astrid Ullens de Schooten en ont fait rapidement un lieu de référence. Christine Coste
www.villaempain.com et www.fondationastichting.be
L’art belge au format Ixelles
Pour la réouverture des salles dévolues à sa collection permanente, le Musée d’Ixelles propose, du 25 février au 31 mai 2015, « L’art belge. Entre rêves et réalités », exposition itinérante sur cent cinquante ans d’art belge au travers des chefs-d’œuvre de sa collection. Après avoir été présentés au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds en Suisse puis à l’Espace Bellevue de Biarritz, ils réincorporent donc leur musée, institution communale qui ne cesse depuis 1892 d’acquérir des pièces auprès d’artistes belges émergents ou confirmés en se posant toujours la même question, « Qu’est-ce que l’art belge aujourd’hui et que sera-t-il demain », souligne Claire Leblanc, sa directrice. Riche de quelque dix mille œuvres recouvrant tous les grands noms et courants de l’art belge du XIXe à nos jours, la plus grande collection d’affiches de Toulouse-Lautrec également, le musée a rayonné très tôt à l’international par ses prêts d’œuvres, de Magritte entre autres, mais aussi par ses expositions temporaires. Depuis la nomination de Claire Leblanc en 2006, le musée développe des coproductions avec des partenaires internationaux, français en particulier, comme le Musée des impressionnistes de Giverny qui a proposé l’an dernier « Bruxelles. Une capitale impressionniste ». Christine Coste
www.museedixelles.irisnet.be
Laurent Busine, l’homme du Mac’s
Le directeur du Musée des arts contemporains du Grand-Hornu, qui a également été son précurseur, s’apprête à tirer sa révérence. Treize ans après son ouverture, il a su imposer ce lieu atypique qui présente des œuvres d’art actuel dans un ancien charbonnage, afin d’attirer un public qui ne fréquente pas ce type de structure. Pari réussi, puisque le musée a fidélisé le public local, grâce à un important travail de médiation, tout en séduisant les amateurs d’art par ses propositions au ton décalé. Isabelle Manca
www.mac-s.be
Un jour à « La patinoire »
Lui a fait fortune dans la santé. Elle a ouvert sa première galerie à Bruxelles en 2007. Ensemble, ils ont acquis la Patinoire royale, bâtiment de 2 500 m2 classé monument historique, ancienne (et superbe !) patinoire construite en 1877, tour à tour convertie en garage (Bugatti, s’il vous plaît !), en dépôt d’armes puis, de nouveau, en garage. Philippe Austruy et son épouse, Valérie Bach, qui a ouvert en 2012 la galerie éponyme dans l’aile de la patinoire qui donne sur la rue Faider, l’ont donc rénovée avec le concours des architectes Jean-Paul Hermant et Pierre Yovanovitch afin d’y accueillir des expositions sur l’art de la seconde moitié du XXe siècle. Le lieu sera inauguré dans quelques semaines. La première exposition, « La résistance des images », a été confiée aux soins de l’ancien ministre Français Jean-Jacques Aillagon, qui mettra en avant la figuration depuis les années 1960. Un événement qui marquera assurément le printemps bruxellois. Fabien Simode
www.galerievaleriebach.com
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Ils font la Belgique des beaux-arts
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : Ils font la Belgique des beaux-arts