PONTIVY (MORBIHAN) [03.03.14] – Suite aux intempéries qui ont fortement touché la Bretagne en début d’année 2014, une partie des remparts du Château des Rohan, à Pontivy, s’est effondrée. Des mesures d’urgence sont actuellement mises en place, alors qu’une expertise vient d’être lancée pour connaître l’étendue des travaux à mener pour la sauvegarde de ce patrimoine.
Le 7 février 2014, une partie du parement extérieur de la courtine sud du Château des Rohan s’est effondrée, entraînant dans sa chute une pièce de stockage. Les fortes pluies ayant considérablement fragilisé la structure du bâtiment, des mesures d’urgence ont été prises immédiatement. Il reste maintenant à dresser un bilan des dommages afin de lancer un chantier de restauration qui s’annonce déjà considérable.
La ville de Pontivy dispose du Château en raison de la signature d’un bail emphytéotique en 1953 (date de son classement aux monuments historiques) avec la famille de Rohan, toujours propriétaire des lieux, ce contrat de bail obligeant la collectivité à assurer l’entretien et la préservation du site. Lors du conseil municipal extraordinaire qui s’est tenu le 27 février au soir, une élue a proposé au maire de la ville, Henri Le Dorze, de demander à Josselin de Rohan la cession du château dont il est propriétaire pour 1 euro symbolique. Le maire a précisé que cette question ne serait pas de son ressort au vu de l’imminence du changement de municipalité. La question n’est pour le moment pas de savoir à qui reviendra le patrimoine dans quelques dizaines d’années mais bien de le préserver au moins jusque-là.
S’agissant de préservation, la question était de savoir comment évaluer l’ampleur des dégâts et donc des travaux à venir. Depuis 2009, le monopole des architectes en chef des monuments historiques sur les travaux de restauration des immeubles classés a été remplacé par une obligation de passer des contrats de marché public. La maîtrise d'œuvre des travaux de restauration sur les immeubles classés n'appartenant pas à l'Etat est alors assurée soit par un architecte en chef des monuments historiques, soit par un architecte ressortissant d'un Etat membre de l'Union européenne ou partie à l'accord sur l'Espace économique européen, établi dans l'un de ces Etats et présentant les conditions requises inscrites à l’article R621-28 du Code du Patrimoine. Toutefois, l’article 35 du code des Marchés Publics prévoit un contournement de l’appel d’offre, en cas « d’urgence impérieuse », qui permet alors de nommer directement la personne compétente pour effectuer cette mission. L’urgence reconnue en l’espèce, Marie-Suzanne de Ponthaud fut désignée afin de procéder à une étude préalable à la réalisation des travaux de restauration. Cette expertise devrait être rendue en juin, ce qui permettra d’évaluer l’ampleur des travaux et de lancer une souscription. Pour le moment, les travaux sont évalués entre 2 et 3 millions d’euros, pour une durée de deux ans.
Fondé sur des fossés secs et non des douves, l’humidité de ces dernières semaines ont entraîné la mobilité des sols et la fragilisation des bâtiments. Aussi, après l’effondrement de la courtine sud du château, les mesures d’urgence ont été difficiles à mettre en œuvre. Le 11 février, une pièce de stockage s’est à son tour effondrée, ne restant en suspension que son plafond en béton. Les entreprises chargées de procéder aux mesures d’urgence ont ainsi du désolidariser la charpente du reste du château afin d’éviter qu’elle n’entraîne d’autres parties du bâtiment dans sa chute. Les 4 entreprises locales qui sont intervenues ont alors installé une bâche sur l’espace fragilisé, des tôles sur les sols et ont ceinturé le bâtiment d’un câble d’acier. Des fissuromètres ont par ailleurs été installés dans le but de veiller à l’évolution de la situation et anticiper les travaux de restauration.
Pour financer ce chantier, la mairie de Pontivy a d’ores et déjà fait appel à la Fondation du Patrimoine qui s’est engagée à amorcer une campagne d’appel aux dons, en collaboration avec une association locale, les Amis de Pontivy. Même si des soutiens sont annoncés par les collectivités locales et la DRAC, aucun montant n’est pour l’heure annoncé et il est certain que la municipalité aura la majeure partie des travaux à sa charge. Des initiatives sont envisagées à l’exemple du mécénat de compétence ou du produit-partage qui implique les commerçants et leurs clients dans le financement des travaux. Anne Bocquet, médiatrice du patrimoine, précise que l’idée lancée, dès le premier week-end après l’effondrement, d’organiser une collecte de fonds a suscité l’engouement des habitants.
Des associations se sont déjà manifestées pour proposer une aide bénévole tandis que l’Union des villes d’art et d’histoire de Bretagne a également envisagé de servir d’intermédiaire pour mettre en contact la commune avec des collectivités ayant subi des dommages quasi-similaires. Certains historiens proposent aussi leur expertise.
Le Château de Pontivy a été construit au tournant du XVIe siècle par Jean II de Rohan. Bâti en schiste et en granit provenant des carrières proches de Pontivy, il fait partie des derniers châteaux forts construits en Bretagne.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Mesures d’urgence et appel aux dons pour la sauvegarde du Château des Rohan à Pontivy
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Château des Rohan de Pontivy - © Photo Chatsam - 2009 - Licence CC BY-SA 3.0
Château des Rohan de Pontivy, vue des parties endommagées suite aux intempéries de février 2014 - © Photo Onylain18 - 2014 - Licence CC BY-SA 3.0