La découverte à Alep, en Syrie, d’un sanctuaire du XVIIIe siècle av. J.-C. dédié au dieu de l’Orage, Hadad, redonne espoir à ceux qui croyaient disparus les vestiges de la cité antique. La présence de bas-reliefs du XIe ou Xe siècle av. J.-C., à l’iconographie originale, ajoute à l’intérêt de cette exhumation.
ALEP (SYRIE) - Les Syriens d’aujourd’hui considèrent Alep comme la plus vieille ville du monde. En effet, elle était déjà citée au XXIVe siècle av. J.-C. dans les textes de la proche Ebla et, à partir de 1 800 av. J.-C., elle fut l’une des plus importantes cités de l’Antiquité. Une mission archéologique allemande dirigée par Kay Kohlmeyer, en collaboration avec le directeur du musée d’Alep Wahid Khayata, a fait une découverte aussi exceptionnelle qu’inespérée à l’intérieur de la citadelle. En fouillant devant la mosquée d’Abraham, les archéologues ont mis au jour des vestiges du sanctuaire dédié au dieu Hadad, grande divinité de l’Orage et des manifestations atmosphériques cité dans les textes de l’époque de Mari – au début du IIe millénaire av. J.-C. –, où l’art syrien antique atteint son apogée.
Dans l’entre-deux-guerres, un aristocrate français, G. Ploix de Rotrou, avait déjà procédé à quelques sondages dans le même secteur. Ces premières recherches avaient permis l’exhumation de grandes plaques de pierre probablement fort anciennes, mais en l’absence d’une datation précise, on avait renoncé à retrouver la trace de la cité antique sous la superposition des couches médiévales et modernes.
Les récentes découvertes, parfaitement datées, apportent un démenti aux pessimistes : il s’agit de deux longues sections de murs paléo-syriens ou syro-hittites, dotées de grandes orthostates de basalte sur un soubassement calcaire. Elles appartenaient à l’enceinte sacrée de l’époque de Hammourabi (entre 1750 et 1600 av. J.-C.), lorsqu’Alep dominait politiquement une grande partie de la Syrie. Huit grandes plaques de basalte recouvertes de reliefs, datant de la réfection néo-syrienne du temple (XIe-Xe siècle av. J.-C.), ont également été trouvées.
Le caractère exceptionnel de la découverte réside non seulement dans l’identification du sanctuaire du XVIIIe siècle av. J.-C. indiqué par les sources, mais surtout dans la richesse décorative des orthostates du temple du XIe siècle : parmi les scènes représentées, figure un meurtre apparemment rituel, allusion à un mythe encore inconnu se rattachant à Hadad, et une procession de divinités à laquelle participent le dieu de l’Orage en personne, avec la foudre, une divinité de la Guerre et une autre montée sur un char.
Toujours en Syrie, mais à Tell Sabi Abyad, les archéologues hollandais du Musée d’histoire ancienne de Leyde ont trouvé un dépôt d’archives vieux de plus de trois millénaires, dans une forteresse assyrienne. Particulièrement importantes, ces 46 tablettes d’argile répertorient les offices administratifs de l’Empire assyrien.
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Le sanctuaire de l’Orage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°55 du 27 février 1998, avec le titre suivant : Le sanctuaire de l’Orage