ROUEN
Ils se dotent d’une charte, fruit d’une démarche collaborative et point de départ de multiples futurs chantiers.
Rouen. La troisième édition de « L’argument de Rouen », une journée de rencontres sur les questionnements des musées organisée par la Réunion des musées métropolitains Rouen-Normandie (RMM) et l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), avait pour thème cette année la place des femmes dans les musées. Un contexte ad hoc pour la présentation par la RMM de sa charte sur l’égalité femmes-hommes dans les pratiques muséales, une première (1). Les vingt engagements sont autant de registres théoriques et pratiques où la RMM veut favoriser l’égalité de genre : de la déconstruction des stéréotypes à la formation de ses équipes en passant par l’indication du sexe des artistes dans les inventaires des collections ou l’acquisition en plus grand nombre d’œuvres d’artistes femmes.
Cette charte résulte d’une démarche menée en partenariat avec le bien nommé cabinet de conseil Trezego fondé en 2013 par Astrid Leray. La consultante a établi un état des lieux dans trois des huit musées de la RMM (le Musée des beaux-arts, la Fabrique des savoirs et le Musée industriel de la corderie Vallois). Elle a ainsi recensé le nombre d’œuvres d’artistes femmes exposées (moins de 2 % du total), lu les cartels pour repérer l’emploi maladroit du genre masculin comme genre neutre, écouté le discours des médiateurs… « Ce n’est pas pire qu’ailleurs mais pas mieux non plus », conclut-elle.
À l’issue de cette première phase qui a duré trois mois, Astrid Leray a organisé plusieurs réunions pour restituer les résultats au personnel des musées tout en œuvrant à l’élaboration de la charte avec un groupe de travail inter-services. Une élaboration collaborative puisque les participants ont été invités à s’interroger sur les actions à entreprendre pour favoriser l’égalité femmes-hommes à toutes les étapes d’une exposition, par exemple.
Mais la réflexion ouvre à des questions non encore discutées ou évaluées. Par exemple, quel est le pourcentage approprié d’œuvres d’artistes femmes à exposer ? Quel est le nombre d’artistes femmes dans les réserves, dans les archives (deux chantiers non ouverts) ? « L’information, c’est l’information qui est clef pour mettre en valeur le travail des femmes », argumente Camille Morineau (directrice des expositions et des collections à la Monnaie de Paris), qui a créé l’association Archives of Women Artists, Research and Exhibitions (Aware) dont l’ambition est de constituer des ressources en ligne sur les femmes artistes au XXe siècle.
Un constat s’impose : il est plus facile de travailler sur le « flux » que sur le « stock », autrement dit il est plus facile d’acquérir plus d’œuvres d’artistes femmes, de favoriser l’égalité dans les prochaines expositions, que d’intervenir dans les réserves ou dans l’accrochage des collections. Or c’est là que l’impact sur le public est le plus fort, particulièrement dans un Musée de beaux-arts comme celui de Rouen qui a reçu de nombreuses œuvres du Salon dans lesquelles les femmes sont enfermées dans une imagerie stéréotypée. Pour présenter une image plus flatteuse des femmes avec des sujets qui montreraient des femmes médecin, chercheuse, artiste…, il faudrait qualifier chaque tableau dans les réserves, procéder à un récolement iconographique genré en quelque sorte. Une tâche titanesque. Encore faut-il déjà disposer de telles œuvres en quantité.
(1) La table ronde au cours de laquelle cette charte a été présentée était animée par l’auteur de ces lignes.
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Les musées de Rouen s’engagent dans la voie de l’égalité femmes-hommes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°509 du 19 octobre 2018, avec le titre suivant : Les musées de Rouen s’engagent dans la voie de l’égalité femmes-hommes