BORDEAUX
L’église bordelaise recherche 3 millions d’euros pour organiser un parcours de visite et construire un espace polyvalent.
Située à Bordeaux, la Basilique Saint-Seurin est un témoin privilégié de seize siècles d’histoire, de culture et de culte. Mais les trésors historiques et artistiques de ce site sont restés longtemps dans l’ombre. « Le site Saint-Seurin est perçu comme une église paroissiale comme les autres. Peu de locaux savent que la Basilique abrite les reliques de Saint Delphin, Saint Amand et Saint Seurin, les premiers évêques de Bordeaux », explique Luc Bonnin, président de l’Association des Amis de la Basilique, lors de la visite des lieux.
L’association, fondée en 2014, se consacre à la préservation et à la valorisation de l’édifice religieux, pour en faire un lieu dynamique et vivant. Après avoir rouvert la crypte en 2015, commandé une statue de l’évêque Saint Seurin en 2019, ainsi qu’un reliquaire en marbre pour Saint Amand en 2021 à Augustin Frison-Roche, et restauré plus de quarante tableaux en 2022, l’association s’engage maintenant dans une campagne de dons auprès de grands donateurs, mécènes privés individuels ou entreprises, afin de réunir 2,9 millions d’euros, qui viendront compléter les financements publics déjà obtenus ou à venir, pour la mise en œuvre du projet Basilica.
L’objectif de ce projet est de resocialiser la Basilique avec des usages nouveaux afin d’en faire un lieu d’accueil et de transmission d’un patrimoine sacré. Chaque année, la Basilique reçoit environ 55 000 visiteurs, mais il n’existe actuellement aucun centre d’accueil. La première étape du projet est donc de créer un espace d’accueil, estimé à 70 000 euros, qui servira de point de départ de la visite.
Le parcours de visite, dont le coût de création est estimé à 300 000 euros, sera accompagné d’un casque qui diffusera un son binaural « pour raconter la petite histoire de Saint Seurin dans la grande histoire de la chrétienté », explique Luc Bonnin. La visite commentée en neuf étapes commencera par la crypte qui abrite les sépultures de plusieurs saints et d’évangélisatrices. Le visiteur sera guidé par le son et la lumière à travers 1 600 ans d’histoire, illustrés par des anecdotes comme la visite de Charlemagne, qui y aurait enterré ses soldats sur le site Saint-Seurin, qui aurait lui-même accueilli l’Olifant de Roland.
Pour compléter le parcours, l’éclairage sera entièrement revu afin de mettre en valeur les œuvres présentes dans la Basilique. L’éclairage actuel ne valorise pas suffisamment ces œuvres, dont les tableaux sont quasiment invisibles, plongés dans le noir, tandis que la chaire épiscopale et les albâtres sont cachés dans la pénombre. Le « plan lumière », estimé à 300 000 euros, prévoit une régie numérique intelligente et un éclairage basse consommation. « L’ensemble doit représenter un écosystème économique stable qui ne dépend pas de l’argent public », souligne Luc Bonnin. Ainsi, l’entrée du parcours de visite sera fixée à 8 euros.
Le dernier volet du projet Basilica est la création de la Maison Saint-Seurin, espérée en 2026. Estimée à 1,7 million d’euros, la maison sera un espace polyvalent accueillant diverses activités culturelles, paroissiales et sociales. « Depuis 1 600 ans, la Basilique Saint-Seurin est un lieu de création artistique. » Pour perpétuer cette tradition, la maison sera également un centre artistique dédié à l’art sacré. Elle recevra des artistes en résidence et des manifestations. Elle accueillera une Biennale d’art sacré, dont la première édition se tiendra au printemps 2024. « On pourrait aussi imaginer un carré de fouilles. Sous les dalles de béton, on sait qu’il y a des tombes », imagine Luc Bonnin.
La Basilique de Saint-Seurin repose sur une nécropole antique qui s’est développé au cours des siècles. Venu d’Orient au Ve siècle, Saint Seurin fut enterré dans la nécropole et c’est autour de son tombeau, lieu de culte dès le VIe siècle, qu’a été construite une première église avant d’être érigée en basilique, il y a 150 ans par le pape Pie IX. La Basilique est doublement classée à l’Unesco au titre des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle (depuis 1998) et de Bordeaux Port de la Lune (depuis 2007).
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Les grandes ambitions de la Basilique Saint-Seurin
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